Patrick Beverley, du sang et des larmes

Patrick Beverley, du sang et des larmes

Patrick Beverley - Houston Rockets - James Harden - Dwight Howard - Ty Lawson

Suite de notre série dédiée aux retours la saison prochaine. Place aujourd'hui à la neuvième place occupée par l'intrépide Patrick Beverley.

Attention chien méchant ! Les meneurs sont avertis, leur pire cauchemar est de retour la saison prochaine. Drafté en 42ème position en 2009 par les Los Angeles Lakers, Patrick Beverley a connu un parcours atypique avant de s'imposer dans la grande Ligue. Passé par l'Olympiakos et le Spartak de Saint-Pétersbourg, coupé par le Heat lors de la Summer League 2010, le meneur originaire de Chicago a même connu la D-League avec les Vipers de Rio Grande Valley. Le 14 janvier 2013, il est finalement rappelé en NBA les Houston Rockets et va imposer sa hargne dans le Texas. Une franchise sur mesure dans laquelle il parvient à exprimer son talent et figurer dans la deuxième meilleure équipe défensive de la NBA en 2014. Le chien enragé est prêt à défendre son territoire, dès la rentrée en novembre prochain.

 

  • Un défenseur hors pair

 

Depuis son arrivée sur les parquets NBA, les statistiques de Patrick Beverley peuvent paraître peu reluisantes. Il tourne la saison dernière à 10,1 points, 4,2 rebonds et 3,4 passes décisives en 30,8 minutes de jeu lors de ses 56 matchs de saison régulière. Un apport qui peut être remis en question au vu du bilan de Houston en son absence : sur ses 56 matchs joués, la franchise texane affiche un bilan de 36 victoires pour 20 défaites, soit 64% de victoire. En son absence, les Rockets semblent être plus solides en saison régulière. Avec entre autres la venue de Josh Smith, la révélation Donatas Motiejunas et un James Harden en mode MVP, la franchise texane se targue d'un bilan impressionnant de 20 victoires pour seulement 6 défaites, soit 76,9% de victoire.  Patrick Beverley serait-il une imposture ? 

 

Au vu de ces statistiques, l'influence du meneur semble discutable, mais lorsque l'on regarde de plus près, son impact est juste phénoménal même si cela ne se fait pas forcément ressentir dans des statistiques individuelles " primaires ".  

 

Prenons tout d'abord la defensive rating des Rockets lors de son arrivé en janvier 2013. Au cours des 41 premiers matchs de la saison, l'équipe du Texas encaissait 103,8 points en 100 possessions. En faisant venir dans ses rangs Patrick Beverley, Houston pouvait se vanter d'avoir trouver le chien de garde dont la franchise avait besoin. Lorsque ce dernier est en uniforme, les équipes adverses inscrivent en moyenne 5 points de moins (98,8) en 100 possessions. Le tableau suivant témoigne aussi de son importance notamment face à des adversaires directs coriaces  :

 

Défense de Patrick Beverley contre les meneurs de la Conférence Ouest

 

Joueurs

contre Beverley

Tirs inscritsTirs tentés

% face à 

Beverley

 % en moyenneDifférence
Chris Paul 62326,1%47,7%- 21,6%
Ty Lawson82828,6%43,4%- 14,8%
Mike Conley92339,1%44,8%- 5,7%
Stephen Curry112445,8%47,9%- 2,1%
Damian Lillard122744,4%42,9%1,5
Russell Westbrook51145,5%43%2,5%
TOTAL5113637,545%-7,5%

 

Sur les deux dernières saisons, Patrick Beverley a donc réussi à limiter le gratin des meneurs de la Conférence Ouest, démontrant son impact de pitbull sans avoir des statistiques personnelles flashy

 

Le meneur de Houston ne va pas devenir un scoreur explosif et un créateur hors pair la saison prochaine. Loin de la hype des meneurs scoreurs en vogue en NBA, il va s'appuyer sur sa défense rugueuse pour jouer un rôle de l'ombre au combien important pour l'avenir des Rockets.

