Merci Philadelphie. C'est ce que pouvaient se dire les fans des C's après la seule victoire de leur équipe en neuf matchs, face aux très faibles Sixers, avant un succès à l'arrachée contre Detroit hier.
Si la franchise aux 17 titres peut toujours surprendre son monde, la stratégie « tout pour l'attaque » du système de Brad Stevens commence clairement à coincer.
- L'attaque est-elle si bonne que ça ?
N°1 en points inscrits par match après les premiers jours de compétition, Boston a logiquement rétrogradé derrière pas moins de dix équipes depuis. À bien y regarder, la force offensive des Celtics est basée sur la quantité plus que sur la qualité. Parmi les 17 formations qui scorent plus de 100 unités par rencontre cette saison, ils ne sont que 16èmes en offensive rating (106.0 points pour 100 possessions au 3 décembre).
En fait, s'ils marquent beaucoup, c'est surtout parce qu'ils jouent vite : personne ne joue autant de possessions parmi ce top 14 à part les Warriors.
Quels sont alors les atouts des vert et blanc ? Marquer sous le cercle (51.7% à deux points, plus de la moitié des tirs de Boston sont pris à moins d'un mètre du panier), grâce aux physiques de Jared Sullinger, Kelly Olynyk, et aux nombreuses pénétrations de Rajon Rondo. Ils ont également la particularité d'avoir des joueurs aux cinq postes capables de scorer de près comme de plus de 7.23 m.
Les C's sont par contre plutôt mauvais à trois points (31.8 %, 29ème de la ligue) et ont une grosse difficulté à obtenir des lancers-francs (avant-dernier en tirs tentés et réussis).Ils ne sont pas particulièrement doués aux rebonds offensifs, si ce n'est les 2.9 prises de Sullinger par match.
Ils vont vite et à l'essentiel, avec le joueur disponible.
- La défense est-elle si mauvaise ?
Dans le système actuel oui. Du fait de la rapidité de leur jeu, ils subissent beaucoup d'attaques dans la raquette (c'est eux qui encaissent le plus de points depuis cette zone). Mais étonnamment, compte-tenu du volume d'essais adverses, le résultat n'est pas si catastrophique (22ème avec 49.9% d'adresse ennemie à deux points). Le vrai souci, c'est que cette équipe ne sait pas défendre les tirs à trois points.
Un exemple typique face à Detroit ce mercredi où les Celtics se font rattraper dans les dernières secondes du temps réglementaire par un tir longue distance non contesté.
Une situation typique de mismatch défensif qui montre un manque de communication entre les joueurs mais aussi une particularité propre à Boston : un souci de gabarit. Les C's ont beaucoup de joueurs listés à moins de deux mètres (Pressley, Rondo, Bradley, Smart, Thornton) et les intérieurs hésitent parfois à venir en soutien jusqu'à la ligne extérieure, offrant des tirs plus ouverts aux shooteurs adverses.
Mais étonnament, Boston est une équipe assez douée au rebond défensif, avec en plus deux tours de contrôle toutes neuves (Olynyk et Zeller) et au moins cinq joueurs capables de capter cinq prises par rencontre (sur 36 minutes).
- Peut-on y voir un syndrome Rondo ?
Boston vit actuellement selon son meneur, un talent global sans équivalent (7.7 rebonds, 11.1 passes, seuls Magic Johnson et Oscar Robertson ont atteint ces altitudes) qui dirige la bonne distribution des ballons (25.5 assists de moyenne, n°3 du championnat).
Mais à bien y regarder, Rondo n'est pas vraiment une valeur sûre offensivement. Il fait beaucoup, certes, mais son rendement est contestable : son équipe est plus efficace (de 0.7 points pour 100 possessions) quand il est sur le banc.
Dans un système désarticulé où tout le monde veut tout faire (les cinq titulaires tentent chacun entre un et cinq tirs longue distances par match, et le plus adroit est le pivot Olynyk !), RR fait office de meilleur couteau suisse. Malgré ses talents, il n'y a rien de logique à ce que le meneur soit le deuxième meilleur rebondeur de l'effectif.
Personne ne ressort vraiment du lot excepté Rondo. Tous les autres sont versatiles mais sans réelle spécialité, ce qui est aussi lié à une forte inexpérience.
- Faut-il espérer un ralentissement ?
Brad Stevens a voulu mettre l'accent sur un jeu plus ouvert, plus rapide après un exercice 2013-14 où Boston faisait partie d'une des cinq moins bonnes attaques de la ligue.
En plus cette équipe est jeune, avec un seul trentenaire, le désormais figuratif Gerald Wallace.
Les Celtics n'auraient-ils donc pas intérêt à privilégier un peu plus de défense même avec des joueurs à vocation offensive ? C'est une recette qui a plutôt bien marché pour les Raptors et surtout les Warriors, qui affichent maintenant une efficacité redoutable des deux côtés du terrain.
Il est vrai que ces deux exemples comptaient aussi des joueurs avec un potentiel bien supérieur à celui l'effectif des C's mais il va bien falloir ajouter un peu de solidité à ce groupe sur long terme.
Il ne faut pas oublier que Rondo a été quatre fois élu parmi les 10 meilleurs défenseurs de la NBA. Et la triplette Sullinger-Olynyk-Zeller a les ressources pour fermer la raquette. Il ne manquerait plus qu'un pot de colle sur les ailes pour que Boston affiche un des meilleurs blocs de la Conférence.
Mais le groupe de Stevens est parti sur un tel rythme qu'il va être difficile de calmer le jeu en cours de parcours, surtout pour une équipe sans ambitions cette saison, et susceptible d'être chamboulée à tout moment. La stratégie du jeune coach a au moins le mérite de mettre en confiance ses débutants, dans un système de jeu divertissant où ils peuvent s'épanouir. Car c'est sans nul doute une des priorités de l'ancien entraîneur universitaire : créer une synergie. L'équilibre viendra plus tard.