Il faut appeler un chat un chat, cette intersaison 2019 est probablement la plus folle de l’histoire NBA. Après l’arrivée de Kawhi Leonard et Paul George chez les Clippers, on savait que le Thunder s’apprêtait à continuer son grand remue-ménage, mais on ne pensait pas assister à un tel blockbuster trade. Cette nuit, le Thunder a donc échangé son joueur le plus fidèle et le plus emblématique, Russell Westbrook, pour récupérer de Houston Chris Paul, ainsi que les premiers tours 2024 et 2026 des Rockets et des échanges de choix où Oklahoma City récupèrera le meilleur choix des deux équipes en 2021 et 2025. Dans l’immédiat, il est difficile de juger ce transfert énorme, mais on peut déjà y voir clair dans la stratégie mise en place par les deux équipes.
Côté Thunder d’abord, la reconstruction est définitivement actée. Après deux échecs retentissants au premier tour des playoffs 2018 et 2019 qui menèrent à la demande de transfert du clan Paul George vers sa ville de cœur Los Angeles, Sam Presti n’avait plus le choix. Il a donc décidé de dynamiter pierre par pierre les piliers les plus importants de son effectif. La pièce la plus importante s’est sans doute détruite cette nuit. Russell Westbrook était le symbole d’Oklahoma City, le visage de la franchise depuis 10 ans. En une nuit, tout cela s’est effacé laissant place à une nouvelle ère incertaine. Dans cet échange, on sent deux volontés chez Sam Presti. D’abord, il économise un tout petit peu d’argent. En effet, Chris Paul et Russell Westbrook possèdent un contrat très similaire à une exception près. Celui de Chris Paul s’arrêtera une saison avant celui de Westbrook, en 2022. Cette date nous paraît très lointaine aujourd’hui mais dans quelques années, ce détail fera respirer les finances du Thunder un an avant la date espérée. Enfin, l’autre intérêt bien plus important de ce transfert est la nouvelle récupération de quelques tours de drafts. Deux premiers tours et deux choix à échanger sont récupérés dans la balance pour compenser le niveau de Paul inférieur à Westbrook aujourd’hui. Désormais, Oklahoma City compte (en ajoutant les échanges de choix) 15 premiers tours de draft jusqu’en 2026 ! Un nombre énorme qui n’avait jamais été approché dans l’histoire de la NBA. Steven Adams est le prochain sur la sellette pour un éventuel transfert, tout en sachant que Chris Paul ne devrait pas s’éterniser non plus dans l’Oklahoma.
Côté Rockets maintenant, ce transfert a un tout autre intérêt, et il est sportif ! Daryl Morey a encore une fois prouvé qu’il était un infatigable opportuniste avec ce transfert rocambolesque et inattendu. On savait qu’il voulait maintenir ses Rockets parmi les prétendants au titre tout en sachant que la formule précédente ne marchait pas. Il a donc trouvé une solution, un dernier pari pour aider James Harden à conquérir un titre NBA avec la franchise texane. Pour cela, il a donc réussi à se débarrasser de Chris Paul dont le contrat toxique (qu’il avait lui-même validé) était un poids pour toute l’équipe. Certes, il récupère un contrat tout aussi onéreux mais cette fois, il aura davantage de garanties. Il a aussi la garantie que Russell Westbrook n’aura pas 37 ans à la fin de celui-ci. Derrière ce transfert, c’est apparemment une réunion entre Harden et Westbrook qui aurait tout déclenché. Les deux anciens MVP auraient eu tous les deux une intense envie de jouer ensemble, qui a ensuite poussé les deux GM vers cette décision. Les deux joueurs vont donc se retrouver pour la seconde fois de leur carrière, après s’être connus avec le Thunder le temps d’une finale NBA. Les Rockets lâchent également un certain nombre de tours de draft dans la balance mais qu’importe, c’est le prix à payer pour rester un prétendant au titre. Pourtant, cette hypothèse n’est pas garantie. La balle est désormais dans les mains de Mike D’Antoni qui va devoir trouver un moyen de faire cohabiter ce back-court de rêve sur le même terrain avec un seul ballon, tout un casse-tête.
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