Plusieurs franchises ont connu une intersaison mouvementée, les Pelicans n'ont pas réalisé de mouvements significatifs et ont cherché à préserver les forces en présence. Ainsi la franchise du Sud des Etats-Unis a prolongé Anthony Davis pour 145 millions de dollars sur 5 ans tout comme Omer Asik – 60 millions de dollars sur 5 ans – et Alexis Ajinça à hauteur de 20 millions de dollars sur les quatre prochaines saisons. Outre ces signatures, NOLA a enregistré l'arrivée d'un nouveau coach en la personne d'Alvin Gentry. Ce renfort est sans doute la plus grosse attraction du côté des Pelicans puisqu'on attend beaucoup de l'arrivée de l'ancien assistant de Steve Kerr. Anthony Davis lui-même n'en démord pas :
« J'affectionne énormément le style de jeu prôné par Gentry. Mes coéquipiers ont confiance en coach Gentry et je pense que c'est pour cette raison ils ont décidé de rempiler. Pour être le prétendant que nous souhaitons devenir, il est important d'avoir une alchimie au sein du groupe, et c'est ce que nous avons entretenu depuis ces dernières années. Donc c'est vraiment une bonne chose que tout le monde ait décidé de rester, l'alchimie est déjà en place pour le nouveau système du coach. »
Que demande le peuple ? Une superstar en phase avec ses coéquipiers et les aspirations du nouveau coaching staff qui pousse d'ailleurs certains spécialistes à positionner NOLA très haut dans le power ranking pour la saison prochaine.
- Kill the slow pace
L'impact du système Gentry va donner une tout autre allure aux Pelicans car jusqu'ici, les Pelicans ont joué au ralenti en cumulant par exemple l'un des plus petits nombre de possession par rencontre : 91,4, soit la troisième pire moyenne de la NBA. Le pace factor de John Hollinger nous permet de constater cette tendance et d'en arriver à la conclusion suivante : les Pelicans vont jouer plus vite la saison prochaine, beaucoup plus vite ! Ce n'est pas un secret de Polichinelle, Alvin Gentry le confirme dans une interview accordée à NBA.com :
"Je pense qu'il doit étendre son registre" en référence à AD "Il est suffisamment bon shooteur pour franchir un cap et tenter des shoots dans le corner. Ce qui va être important, c'est d'avoir plus de possessions sur 48 minutes. La façon d'y parvenir est d'en arriver à jouer plus rapidement et d’augmenter le tempo."
Gentry compte accélérer le jeu des Pelicans, une situation qui, comme nous le verrons un peu plus loin, devrait ravir un certain Tyreke Evans. Gentry a par ailleurs mis en lumière les qualités de financeurs de Davis en transition tout en précisant que les opportunités pour ce dernier n'étaient pas assez nombreuses. L'arrivée de Monsieur Positif - a.k.a Phil Weber - est une excellente nouvelle et va participer à cette émancipation de l'attaque des Pelicans. Son CV est révélateur et correspond notamment à l'ère du run and gun de Phoenix ou encore à une pige de deux ans du côté de Miami en 2012/2014. Il est aussi l'un des personnages mis en avant à travers l'ouvrage de Jack McCallum intitulé “Seven Seconds or Less”... La mutation est en cours du côté de NOLA comme l'illustrent les propos (revigorant) de Weber :
"Nous avons des shooteurs, des bons manieurs de ballons, de la taille et de la vitesse. Nous possédons un joueur dont une grande partie du potentiel reste inexplorée. C'est stimulant et notamment la façon dont nous allons procéder avec tous ces joueurs, la façon dont nous allons associer toutes les forces en présence. Avec ce roster, nous disposons des éléments pour se diriger vers ce à quoi Gentry aspire. » Weber insiste sur la confiance et le collectif « A Phoenix, nous avions le même état d'esprit et la même confiance parce qu'il y avait la même alchimie entre les joueurs et une grande confiance des joueurs envers le coaching staff."
