N'en déplaise à Kobe Bryant, l'époque où les grands noms de la ligue ne pouvait imaginer quitter leur club de coeur semble révolue. Alors que Larry Bird, Isaiah Thomas, Reggie Miller, Karl Malone, Magic Johnson ou encore Patrick Ewing privilégiaient l'amour du maillot à la réussite collective facilitée par l'amas (parfois excessif) de grand joueurs, les stars d'aujourd'hui ayant connu un seul et même écusson se font rares. A qui la faute ? A certains propriétaires prêts à dépenser sans compter pour dénicher les gros poissons ? A certains GMs adeptes du sport business et des stratégies à court-terme ? A certains joueurs qui à défaut d'entretenir des rivalités vigoureuses font ami-ami pour se donner plus de chances de gagner ? Ou encore aux médias qui, avides de buzz, scrutent, décortiquent et parfois lancent moults rumeurs et bruits de couloirs ? Peut-être un peu tout le monde en fait. Une chose est sûre, la NBA évolue avec son temps. Mais malgré ce contexte qui, à défaut d'être nouveau s'est accentué au fil des années, il existe et il a toujours existé une catégorie de joueurs bien particulière: les journeymen. Ces joueurs qui voguent de ville en ville au gré des trade deadlines, des transferts le jour de la draft et autres blockbuster trades de saison régulière. S'il ne s'agit jamais des grandes stars (que les franchises s'arrachent et tentent de conserver), les journeymen sont des role players de qualité, dotés d'un grand professionnalisme, largement développé par leur adaptation constante à de nouveaux environnements de travail. Alors qui sont ces backpackers de la Grande Ligue ? Voici le Top 5 des joueurs encore en activité ayant joué pour le plus de franchises.
- N°5 - Gerald Green - 7 franchises en 8 saisons
Fini l'époque où Gerald Green n'était qu'un marsupilami sur ressort capable de mordre le cercle à pleines dents. Avec le temps et un passage en D-League, le fantastique phénomène physique des Suns s'est aguerri et a su développer une palette offensive bien plus étendue qu'à ses débuts. Redoutable derrière l'arc, dangereux sur son premier pas, son explosivité n'a d'égal en NBA et Phoenix peut se réjouir de son éclosion (quelque peu tardive). S'il ne semble pas subir la gravité comme nous tous êtres humains, Gerald Green n'a pas décollé que sur le terrain puisque Phoenix est la seule franchise pour laquelle il a joué plus d'une saison depuis Boston à son arrivée en NBA. Alors qu'on évoquait son nom dans les rumeurs de transfert le mois dernier, il se pourrait que Gerald Green fasse ses valises à nouveau l'été prochain puisqu'il sera agent libre dès le 1er Juillet 2015.
Meilleure saison en carrière: 15,8 pts, 3,4 reb, 40% à 3 pts, 84,8%FT (2013/2014 avec les Suns)
- N°4 Nazr Mohammed - 8 franchises en 17 saisons
S'il n'est pas, et n'a jamais été le pivot le plus dominant de la ligue, Nazr Mohammed a toujours su apporter de la dureté dans les raquettes qu'il a traversées au fil de ses 15 années de carrière. Avec 994 rencontres disputées et un titre NBA (avec les Spurs) l'expérience et la présence de Nazr Mohammed dans un vestiaire est indéniable. Tom Thibodeau déclarait d'ailleurs à son arrivée à Chicago en 2012: "J'attendais beaucoup de lui. Toutes les équipes disent que c'est un gros bosseur et qu'il est dévoué à son équipe. Il est prêt à jouer n'importe quel rôle.". Si le rugueux pivot n'a plus sa carrière devant lui, il reste un de ces vétérans de valeur aux yeux de beaucoup de franchises qui visent haut en Playoffs.
