Cleveland cette saison, Docteur Jekyll ou Mr Hyde ?

Cleveland cette saison, Docteur Jekyll ou Mr Hyde ?

Cleveland Cavaliers

Après une trade deadline de folie, qui à vu l'effectif être bouleversé, retour sur une saison particulière du côté de Cleveland.

Que celui qui avait prévu une saison de cet acabit de la part des Cavs lève la main et me donne les chiffres du loto ! 

 

Avant tout, petit regard dans le rétroviseur, avec un retour en Juin 2017. Cleveland affronte Golden State en Finale pour la troisième année consécutive, c'est l'heure des règlements de compte entre les deux derniers champions en date. Une belle qui va tourner court, tant l'équipe de la baie d'Okland domine son sujet. Kevin Durant est au sommet de son art, justifiant le choix contesté des Warriors, et la franchise de l'Ohio évite de justesse un sweep. LeBron James perd sa cinquième Finale NBA, malgré un triple double de moyenne. Un nouveau titre de la bande à Stephen Curry qui en appelle d'autres, cette équipe des Warriors étant peut être la plus forte de l'histoire. 

 

Alors à l'été 2017, le propriétaire Dan Gilbert se sépare de son General Manager, David Griffin, contre toute attente, et offre le poste à Koby Altman, novice en la matière. Ce dernier se montre efficace tout de suite : alors qu'il arrive dans une situation compliquée, il parvient à bonifier l'effectif. Exit les vétérans James Jones, Richard Jefferson, Deron Williams ou encore Derrick Williams qui n'apportaient pas grand chose, excepté peut être Jefferson. Il parvient à attirer Dwyane Wade, Derrick Rose et Jeff Green pour le minimum salarial, ce qui compense largement les départs et offre une vraie profondeur d'effectif sur le papier. Il obtient aussi la prolongation de Kyle Korver pour 22 millions sur trois ans, et l'effectif semble au complet. On pense alors que cette équipe va repartir pour un tour, mais quelques jours seulement avant le début du camp d'entraînement, une incroyable nouvelle tombe : Kyrie Irving demande son transfert ! Cette annonce à l'effet d'une bombe dans la NBA, tant elle est inattendue. Certes, il y avait déjà eu des rumeurs de tensions entre Irving et LeBron, le meneur ne souhaitant plus être dans l'ombre du King, mais de là à imaginer un transfert, personne n'y avait pensé. Cleveland se retrouve donc dos au mur et doit trouver une porte de sortie au plus vite. Se monte alors un blockbuster trade entre la franchise de l'Ohio et les Celtics. Danny Ainge, qui à fait signer Gordon Hayward au début de l'été, voit là l'occasion d'ajouter la pièce qui manque à son effectif et saute dessus. En quelques jours l'échange est bouclé : Irving part à Boston quand les Cavaliers récupèrent Isiah Thomas, Jae Crowder, Ante Zizic ainsi que le choix de draft des Nets. Une contre-partie quasiment inespérée pour Koby Altman qui récupère deux joueurs d'expérience, un jeune intérieur à potentiel et un pick qui pourrait valoir très cher lors de la Draft 2018. Mais premier hic, Thomas est blessé à la hanche, et l'échange n'est pas loin de capoter quand Cleveland annonce que les Celtics auraient menti sur la gravité de sa blessure. Un second tour de draft plus tard, l'échange est finalement conclu, mais des premiers doutes apparaissent quand à la capacité du lutin à revenir à son meilleur niveau. 

