Game 82

Game 82

David Thompson - George Gervin - David Robinson - Kobe Bryant

La dernière journée de championnat est souvent propice à des matchs spectaculaires : bataille pour les play-offs, pour être le meilleur marqueur, ou pour mettre un terme à la saison avec honneur.

Pas de jaloux, tout le monde joue ce soir. Pour beaucoup ce dernier match n'a pas vraiment d'importance. Beaucoup de stars ne joueront pas, pour préparer les playoffs ou mettre un terme à une saison ratée. Il y aura des remplaçants, des inconnus qui disputeront des rencontres entières sans enjeu. Mais certains n'en ont pas fini, pour l'équipe ou pour eux-mêmes. La saison a été trop serrée pour ne pas s'achever sur un coup d'éclat.

  • La course aux exploits individuels

Rester dans l'Histoire de la ligue comme le meilleur scoreur de la saison n'est pas une petite distinction. Plusieurs fois dans l'histoire, deux hommes se sont battus jusqu'au dernier match pour avoir ce titre. L'affrontement le plus célèbre réunit en 1978 David Thompson et George Gervin. Les deux All-Stars se battent à distance : "Iceman" possède 70 points d'avance sur Thompson, ce dernier va donc en inscrire 73 pour le dépasser ! L'arrière de Denver vient de sceller une performance jamais vue depuis la centaine de Wilt Chamberlain.

 

Piqué au vif, l'élégant shooter des Spurs répond avec 63 pions, pour obtenir le premier de ses quatre titres de meilleur marqueur. Le grand David n'en remportera aucun. Comme pour contribuer à la légende, il n'existe étonnamment pas de traces visuelles de ce face-à-face, car aucun des matchs n'a été diffusé à la télé américaine.

 

Cette histoire aura un écho en 1994 avec un autre David : Robinson, qui pour rattraper Shaquille O'Neal, va claquer 71 points sur les Clippers et finir la saison en tête avec six unités d'avance sur le pivot d'Orlando.

 

 

Parfois, une dernière grosse performance est un moyen de faire passer un message : Michael Jordan score 46 points en 1988 contre Boston, alors leader incontesté de la Conférence Est depuis quatre ans. Le même soir, Michael Cage termine son récital de meilleur rebondeur du championnat en prenant 30 rebonds face aux Sonics.

 

Et puis, on trouve toujours des ovnis, des résultats sans réelle valeur mais inattendus. Le dernier jour de la saison 1996-97, Vancouver, bon dernier de la ligue va battre Phoenix grâce au triple-double du rookie Shareef Abdur-Rahim ( le seul de sa carrière!) et 39 points de Bryant ReevesL'année suivante, c'est Marcus Camby qui termine l'exercice des Raptors avec 13 points, 11 rebonds et dix contres !

  • Tout pour l'équipe

À coté de ces non-matchs, il y a aussi les exploits individuels qui renverse le classement au buzzer.

 

Le premier souvenir qui vient en tête, ce sont les deux tirs magiques de Kobe Bryant contre Portland en 2004. Avant ce dernier match, Sacramento mène la Pacific Division et possède le spot numéro 2 à l'Ouest. Avec le même bilan, mais un tie breaker à l'avantage des Kings, les Lakers doivent gagner dans l'Oregon, et espérer que leur rival perde à Golden State.

 

L.A s'embourbe chez le dixième de la Conférence, est mené toute la partie avant de revenir à trois minutes de la sirène. Il reste une minute et Derek Anderson vient de donner trois points d'avance aux Blazers. S'en suit un énorme concours de circonstances : Kobe rate deux lancers-francs, mais Ruben Patterson aussi dans les dernières secondes. Huit secondes, Bryant récupère la balle sur la remise en jeu. Il veut forcer la défense de Patterson mais rien n'y fait. En déséquilibre, il tente un de ses shoots les plus contestés. Prolongation.

 

Puis une seconde prolongation. Menés de deux points suite à une pénétration furtive de Damon Stoudamire, les Lakers ont deux secondes pour décocher un tir. Première tentative, passe ratée mais faute sur Fisher. Nouvel essai : Gary Payton trouve Kobe en sortie de raquette qui vient de semer son défenseur, et qui lance un tir arc-en-ciel qui transperce le filet. Cris stridents dans la salle et silence complet dans la cabine des commentateurs. Portland n'avait pas d'enjeu mais reste sous le choc.

 

Dans l'autre match, Sacramento passe la soirée à poursuivre les Warriors, revient à deux points à 49 secondes du buzzer mais Golden State tient bon (et conclue d'ailleurs sa victoire grâce à Michael Pietrus !). Kobe Bryant vient de donner la Pacific Division aux Lakers.