Un coaching staff qui compte également les arrivées de Darren Erman - auquel nous ferons référence un peu plus bas - et Robert Pack. Il nous tarde de constater les modifications apportées par tous ces nouveaux arrivants. Davis et les siens se sont qualifiés pour les playoffs la saison passée et nul doute que le jeune intérieur All-Star envisage de renouveller cette expérience dès la saison prochaine. L'arrivée d'Alvin Gentry représente une excellente opportunité pour Tyreke Evans dont les qualités correspondent au style de jeu préconnisé par l'ex-technicien des Warriors.
Run the Show
«Il peut créer des espaces, trouver ses coéquipiers pour des paniers faciles. Je pense que tous ces éléments vont lui permettre d'amener son jeu à un autre niveau... Il va réellement pouvoir en profiter au poste de meneur de jeu. Il aura l'opportunité d'attaquer le panier et de créer pour les autres dans ce système »
Gentry compte insister sur les aptitudes d'Evans et lui permettre d'exploser dans son système. Une situation qui semble motiver Evans puisqu'il a entamé un programme physique visant à perdre des kilos afin d'améliorer son endurance et son explosivité. Le discours de Gentry coïncide avec des chiffres et plus particulièrement des stats "avancées". En effet, la meilleure saison sur le plan offensif effectuée par T-Rex date d'avant sa signature à NOLA - c'est-à-dire en 2012-2013 - où il totalisa un offensive rating de 110 tout en cumulant ses meilleurs pourcentages en carrière au shoot (48 %) et à 3 points (34 %).
Quel lien avec le style up tempo de Gentry ? Lors de cette saison, les Kings se sont positionnés à la 7ème place du pace factor de John Hollinger. Cette statistique se base sur la moyenne de possessions dont dispose une équipe durant une rencontre. Sacramento possédait un pace factor de 96,3 lors de la saison 2012-2013, un chiffre qui se calque sur le pace factor moyen d'Alvin Gentry durant sa carrière en tant que head coach puisqu'il oscille entre 95 et 97 possessions par rencontre. Depuis que Tyreke Evans a rejoint la Nouvelle-Orléans, les Pelicans se sont positionnés à la 22ème puis à la 27ème place de ce classement.
Joseph Billiot de thebirdwrites.com avance un autre argument : la dévaluation de chaque tentative de tir individuel. La saison dernière, Tyreke Evans était classé second en ce qui concerne le nombre de shoots tentés par les joueurs des Pelicans avec 1165 tentatives. Les Pelicans ont totalisé 6795 shoots durant la saison et le proportion de shoots tentés par Evans est d'environ 17 %. Si les Pelicans augmentent leur pace de seulement 2,5 tentatives par match, ils pourraient totaliser exactement 7000 shoots la saison prochaine - les Warriors en ont tenté 7137 l'année passée - soit 25 tentatives supplémentaires pour Tyreke Evans.
Une situation, qui selon Billiot, permet aux shooteurs d'emmagasiner de la confiance puisqu'elle leur permet d'avoir plus d'opportunités. Evans n'est pas un shooteur mais Billiot nous rappelle que Tyreke totalisa son meilleur pourcentage longue distance la saison où Sacramento faisait partie du top 10 au classement du pace factor. Autrement dit, et pour résumer, un contexte où Evans pourrait laisser libre cours à sa créativité sans forcément se soucier des répercussions en terme de possessions..
- Fort Knox
Afin de se projeter en attaque, les Pelicans vont devoir réaliser d'énormes progrès en défense et pour y parvenir Gentry a recruté Darren Erman. A croire que la meilleure intersaison 2015 ne résulte pas du recrutement de free agent mais d'un staff. En l'occurrence celui des Pelicans ! Lorsqu'on demande au nouveau head coach d'expliquer les raisons pour lesquelles NOLA ne se trouve pas dans le top 10 défensif malgré la présence de la paire Davis/Asik, il répond :
"Nous devons faire quelque chose à propos de ça. Tout d'abord, nous devons avoir une meilleure défense en périphérie pour empêcher les joueurs extérieurs de pénétrer et pousser nos intérieurs à venir en aide et créer des trous dans la rotation défensive. C'est la première chose que nous devons accomplir. Ensuite, nous devons être meilleurs en tant que collectif, dans nos rotations, dans la façon dont nous protégeons les accès au cercle. La chose importante est de repousser les dribbles en pénétration. C'est primordial. C'est pourquoi nous avons remporté le titre la saison passée. Notre attaque était bonne car notre défense était excellente."