 

À la suite de cet été mouvementé, l'optimisme est tout de même rigueur dans l'Ohio. L'effectif semble profond, composé à majorité de joueurs d'expérience et revanchards, comme Crowder, Wade ou Thomas. Un cinq majeur se dessine alors : Derrick Rose à la mène, en attendant le retour de Thomas aux affaires, Dwyane Wade au poste 2, Jae Crowder en petit-ailier,et une raquette composée de Lebron James et Kevin Love. Ce dernier a d'ailleurs appris par LeBron, lors du camp d'entraînement, qu'il jouerait pivot cette saison. La banc aussi paraît équilibré entre shooteurs (Kyle Korver, Channing Frye et JR Smith) et des joueurs capables d'avoir un impact physique (Jeff Green, Iman Shumpert ou Tristan Thompson). Les ambitions sont légitimes mais deux bémol apparaissent alors, la manque de défense et d'un entraîneur de qualité. Si l'équipe peut être monstrueuse en attaque, de l'autre côté du terrain c'est moins glorieux. La doublette Rose/Wade à l'extérieur et Love en protecteur d'anneau, ce n'est pas vraiment une garantie tous risques, surtout qu'il n'y a aucun spécialiste sur le banc excepté peut être Shumpert qui peut dépanner. Mais tout cela est ajustable quand on dispose d'un coach de renom. Et encore une fois de ce côté-ci le bât blesse à Cleveland, avec Tyronn Lue comme chef d'orchestre. L'ex-joueur des Lakers n'ayant clairement pas la carrure pour emmener une équipe au titre, les deux dernières Finales reposant plus sur l'impact de LeBron qu'autre chose. 

 

C'est sur ce mélange satisfactions-doutes, que la franchise entame la saison 2017-2018. Et dès les premiers matchs, les doutes se confirment. L'équipe perd 7 matchs sur 12, avec de vilaines défaites face à Orlando, Brooklyn ou encore Atlanta. S'ensuit alors une grosse série de victoires, 18 en 19 rencontres, ce qui dissipent un peu les angoisses. Mais cette série est à nuancer, Cleveland n'ayant pas affronté d'équipes qu'on peut considérer de top niveau (Golden State, Houston, San Antonio, Boston, Toronto ou Oklahoma). Cette série est d'ailleurs vite remise en cause, car les Cavaliers enchaînent 14 défaites lors des 22 derniers matchs. Ce qui inquiète particulièrement les fans, c'est l'absence totale de défense depuis Noël. Sur ces 22 matchs, la bande de LeBron à encaissé 19 fois au moins 100 points dont 12 fois au moins 110. C'est d'ailleurs la première fois de sa carrière que le King encaisse autant de points dans un match. Dans le détail, Cleveland a accumulé les performances piteuses en défense : 127 points encaissés deux fois face Orlando puis Minnesota, 125 face à Détroit, 133 contre Toronto et une humiliation contre le Thunder avec 148 points dans la musette. Dernière (contre)performance en date, une victoire après prolongation contre les Wolves mais avec 138 points encaissés. 

 

Dans ce marasme défensif, les premières déclarations tombent. James le premier, qui avoue à demi-mots les problèmes de son équipe, préférant dire que l'Est à progressé : 

 

L'Est est très bon cette année et nous ne sommes pas si bons. On verra dans le futur. 

 

Puis c'est au tour de Lue de tenter de sonner la sonnette d'alarme, mais d'une façon très particulière : 

 

Ils doivent se débarasser de leurs agendas et jouer comme il faut. 

 

Il fait ici allusion aux joueurs de son effectif qui seraient plus concernés par la suite de leur carrière que par la saion en cours. Il poursuit même en en parlant de ménage à faire : 

 

À l'intérieur ce n'est pas bon ... Il faut faire le ménage sur beaucoup de choses. Je pense d'abord, et c'est la priorité, qu'il faut se donner absolument à fond et être motivé.

 

Pour LeBron James cette sortie ne passe pas, celui qui à tout donné à sa ville ne comprend pas les remontrances de Tyronn Lue : 

 

Je n'ai pas d'agenda. J'en suis à trois ans et demi, quatre ans ici, et j'epère ne pas en avoir (d'agenda). Je n'en ai pas. Je veux juste gagner. 

 

Des propos qui peuvent témoigner de la naissance de premières tensions entre le staff et le groupe. Mais quelques jours plus tard Lue fait marche arrière, et annonce que son équipe est la meilleure de l'Est

 

Nous ne le sommes pas pour le moment, mais nous serons la meilleure équipe de l'Est, oui. Nous ne jouons pas de la meilleure des manières, mais ça va venir. 