 

 

Parfois tout faire ne suffit pas. En 2005, LeBron James veut qualifier ses Cavaliers pour les play-offs, à égalité avec les Nets pour le dernière place à l'Est. Il joue l'intégralité du match face aux Raptors, et signe un gros triple-double (27 points, 14 rebonds, 14 passes) avec la victoire au bout. Malheureusement, New Jersey gagne aussi et s'empare du spot 8.

 

Pau Gasol s'en est mieux sorti la saison passée : avec ses 17 points, 20 rebonds et 11 passes, les Lakers battent Houston en prolongation et volent le septième siège à leur adversaire du soir.

 

 

Qui en fera autant cette année ? Quels joueurs vont prendre leurs responsabilités ? À une journée de la fin, la moitié des équipes qualifiées pour les playoffs ne connait pas encore son sort : Toronto et Chicago sont au coude à coude pour la troisième place à l'Est, Washington s'accroche à Brooklyn, idem à l'Ouest avec les Clippers juste derrière le Thunder deuxième, et Mavs et Grizzlies organisent un duel pour le septième spot. 

  • Les affrontements directs

Plusieurs matchs peuvent être sujets à des moments mémorables : Dallas joue donc à Memphis, Chicago affronte Charlotte, les Clippers se déplacent à Portland. Tous ont des ambitions et des craintes : gagner ou conserver sa place, avoir l'avantage du terrain au moins au premier tour.

 

On aura du mal à réitérer un scenario aussi compliqué que celui de la saison 2009. Derrière les Lakers, quatre équipes se tiennent en un match : Denver (54-27), San Antonio, Portland et Houston (53-28). Pour les spots 6 et 7, Dallas et New Orleans sont à égalité (49-32). Dans un joli capharnaüm, Dallas bat Houston, Portland étrille Denver, et San Antonio se sauve en prolongation contre New Orleans, après un tir longue distance de Michael Finley !

 

Du coup, les Nuggets sont à égalité avec les Blazers mais grâce au magnifique jeu des confrontations directes, sont déclarés deuxièmes, Portland est quatrième. Les Spurs remporte la division et sont troisième juste devant les Rockets, qui tombe à la cinquième position. Et Dallas vole la sixième place aux Hornets.

 

 

Mais ce n'est pas fini ! À l'Est : les Sixers se battent à distance avec les Bulls pour la sixième place. Toronto gagne à Chicago, laissant à Philly la possibilité de les doubler. Les 76ers affrontent... Cleveland, meilleur équipe de la saison, qui n'a perdu qu'une fois à domicile. Pourtant les Cavs sont menés de trois points quand Daniel Gibson commande une prolongation à la dernière seconde ! Au bout de cinq minutes, Philadelphie tient son exploit avec un petit point d'écart, et s'offre le siège #6.

 

Chicago tombera en play-offs contre Boston pour ce qui sera sans doute la meilleure série de premier tour de l'Histoire de la ligue (4-3 pour les Celtics, sept prolongations sur quatre matchs).

  • La grande sortie

Le dernier match de la saison est aussi l'occasion de faire ses adieux à ceux qui partent en retraite. Ils ne jouent pas forcément leur dernière rencontre, mais les play-offs peuvent s'arrêter brusquement, alors autant prendre le temps de leur rendre hommage pour la fin des 82 batailles.

 

En 2005, c'est tout l'Indiana qui remercie Reggie Miller en 2006 pour ses 18 ans de carrière. Seul John Stockton est resté plus longtemps dans un club. Le roi du missile longue distance aura réussi à faire connaître les Pacers comme personne. 

 

 

Et puis c'est un 23 avril 1989 qu'a été célébré le départ du plus grand scoreur de la NBA, un monstre de longévité sans équivalent nommé Kareem Abdul-Jabbar. À 41 ans, le sextuple champion fait ses adieux sous les applaudissements, installé dans un fauteuil qui lui donne brusquement un sacré coup de vieux.

 

 

Il y a deux ans, Brad Miller n'avait pas pu retenir ses larmes pour son dernier match avec les Wolves. En hommage au pivot deux fois All-Star, ses coéquipiers avaient porté le même bandeau qu'il mettait à chaque rencontre. 

 

 

Il n'y aura sans doute pas de cérémonie pour honorer une fin de carrière ce 16 avril. D'abord parce que les candidats sont peu nombreux. Steve Nash veut continuer, Mike James et ses 38 ans aussi. Rien d'officiel concernant le départ de Chauncey Billups. Et puis certains joueurs ne partiront qu'en fonction des résultats de leur équipe : on pense à Tim Duncan bien sûr, Manu Ginobili, Ray Allen, Derek Fisher ou Kevin Garnett qui ont chacun des ambitions de titre NBA. Autant dire que le cérémonial de fin de saison régulière leur passe au-dessus de la tête. Même Shane Battier, qui a pourtant annoncé qu'il ferait ses adieux aux parquets à moins d'un miracle, préfère sans doute s'imaginer jouer en juin. Pour mieux profiter des derniers instants.