Au sortir de la saison 2011/2012 pourtant, même le plus ambitieux des parieurs n’aurait pu imaginer un tel revirement de situation, qui verra seulement trois ans plus tard les Warriors couronnées.
Sous la houlette de Mark Jackson, les Californiens ne disputent une nouvelle fois pas les playoffs, remportant seulement 26 rencontres sur la durée de la saison, écourtée par le lockout. L’avenir de la franchise va néanmoins prendre un véritable tournant cet été là, marqué par l’arrivée au poste de général manager de Bob Myers.
Myers va rapidement user de son pouvoir pour trader Monta Ellis, devenu indésirable dans les systèmes de jeu de Mark Jackson, en échange de Andrew Bogut, ce qui va considérablement bouleverser le plan de jeu des Warriors. Désormais, Jackson pourra s’appuyer sur un axe Curry, Thompson, David Lee, auxquels croient beaucoup les dirigeants de la franchise.
Rapidement, la mayonnaise va prendre, et moins d’un an plus tard, les Warriors se retrouvent en playoffs, réalisant le premier exploit de leur histoire récente en venant à bout des Denver Nuggets, pourtant bien mieux classés, avant de tomber avec les honneurs contre les Spurs puis contre les Clippers un an plus tard.
S’appuyant sur Stephen Curry, étoile montante de la ligue à ce moment là, Mark Jackson parvient à rendre crédible le nouveau projet des Warriors, plébiscité par ses joueurs et l’ensemble de la ligue.
Pourtant, à la surprise générale, Jackson sera débarqué à peine trois mois plus tard par ses dirigeants, à qui ses méthodes ne donnaient pas de satisfaction. Ambitieux propriétaire, Joe Lacob ne veut pas d’un projet sur le long terme, et ne croit pas au plan de jeu de Mark Jackson. Pour l’organigramme de Warriors, Jackson ne présente en aucun cas le profil du coach qui doit emmener Golden State vers les sommets. On lui reproche ainsi son lien trop étroit avec les joueurs, qu’il n’utilise pas à bon escient selon leurs qualités (Curry et Thompson pas assez mis en valeurs sur le jeu de transition).
Dans un climat de tension et avec un nouvel entraineur novice, Steve Kerr, c’est donc avec peu de certitudes que les Warriors se présentent sur les startings blocks le 31 Octobre 2014. Loin de se fier aux observateurs pessimistes, Lacob le réaffirme, les Warriors iront loin sous la houlette de Steve Kerr.
Ancien joueur des Bulls avec qui il a notamment glané 3 titres, Steve Kerr ne se présente pas comme le Messie en début de saison. Loin de vouloir réformer pleinement le basket des Warriors prôné par Jackson, Kerr va au contraire optimiser pleinement les qualités de ses quinze joueurs, pour en faire une équipe homogène en s’inspirant d’un projet de type Spurs, où chaque joueur possède un rôle et une tâche établie.
Après 12 rencontres seulement, les Warriors en ont gagné 10, 30 à la fin de l’année, avant de finir en trombe jusqu’à Juin pour terminer avec un bilan extraordinaire de 67 victoires pour quinze défaites.
L’ouragan Warriors balaie et ridiculise ses adversaires, qui bientôt ne pourront que constater l’évidence, cette équipe est la meilleure équipe de la ligue.
Les playoffs ne viendront que le confirmer, Pelicans, Grizzlies, Rockets puis Cavaliers ne feront pas le poids, les Warriors s’imposent sans aucun contexte possible.
Le plus impressionnant sans doute dans cette nouvelle franchise, "sortie de nulle part" réside dans sa densité d’effectif. Tout au long de la saison, les Warriors ont pu et su éviter les blessures (hormis David Lee pas de pépin), grâce à une multitude de rencontres dites de "36 minutes" (qui a permis le repos des joueurs cadres), où l’adversaire se retrouve pris à la gorge d’entrée par la défense et le jeu de montée de balle des Warriors, puis submergé par sa second unit, comme on n’a pu le constater lors des dernières finales.