 

  • L'aboyeur des fusées de Houston

 

Si le pilote et commandant de la fusée made in Houston est incontestablement James Harden​, Patrick Beverley n'en demeure pas moins un aboyeur de luxe. Son association avec Ty Lawson va à cet égard booster la franchise texane. L'arrivée d'un nouveau joueur au même poste représente à l'accoutumé un danger pour le joueur en question. Mais compte tenu de l'évolution du jeu en NBA qui se porte de plus en plus vers le small ball et des line up à deux meneurs, la présence de Ty Lawson pourrait avoir des répercussions positives pour Patrick Beverley. En poussant un peu plus loin, une diminution de son temps de jeu lui serait bénéfique. Avec moins de pression, il n'aura plus à se préoccuper du scoring et de ses statistiques, mais il retrouvera son rôle qui lui sied le mieux et pour lequel Houston l'a engagé : être le chien de garde défensif de son équipe, ne rien lâcher. Touché au menisque en mars 2014 et au poignet gauche la saison dernière, le meneur n'a disputé que 68% des matchs de son équipe sur les deux dernières saisons, soit 112 matchs sur 164 possibles. Son rôle en sortie de banc lui permettra dès lors de reprendre petit à petit ses sensations et de récupérer plus aisément après ces saisons marquées par le sceau des blessures. 

 

Si statistiquement, Patrick Beverley ne pèsera pas forcément, son retour insufflera une dynamique essentiel à la survie des Rockets dans une Conférence Ouest aux allures de tranchées. Tenace, il se fout royalement de la réputation de ses adversaires et ne cesse de se démener en défense. Pour une équipe comme Houston, ce retour est prépondérant dans l'optique d'une identité défensive plus solide et moins raillée. Cantonné à son rôle de prédilection, le meneur de 27 ans va amener une toute autre culture à son équipe. 

 

  • Beverley l'intrepide 

 

Si certains y voient un rôle dérisoire au vu de la force de frappe offensive de Houston (103,9 points par match, soit la sixième meilleur attaque de la Ligue), son influence sera fondamentale au cours des prochains playoffs. Les Rockets sont persuadés d'avoir une équipe compétitive capable de jouer le titre. La présence de Patrick Beverley est obligatoire pour rendre leurs aspirations crédibles. Compétiteur invétéré, il ne recule devant rien. Russel Westbrook s'en souvient certainement lors des playoffs 2013. Lors du match 2 du Premier tour, sur une demande de temps-mort anodine, Beverley tente l'interception et percute le genou du All Star qui se met immédiatement à boiter et qui ratera par la même occasion le reste des playoffs. Le meneur de Houston se donne à fond et aime se frotter aux meilleurs meneurs de la Ligue. Grâce à sa rapidité, sa ténacité et ses fondamentaux défensifs, il est l'un des meilleurs défenseurs sur pick-and-roll et sur isolation comme en témoigne les 0,629 points qu'il autorise par possession dans ces situations précises. Face au mutant Russell Westbrook, au génie de Stephen Curry et à la science de Chris Paul, Patrick Beverley est le seul de son équipe capable de leur poser des problèmes. Son absence face aux Golden State Warriors à cet égard a été criante. En l'absence de l'aboyeur du Texas, Chief Curry s'est tout simplement promené tout au long des Finales de Conférence en tournant à 31,2 points sur la série à 51% au shoot et 49% à 3 points. 

 

Le retour de Patrick Beverley ne fera pas couler autant d'encre que le retour de ses paires ultra-médiatisés et All-Star. Néanmoins, son ajout à l'armada de Houston permettra aux Rockets d'être mieux armés pour affronter les mastodontes de la Conférence Ouest durant les playoffs. De là à en faire un sérieux contender ?