Meilleure saison en carrière: 10,9 pts, 8,1 reb, 1 ctr, 50,9%FG, 70,8%FT (2004-2005 avec les Knicks)
- N°3 Matt Barnes - 8 franchises en 12 saisons
Le bagarreur tatoué a semble-t-il trouvé de la stabilité dans sa carrière de vagabond. Après avoir connu huit franchises différentes lors de ses 8 premières années dans la ligue, voilà maintenant 3 saisons qu'il a fait son retour chez les Clippers, qui l'avaient drafté en 2003. Hargneux, adroit dans les corners, Matt Barnes est, comme on dirait, un scoreur opportuniste qui profite de son jeu sans ballon, des contre attaques et des caviars de ses meneurs pour mettre une dizaine de points précieux. S'il est assimilé à un bon joueur de banc, son apport est jugé trop faible pour être titulaire d'une franchise, hors il n'y a personne à Los Angeles pour remplacer Matt Barnes dans le cinq de départ cette année.
Meilleure saison en carrière: 10,2 pts, 5,5 reb, 2,8 pds, 42,3%FG, 34,3% à 3pts (2008/2009 avec les Suns)
- N°2 Drew Gooden - 10 franchises en 13 saisons
Celui qui arborait (sûrement) les chaussettes les plus hautes de la NBA (en concurrence avec Shaun Livingston) est le parfait exemple du professionnel capable de s'adapter à tout rôle (titulaire, remplaçant, bout du banc, homme de vestiaire). Malgré son parcours atypique et ses départs incessants, l'instabilité ne semble jamais avoir affecté son niveau de jeu, lui qui a toujours maintenu ses moyennes autour de 13 points et 8 rebonds. A 33 ans, l'intérieur est de moins en moins utilisé mais reste une solution offensive solide en sortie de banc. Drew Gooden est le genre de vétéran expérimenté dont toute (jeune) équipe peut bénéficier et les Wizards ne rechigneront pas sur son expérience pour les Playoffs.
Meilleure saison en carrière: 14,4 pts, 9,2 reb, 0,9 ctr, 49,2%FG, 81%FT (2004-2005 aux Cavs)
- N°1 Lou Amundson - 10 franchises en 9 saisons
Et la palme du plus grand voyageur de la NBA revient, de loin, à Lou Amundson ! Avec seulement 364 matchs en carrière, Lou n'a jamais eu un rôle très important mais a toujours été un joueur de devoir, capable de donner des coups et ramasser les miettes sous les panneaux. Sa dureté et son engagement sont ses principaux atouts au point qu'il ait entre autres été sollicité par Doc Rivers pour participer au training camp et à la présaison des Clippers en 2013 (ce qui n'est donc pas comptabilisé comme une franchise pour laquelle il a officiellement joué...). A ce rythme, Lou Amundson risque bien de détrôner le journeyman n°1 de la NBA, le très bon Jim Jackson (12 franchises en 14 ans) et s'inscrire à sa manière dans l'histoire de la Grande Ligue !
Meilleure saison en carrière: 6,9 pts, 6,1 reb, 1,3 ctr, 48,5%FG (2014-2015 aux Knicks)
- Bonus - Thomas Robinson - 4 franchises en 3 saisons
Difficile de ne pas citer le brave Thomas Robinson dans un article consacré aux journeymen. Si l'ancien intérieur de Kansas (5ème choix de draft en 2012) semble avoir tant de mal à faire sa place en NBA, l'instabilité qu'il subit depuis son arrivée dans la ligue (4 équipes en 3 ans !) n'y est certainement pas étrangère. Alors oui, le jeune ailier-fort est un peu brut de décoffrage en attaque, oui, il est catalogué comme un energy guy tant son apport et sa polyvalence sont limités. Il n'empêche que le rookie n'a jamais eu l'occasion de poser ses valises et de faire partie d'un projet à long-terme. En attendant, T-Rob collectionne les miles et alors qu'il devrait gentiment finir la saison avec les Sixers, personne ne sera étonné qu'il les quitte dès cet été au vu du brassage perpétuel des joueurs lancé par Sam Hinkie depuis 2 saisons.
Mentions spéciales (joueurs actuellement sans club):
Caron Butler (8 franchises en 13 ans) et Keith Bogans (8 en 11 ans)