Trois petits matchs, c’est ce qu’il aura fallu à Boston pour voir tout leurs démons revenir au galop. Après un premier tour de playoffs exemplaire et un sweep autoritaire des Pacers, la donne a changé contre des Bucks en mission. Comme souvent, les playoffs ne sont qu’une continuité de la saison régulière dans les bons comme les mauvais aspects. Mais les Celtics ont-ils abordé cette demi-finale de conférence dans les meilleures prédispositions mentales ? Pas sûr. Les déclarations de Kyrie Irving ont forcément un impact sur le mindset de l’équipe, et il n’est pas positif. Boston est désormais en sursis et condamné à l’exploit, la faute à un excès de confiance en eux et des provocations mal dosées. La liste est longue…
Tout d’abord, on ne peut oublier les mots de Irving le 24 Février dernier lorsqu’après une nouvelle défaite inquiétante face aux Bulls, il déclarait que ‘’personne ne peut nous battre en 7 matchs’’. Une provocation pour tous ses concurrents de l’Est qui a eu le don de motiver les adversaires plus qu’autre chose. 1 victoire sépare Milwaukee des finales de conférence, et nul doute que cette petite phrase anodine doit tourner dans le vestiaire des Bucks comme un slogan. Alors après le match 3 perdu au TD Garden, le suspense était encore entier mais Kyrie Irving a une nouvelle fois fait parler en conférence de presse. Questionné sur sa mauvaise soirée au tir (8/22), il a répondu que ça n’arriverait plus. Les différentes réactions des Celtics fustigeant un supposé arbitrage favorable aux Bucks n’ont pas non plus aidé à installer une atmosphère positive.
C’est dans ce contexte que démarrait le match 4 la nuit dernière, et donc la nouvelle défaite de Boston, plus que jamais au bord du gouffre dans ces playoffs. Cette fois, aucune contestation sur l’arbitrage, tant il n’a eu aucune incidence sur le résultat du match, comme auparavant. En revanche, on a observé un match raté des Celtics qui n’auront été sérieux qu’un quart-temps avant de retomber dans leurs travers avec un jeu offensif pauvre trop concentré sur des isolations et une défense inhabituellement inexistante. Kyrie Irving est le symbole de cet échec. Sa défense trop faible handicape l’équipe lorsque ses coéquipiers n’élèvent pas leur intensité de ce côté du terrain, et les attaques aseptisées sont directement à la charge du meneur de jeu comme dans n’importe quelle équipe. Tout cela est pointé du doigt pour une autre raison bien spécifique, une adresse portée disparue. Lorsque Irving se transcende en un scoreur de génie inarrêtable, tous les autres défauts de son jeu sont excusables, mais pas quand il affaiblit aussi les siens dans ce domaine. C’est le cas dans cette série. Il a tiré à 19/62 en 4 matchs, soit 36% de réussite. Le tir extérieur est aussi l’une de ses forces habituellement, mais ses chiffres dans ce domaine tombent dans le risible (6/25, 24%). Dans un match capital comme celui d’hier soir, tirer à 7/22 n’est pas digne du leader qu’il représente pour Boston. Sa promesse post-Game 3 n’a pas été tenue. Après le Game 4, Irving était très attendu par les médias, et il n’a pas déçu.
J’ai raté des tirs. Ils ne sont juste pas rentrés. On se prépare pour ça, parfois ils rentrent, et parfois non. Ils (les Bucks) font un super boulot en défense. La raquette est pleine et que je pénètre ou que je me place n’importe ou sur le parquet, ils y placent toujours 2 ou 3 hommes, parfois 4. Maintenant on doit se préparer pour le Match 5. Les 22 tirs ? J’aurais dû en prendre 30, je suis ce genre de grand shooter.
Une fois de plus, ce sont des mots tout sauf rassurant pour la Green Nation de Boston. On croirait presque entendre des paroles sorties de la bouche de Russell Westbrook tant elles semblent loin de toute logique. On peut lui donner raison sur les tirs ratés car en effet, tout basketteur (même le meilleur) peut passer une mauvaise soirée avec une adresse défaillante. Mais sa dernière phrase est bel et bien lunaire. Comme un Westbrook sourd face aux critiques, il déclare qu’il aurait dû prendre 30 tirs dans une soirée à 31% de réussite, tout sauf malin.
Désormais, un Game 5 de tous les dangers attend Boston au Fiserv Forum de Milwaukee. Une défaite mettrait fin à une saison de toutes les déceptions et ouvrirait un été incertain. Hier soir après le buzzer final, une question se posait : Kyrie Irving avait-il disputé son dernier match au TD Garden sous un maillot vert ? Pour retarder l’échéance, il faudra gagner mercredi. En attendant, les Bucks s’en sont donnés à cœur joie pour répondre aux provocations de leur adversaire sur le terrain comme en dehors. Questionné sur le retour de Marcus Smart dans la série, Giannis Antetokounmpo a longuement relu la fiche de statistiques du match en cachant un sourire, tout un symbole.