En 1891, le Dr James Naismith inventait le basketball. Entre le moment où le Dr Naismith a accroché un panier de pêche au mur d’un gymnaste du Massachussetts et aujourd’hui, le basket a énormément évolué et les règles avec. En 1891 le Dr Naismith n’en avait défini que 13. Et c’est sûrement un clin d’œil à cette anecdote historique si le site des arbitres NBA classe tout le règlement actuel en 13 règles.
En 1891, James Naismith invente le basket avec 13 règles.
— Sébastien Hervé (@SebaHerve) 26 octobre 2018
Combien la NBA compte de règles actuellement? 13! C'est en tous cas comme ça que le site des arbitres de la NBA publie son règlement.
13 règles, chacune divisée en plusieurs sections. Beau clin d'oeil. pic.twitter.com/votsbRmoJa
Qu’est-ce qui a poussé, et qui pousse encore la NBA à changer son règlement depuis sa création en 1946 ? L’envie d’un jeu plus spectaculaire, mais il y a aussi des règles qui ont été créées pour contrer certains joueurs. Certains d’entre eux devenant trop dominants, d’autres n’hésitant pas à contourner le règlement pour le retourner en leur faveur. L’évolution des règles en NBA tient sur un document de 16 pages disponible sur le site de la NBA pour les plus curieux. Nous allons dresser ici une liste non exhaustive de joueurs qui ont amené la NBA à revoir son règlement. En trois parties distinctes, nous nous intéresserons aux joueurs qui ont amené des changements de règles pour le jeu uniquement. Nous ne parlerons donc pas de Shaquille O’Neal qui a amené la ligue à changer ses paniers, ou d’Allen Iverson qui est la raison la plus connue pour laquelle le dress code existe par exemple. Nous ne parlerons pas non plus des règles qui n’ont pas touché la NBA (ou anciennement la NBL et la BAA), comme par exemple quand Kareem Abdul-Jabbar (à l’époque Lewis Alcindor) a poussé la NCAA à interdire les dunks.
- Leroy Edwards : Quand la NBA n’existait pas encore, la règle des 3 secondes
Le nom de Leroy Edwards ne vous dit sûrement rien. Et pourtant il s’agit d’une des premières stars du basket professionnel. Ce pivot mesurant 1m96 ferait petit aujourd’hui, mais à l’époque sa taille était un vrai avantage qui, combiné à son agilité et à sa puissance, en faisait une arme redoutable. "Cowboy" comme on le surnommait a été le premier à faire le choix de quitter plus tôt le cursus universitaire pour rejoindre les professionnels. Mais c’est bien lors de son unique saison avec l’équipe universitaire de Kentucky qu’Edwards va provoquer la création de la règle des 3 secondes.
Lors de cette saison, il mènera son équipe à un bilan de 19 victoires pour 2 défaites. Avec une moyenne de 20 points par match, Edwards était ultra-dominant dans ce championnat. Car si 20 points ne vous parait pas beaucoup, dites-vous qu’en NBL (qui deviendra plus tard la NBA) les équipes marquaient en moyenne environ 30 points par match dans les années 1930. Lors de ses 5 premiers matchs universitaires, il aura même inscrit plus de point à lui seul que toute l’équipe adverse.
Le 5 janvier 1935, Kentucky se déplace pour la première fois à New-York et va affronter New York University au Madison Square Garden dans ce qui sera plus tard connu comme le New York University Game. Le match, se tenant devant plus de 16 500 personnes, voit s’affronter les Violets (NYU) qui sont sur une série de 22 victoires consécutives à cheval avec la saison précédente et les Wildcats (Kentucky) qui sont invaincus sur les six premiers matchs de la saison. Une rencontre au sommet qui verra Edwards prendre trois fautes très rapidement dans le match. La raison ? A chaque écran posé, qui était la base du jeu de Kentucky, les arbitres Dave Walsh et John Murray siffleront faute. Et en plus de ces coups de sifflets, Edwards recevra un traitement de faveur de la part des big men de New-York, l’attrapant et le poussant à chaque fois que ce dernier s’approchait de la raquette et bien sûr, les arbitres ne sifflant pas ces fautes pourtant évidentes. A l’issue du match même Howard Cann, l’entraineur de NYU, reconnaitra l’injustice dans le vestiaire des Wildcats.
Adolph (Rupp, le coach de Kentucky), je n’ai rien à voir avec la sélection des arbitres. J’ai détesté voir ce qu’il s’est passé.