 

Un optimisme qui paraît totalement faux, à l'heure où l'équipe est au plus mal. Surtout que des déclarations de LeBron, après la déroute face au Thunder, sèment le doute quand à son avenir : 

 

J'espère qu'il (Tyronn Lue) ne se fera pas virer mais je ne sais vraiment pas. Je ne sais pas ce qui va se passer avec notre équipe. Je n'ai pas d'idées sur les rumeurs. J'essaie juste de rester attentif pour garder mes coéquipier prêts à jouer. 

 

Et enfin, alors que l'équipe est au bord de l'implosion, Tyronn Lue explique que tout va bien, qu'il ne faut rien changer et que l'équipe est sur la bonne voie. 

 

C'est dans cette ambiance peu joyeuse que Cleveland abordait la trade deadline hier soir. Et là, boom, l'effectif est totalement chamboulé, les Cavs étant les grands animateurs de cette soirée. Au total ce sont six joueurs, soit plus d'un tiers de l'effectif, qui quittent le navire, remplacés par quatre petits nouveaux. Pour commencer la soirée, Isiah Thomas est envoyé aux Lakers en compagnie de Channing Frye; Jordan Clarkson et Larry Nance Jr faisant le chemin inverse. Puis c'est au tour de de Crowder, Rose et Shumpert de faire leurs valises. En échange les Cavaliers reçoivent Rodney Hood du Jazz et George Hill de Sacramento. Et pour finir la soirée, Cleveland renvoie Wade à Miami quasiment gratuitement (un second tour de draft ''ultra-protégé'' selon Adrian Wojnarowski). 

 

Tous ces mouvements permettent aux Cavs de rajeunir leur effectif qui devient plus cohérent, tout en abaissant un peu la luxury tax. S'il y a moins de noms ronflants (départ de Rose ou Wade) les arrivants ont deux avantages : ils sont capables d'aider LeBron tout de suite dans sa quête de titre, mais c'est également une assurance pour la franchise au cas où le King quitterait l'Ohio cet été. En effet, en dehors de Crowder et Shumpert (qui n'avait qu'un an de contrat en plus), tous les joueurs échangés étaient expirants cet été, quand ceux qui arrivent ont tous encore deux ans de contrat (sauf Hood). Si on fait le bilan de cette dernière journée de transferts, Cleveland récupère une équipe plus jeune (27 ans de moyenne d'âge contre 30 avant), qui paraît mieux armé, notamment en défense. Surtout elle consolide un peu son futur, Nance et Hood étant dans leur contrat rookie, ils seront restricted free-agents, ce qui permettra à la franchise de s'aligner sur toutes les offres. 

 

Au final, tous ces échanges auront permis aux Cavs d'avoir un roster plus équilibré tout en envoyant un signal fort à LeBron James. Koby Altman, et dans une moindre mesure Dan Gilbert, montrent que la direction est capable d'entourer son Franchise Player, sans enterrer ses perspectives d'avenir. Surtout qu'ils ont réussi à faire tous ces mouvements sans toucher au choix des Nets, ce qui assure un joli pick dans une draft qui s'annonce très prometteuse. Le seul bémol restant le niveau de l'entraîneur, tant Tyronn Lue apparaît trop faible tactiquement comme dans la gestion des hommes. 

 

Rest donc à voir ce que va faire la direction dans les prochains jours, repartir à zéro avec une nouvelle tête sur le banc ou continuer à espérer une progression de Lue. Dans tous les cas, les Cavs avaient besoin de changement pour envisager une fin de saison en trombe, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'Altman à plutôt bien bossé. Celui qui est rookie dans l'exercice, s'impose peu à peu comme un homme fort de la franchise, capable de faire des choix et tenter des choses. Reste à voir ce que va proposer l'équipe sur la fin de saison, mais fans des Cavaliers relevez la tête, cette fin de saison s'annonce passionnante !