Depuis le début de la saison, l’écart moyen des rencontres (+15) confirme encore un peu plus cette tendance, où les adversaires, dans la majeure partie des cas subissent jusqu’à arriver à un certain point de rupture, qui intervient généralement bien avant le troisième quart temps.
Même menés, les Warriors parviennent à recoller au score, comme ils l'ont fait hier soir face aux Clippers, remontant un déficit de 20 points pour s'imposer au final.
Arrivé sur le banc de la franchise Californienne en 2014, Steve Kerr s’est rapidement imposé comme le coach dominant de la ligue, bousculant jusqu’au bout les obstacles pour devenir champion NBA dès sa première saison sur le banc des Golden State Warriors.
Comme nous l’évoquions plus haut, Steve Kerr n’a en aucun cas bouleversé le projet des Warriors. Son plan de jeu et sa philosophie reposent sur la continuité du travail effectuée par Mark Jackson en premier lieu.
L’ancien joueur des Bulls a en revanche su optimiser à merveille les forces de son effectif, pour amener les Warriors vers le titre suprême.
Quasiment inconnu au bataillon, les Draymond Green, Klay Thompson ou Mareese Speights sont sortis de l’ombre, au sein d’un collectif ou chacun possède un rôle attribué et désigné selon ses qualités. Le principe du jeu de Steve Kerr est en réalité très simple, reprenant le schéma traditionnel "défense-montée de balle", tout en développant un ensemble de systèmes très poussé sur le jeu placé. Sur la récupération de balle, le temps d’attente est quasiment inexistant et la projection vers l’avant, souvent initié par Draymond Green, est quasi immédiate.
Excellent rebondeur, l’intérieur des Warriors est également un très bon passeur (3,7 la saison dernière 6,9 cette saison), sans doute le meilleur à son poste dans ce domaine. Green domine d’ailleurs cette statistique, habituellement réservé au meneur, notamment grâce à son implication quasi permanente dans les situations de jeu. Toutes les situations placés, contrairement au Thunder par exemple, observent une période d’adaptation, où le ballon circule afin de tester les positions de la défense. Dans ce contexte, Draymond Green vient souvent se positionner en tête de raquette, pour donner ensuite à un coéquipier démarqué, souvent Klay Thompson d’ailleurs, ou Stephen Curry.
Cette mise en place ultra efficace qui nécessite un QI très élevé de la plupart des joueurs, permet ainsi un accroissement considérable des possibilités offertes au joueur en possession de la balle, qui profite de mouvements permanents de ses coéquipiers.
L’occupation d’espace des Warriors sur de nombreuses situations est un modèle du genre, auxquelles sans doute aucune défense actuelle ne peut rivaliser. Contrairement à ce que l’on peut croire en premier abord, Golden State ne se limite pas à une compilation de "Splash Brothers" totalement dépendantes de leur adresse, comme les plus sceptiques laissaient entendre en Avril dernier. La passe est ainsi utilisée quasiment en permanence sur les situations offensives, où chaque joueur apporte sa contribution par sa position et son jeu sans ballon, permettant de déjouer avec une facilité déconcertante la plupart des adversaires pour trouver des situations parfaites, sous le cercle où pour un joueur démarqué, ce qui explique les forts pourcentages de la franchise.
Défensivement, Golden State s’affirme également comme l’une des meilleures franchises NBA, malgré les lacunes évidentes de certains joueurs (Curry, Thompson, Barbosa) dans ce secteur.
Aux Warriors, il n’ya pas de place pour un James Harden ou un Michael Carter Williams, chaque joueur doit montrer une implication défensive hors du commun pour entrer en adhérence avec les plans de Steve Kerr.