Les Violets finiront par l’emporter 23-22 et Edwards comptabilisera seulement 6 points, sa plus petite marque jusque-là. Par la suite, une vidéo du match sera montrée lors d’une conférence nationale des entraineurs. Vous pouvez en voir un petit extrait du match ici, même si l’on ne voit pas vraiment dessus les coups qu’a pu subir Edwards sur ce match (maillot noir, numéro 25), mais on le voit quand même se faire ceinturer par séquences. La violence dans la peinture contre Edwards était telle qu’il n’aura fallu que quelques mois pour que la règle des 3 secondes soit instaurée, en avril 1935, dans le but de libérer la peinture et de protéger les intérieurs contre ce genre de coups. On peut aussi noter que ce match mènera les instances à définir les écrans légaux et illégaux.
- Murray Mendenhall : Quand posséder est gagner, l’horloge des 24 secondes
C’est l’exception de cette liste puisqu’on parle cette fois-ci d’un coach. Et si finalement rien ne dit que l’horloge des 24 secondes a été installée à cause de Murray Mendenhall, il est à l’origine de l’évènement qui a le plus mis en lumière sa nécessité. L’horloge des 24 secondes, mise en place lors de saison 1954-1955, a sauvé la NBA et a permis de rendre le basket beaucoup plus dynamique.
Mais il faut remonter 4 ans en arrière pour voir cet évènement. En 1950, George Mikan des Minneapolis Lakers est ultra-dominant (on reparlera de lui très bientôt) et les Fort Wayne Pistons ne sont en aucun cas favoris le soir du 22 novembre 1950 lorsqu’ils se rendent chez leurs adversaires du soir. Mais pour contrer Mikan, le coach des Pistons, Murray Mendenhall, a un plan très simple. Il consiste à garder la balle et à l’éloigner de la raquette pour faire sortir le géant de 2,08m de la peinture. Les Pistons joueront tout le match sous les sifflets du public, mais gagneront 19-18, score le plus petit que la NBA ait connu. A noter que Mikan aura quand même inscrit 15 des 18 points de son équipe. Il est d’ailleurs le seul de son équipe à avoir inscrit des paniers, tous les autres joueurs n’ayant mis des points que sur lancers-francs. Le pourcentage des Lakers au lancer-franc sur ce match leur a fait d’ailleurs très mal.
Malheureusement (?) aucune vidéo de ce match n’est disponible. Mais celle-ci-dessous montre ce qu’un match de basket entre ces deux équipes ressemblait en temps normal. Autant dire qu’on est loin d’un petit score, sachant que le trois-points n’existait pas encore.
Malgré ce coup tactique, aucun autre match ne s’approchera vraiment de cette pauvreté numérique en NBA. Mais même si cette soirée n’a pas amené à d’autres purges pareilles, elle a néanmoins mis en lumière un défaut du règlement que chaque équipe aurait pu exploiter. Et coïncidence ou pas, alors que la saison 1950-1951 s’est avérée très prolifique en terme de points marqués pour chaque équipe (83,6 points/match), on a ensuite observé une constante diminution de ce nombre ainsi que du nombre de tirs tentés par match. C’est quand la moyenne de points est passé en dessous des 80 points par match (79,5) et que le nombre de tirs tentés a chuté jusqu’à 75,4 (contre 83,6 en 1950-51) que la ligue a réagi en instaurant cette règle. Le résultat s’est tout de suite vu puisque la saison 1954-55 a fourni 93,1 points par match sur l’ensemble de la ligue avec une moyenne de 86,4 tirs pris.
Pourtant l’idée avait été donné dès 1951 par Danny Biasone, alors propriétaire des Syracuse Nationals. Il avait étudié que lors des matchs qu’il jugeait intéressant, chaque équipe prenait en moyenne 60 tirs, soit 120 au total. Divisez 48 minutes par 120 et vous obtenez 24 secondes par possession ! C’est donc seulement trois ans plus tard que la NBA instaurera cette règle et, pour la petite histoire, son équipe des Syracuse Nationals gagnera le titre lors de cette saison. En 2000, il sera intronisé au Hall of Fame à titre posthume (il est décédé en 1992 à l’âge de 83 ans). Et si sur le site du Hall of Fame il est dit que l’idée a été donnée en 1954, Red Auerbach se souvient bien que Biasone vendait son idée depuis plusieurs années avant ça. Et il n'y a pas de doute que ce match de saison régulière de novembre 1950 a été un élément déclencheur dans la réflexion de Biasone.