C'est la tâche qu'il confiera donc à Darren Erman... L'homme qui permis entre autres à Golden State de réaliser un bond au classement des meilleures défenses de la ligue passant de la 26ème place en 2012-2013 à la 3ème en 2013-2014 ! Accusé de snitcher pour le compte de la direction des Warriors, il quitte la Bay Area pour rejoindre le banc des C's où Brad Stevens se fait un plaisir de l'accueillir. Le jeune entraîneur de Boston le qualifie d'excellent coach défensif... Non, il est même plus que ça selon lui ! Lorsqu'il s'agit de la question défensive, Erman fait preuve de minutie :
« Si votre main n'est pas au bon endroit lorsque vous défendez sur pick-and-roll ou si vous n'êtes pas positionnés dans le bon angle, il stoppe immédiatement et il corrige. »
Chirurgical ! Erman est également un disciple de Tom Thibodeau et de Doc Rivers. Rajon Rondo va même jusqu'à le comparer à un "Thibodeau en miniature" et ne lui donne pas longtemps avant de prendre les rênes d'une franchise NBA. Gentry a pleinement confiance en son nouvel assistant qu'il qualifie de gros travailleur et qui aura la lourde de tâche d'amener la 22ème défense de la ligue en 2014-2015 -107,3 points concédés pour 100 possessions- vers les sommets de ce classement. NOLA a encaissé plus de 100 points à 37 reprises la saison passée pour un bilan de 14 victoires pour 23 défaites. Une situation qui n'inquiète pas le nouveau spécialiste défensif car selon lui, les Pelicans ont démontré qu'ils disposaient des capacités pour contrecarrer les velléités adverses. Il assure également que l'effectif est composé de joueurs capables de faire preuve d'intensité, d'agressivité sur le plan défensif et qui possèdent les attributs physiques nécessaires pour améliorer la défense :
« Je pense que cette équipe a beaucoup de potentiel pour réaliser de bonnes choses sur le plan défensif. Vous avez des joueurs versatiles qui jouent très durs. J'ai pu le constater sur des séquences de visionnage, Dante (Cunningham), Quincy (Pondexter), Anthony (Davis), Omer (Asik). Jrue (Holiday), Tyreke (Evans), Eric (Gordon). Tous ces joueurs ont démontré des aptitudes défensives. Si vous êtes parvenus à bien défendre sur de courtes séquences, vous avez démontré que vous étiez capables de le faire et il suffit simplement de parvenir à le refaire de façon plus régulière. Donc nous allons travailler en ce sens et leur permettre de devenir plus constant.»
Un discours ultra motivant n'est-ce pas ?! D'autant plus que ses qualités de pédagogue et de coaching individuel sont louées en témoigne le travail qu'il a pu effectuer avec des joueurs tels que Klay Thompson et Harrison Barnes, Erman a cette faculté de pouvoir communiquer et transmettre l'importance que la rigueur défensive requiert. C'est une chose de le dire mais s'en est une autre de le faire assimiler et c'est ce pourquoi Erman a été choisi. Avant son arrivée, la défense de Golden State était assimilable à un gruyère. L'année dernière, Steph Curry and coll ont terminé champion grâce notamment à une solidité défensive dont Erman est l'instigateur. Le choix de Gentry témoigne de cette reconnaissance et du cap que la franchise souhaite franchir en 2015-2016. Le pelican est adepte de la pêche collective... Vous êtes prévenus !