Chaque joueur dans cette franchise se doit de respecter les plans de la défense individuelle élaborée par Steve Kerr, qui nécessite une implication défensive permanente sur le porteur de balle.
Les prises à deux interviennent alors très souvent et sont orchestrés au bon moment, comme nous avons pu le voir lors des dernières finales, où malgré ses stats monumentales, LeBron James s’est très souvent retrouvé asphyxié par la défense "sangsue" d’Andre Iguodala et Draymond Green sur lui. La raquette est également verrouillée par l’imposante tour de contrôle Andrew Bogut, épaulé en quasi permanence par Draymond Green, l’homme à tout faire de ces Warriors.
Les voleurs de balle que sont Shaun Livingston ou Stephen Curry permettent également de conclure des actions rapidement, dans un systèmes très ordonné où la recherche du panier facile est le mot d’ordre prononcé aux joueurs.
Elu MVP la saison dernière, Stephen Curry semblait nous avoir déjà montré toute l’étendue de son art, il n’en était rien.
En 12 matchs disputés cette saison, Curry s’affiche à 33 points à 52%, 5,9 passes, 58% à 3 points, en seulement 33 minutes passées en moyenne sur le parquet.
Sa facilité déconcertante au tir et ses coups de folie (déjà auteur de plusieurs matchs au dessus des 40 points) dans les moments chauds ne sont plus que la confirmation de ce que beaucoup ressentaient déjà la saison dernière, Curry prend possession de la ligue.
Parti sur des bases extraordinaires, "baby face" parvient chaque soir à un petit peu plus rendre fou ses adversaires ; qui ne savent plus comment l’arrêter.
Ultra dévoué au collectif et titulaire d’un volume de jeu incroyable, Curry est loin de se limiter à être un "magicien" du basket, comme il le démontre chaque soir.
Son travail de l’ombre, notamment dans les feintes de sortie d’écran où il sert de point de fixation à ses intérieurs, se répète ainsi plusieurs fois au cours des matchs, où l’attention que lui concèdent les défenses permet à ses coéquipiers d’en profiter à merveille.
Même en manque d’adresse dans son shoot (ce qui est très rare), Curry parvient ainsi à se montrer performant sur quasiment chaque rencontre, comme le démontre ses stats.
Malmenés parfois, les Warriors peuvent compter en quasi permanence sur leur meneur, capable de gagner un match à lui tout seul sur des coups de folie . Sa fin de match exceptionnelle face aux Clippers illustre encore un peu plus cette tendance du joueur, ultra précieux à tout les niveaux pour sa franchise.
Détenteur désormais du plus grand nombre de paniers primés réussis après 13 matchs (68), Curry n’en finit plus de pulvériser les records. Son tir reste une énigme pour tout ses adversaires, incapables de le gêner ou l’empêcher de se créer son shoot, simplement impuissant face à la grandeur de Curry.
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, "Baby Face" a franchi un cap depuis la saison dernière, se montrant beaucoup plus présent dans le jeu, mais également bien plus en phase avec son shoot, qui frôle les 54% de réussite.
Les exploits réalisés par Curry ces derniers jours ont très rapidement enflammés les réseaux du monde entier, où son panier incroyable à une main face aux Grizzlies a d’une façon ou d’une autre entériné l’impression de facilité laissée par Curry sur un terrain de basket, où tout semble trop facile pour lui.
Le shoot va et vient, c’est bien connu, un joueur connaitra selon la logique une panne dans son tir, où au contraire une adresse monumentale selon ses matchs, pas Curry. Le joueur de Warriors semble réglé pour marquer dans n’importe quelle position, comme il l’expliquait récemment aux médias américains :
Je m’entraine à tirer sur un pied, avec une main sur le visage.
Match après match, depuis le début de saison Curry confirme cette tendance incroyable, en s’affichant à plus de 50% de réussite avec à son compteur seulement un ou deux matchs "ratés en terme d’adresse", où il trouve malgré tout le moyen de se montrer décisif. Son tir semble programmé pour faire mouche, grâce à une mécanique parfaite dans la lignée de son père dell, dot il vient déjà de dépasser le nombre de paniers réussis en carrière.
On a beaucoup de mal à imaginer aujourd’hui une baisse de performance dans les stats de Stephen Curry, tant sa forme du moment parait indestructible, à l’image de toute son équipe d’ailleurs.
De nombreux observateurs l’annoncent aujourd’hui, la domination et la prise de pouvoir des Warriors au sein de la ligue peut largement permettre d’envisager l’établissement d’une dynastie, parti pour régner sur l’ensemble de la ligue.
Généralement, les franchises sont bâties en fonction des contrats de leur collectif et de leurs stars, qui préfèrent souvent dans la NBA actuelle lever les voiles pour gagner des titres, comme a été le premier à le faire Lebron James en 2010. Le Thunder risque ainsi de se trouver dans une situation similaire de reconstruction en cas de départ effectif de Kevin Durant, free agent en 2016.
Les Warriors eux, aussi surprenant que cela puisse paraitre ne devraient pas rencontrer un problème similaire avant une dizaine d’années.
Free agent cet été, Draymond Green a resigné très rapidement pour cinq ans et 80 millions de dollars, tout comme Barbosa, tandis que Jason Thompson faisait son arrivée. Les "Splash Brothers" attendront l’explosion du salary cap l’été prochain pour resigner un contrat qui s’annonce très intéressant, tandis que les jeunes joueurs tels Harrison Barnes (sur le marché tout de même l’été prochain), Festus Ezeli devraient également prolonger.
Aucun départ majeur n’est donc acté avant trois ans, hormis peut être celui hypothétique d’Andre Iguodala, ce qui signifie que les Warriors présenteront année après année une équipe aussi forte , voire en progrès chaque année, comme cette saison le démontre pour le moment.
Il faut également prendre en compte que la tendance actuelle des joueurs à privilégier la conquête du titre qu’une retraite dorée renforce la possibilité pour les Warriors d’attirer de nombreux joueurs sur les prochaines années. L’exemple de David West (signé pour un salaire minimum aux Spurs) ou Greg Monroe pourrait ainsi laisser imaginer que beaucoup de joueurs pourraient être tenté par "l’Eldorado" de la NBA, qui pour le moment écrase toute concurrence possible au sein de la plus grande ligue du monde.
L’explosion du salary cap l’été prochain devrait ainsi tenter de nombreux joueurs à signer dans la franchise californienne, qui pourrait de cette manière facilement compenser les départs "possibles" de certains joueurs.
De plus, même si il ne s’agit pour l’instant que de conclusions hâtives, les Warriors affichent cette saison un sentiment de supériorité jamais vu depuis les Bulls 1996. Blessé au dos, Steve Kerr n’a pour l’instant supervisé aucun des matchs de son équipe, dé léguant à merveille son poste à son brillant adjoint Luke Walton, invaincu jusque là. Andrew Bogut lui n’a pas joué le début de saison, qu’importe, Festus Ezeli sorti de banc s’est montré tout aussi performant voire plus, ce qui démonte une force de remplacement présente sur chaque poste.
Les Barbosa, Livingston, Speights font partie de ce type de joueur dont le profil correspond parfaitement au banc d’une franchise championne NBA, par leur dévouement et leur efficacité sur des moments importants de la rencontre. La dernière finale face aux Cavs a ainsi largement confirmé cette tendance.
Chaque soir donc, avec tout ces éléments ancrés en tête, les adversaires de Golden State rentrent sur le terrain avec un sentiment surement partagé entre la jalousie et l’impuissance.
Que peut on faire face à une équipe qui possède à la fois le meilleur joueur du monde (actuellement) le meilleur collectif et sans doute les meilleurs bancs et systèmes de jeu de la ligue ?
La réponse n’a pour l’instant été trouvée par personne...