Quatre ans déjà qu'Aaron Gordon régale les fans de NBA de tomars, windmills et autres putback dunks. Actuel leader d'Orlando au scoring et second aux rebonds, l'ailier est en quête d'un nouveau statut dans la Ligue et pourrait bien recevoir le pactole cet été de la part de sa franchise. Pourtant, son parcours n'a pas été un long fleuve tranquille depuis sa draft en 2014. Gros prospect dès ses années lycée, Gordon rafle deux fois consécutives le titre de California Mr Basketball. Lors de son année senior à San José, il tourne à 21.6 points, 15.7 rebonds et 3.3 blocks. Après une petite année à Arizona en NCAA, Gordon se présente à la draft. Phénomène athlétique inarrêtable sur jeu de transition, le Wildcat est choisi en quatrième position par le Magic, juste derrière Andrew Wiggins, Jabari Parker et Joel Embiid. En reconstruction, la franchise floridienne n'est pas l'endroit propice à son développement. En quatre ans, Gordon va connaître autant de coachs (Jacque Vaughn, James Borrego, Scott Skiles, Frank Vogel) qui l'utilisent à toutes les sauces.
Pour ne rien arranger, son année rookie est ternie par une fracture du pied gauche qui le prive de la moitié de la saison. Plus jeune joueur de l'exercice 2014-2015, Gordon se contente de miettes en sortie de banc : 5.2 points et 3.6 rebonds. Sa seconde saison ne commence pas forcément mieux. Orlando vient d'offrir un contrat béton à Tobias Harris qui se goinfre l'essentiel des minutes aux postes 3 et 4. La délivrance arrive lors du All Star Game, le tournant de la carrière d'Aaron Gordon. Lors du Slam Dunk Contest, le marsupilami floridien rivalise de créativité dans son duel face à Zach LaVine dans un concours qui entre directement dans la légende. Gordon repart avec la médaille d'argent, mais peu importe, il s'est montré à la planète toute entière et place son nom sur l'échiquier de la balle orange. Dans la foulée, le Magic transfère Tobias Harris à Detroit, lui laissant le champs libre à l'aile. Gordon devient pour la première fois titulaire. Sa moyenne de points passe de 7 à 12 unités après le All Star Break. Cette fois, c'est sûr, sa carrière est lancée !
C'est sans compter sur l'ancien general manager d'Orlando, Rob Hennigan. En un été, le GM balance la moitié de l'effectif pour construire un roster bancal surchargé en big men : Serge Ibaka, Bismack Biyombo et Nikola Vucevic. Le nouveau coach Frank Vogel n'a pas d'autre choix que de décaler Gordon à l'aile. Une place pas forcément naturelle pour notre dunkeur fou qui shoote seulement à 29% derrière l'arc. Sa production stagne tout comme le Magic qui s'enfonce dans les eaux troubles de la Conférence Est. Encore une saison frustrante à jeter à la poubelle pour lui.
Eligible à la rookie scale extension cet été, la franchise floridienne a préféré attendre pour signer un gros chèque à Gordon. Là où Andrew Wiggins et Joel Embiid ont déjà décroché le pactole, le joueur du Magic doit absolument faire ses preuves cette saison. Pour la première fois de sa carrière, le contexte à Orlando lui est favorable : un coaching staff inchangé et une place de titulaire indiscutable au poste 4. En quelques matchs, Gordon confirme enfin les attentes placées sur lui : 41 points et 14 rebonds en octobre contre les Nets, puis 40 points et 15 rebonds en novembre contre le Thunder. Des stats de mammouth qui le font entrer dans le cercle très fermé de l'Histoire du Magic, en compagnie de Shaquille O'Neal et Dwight Howard. Deux grosses performances qui en disent long sur le potentiel intrinsèque du joueur, mais qui contrastent avec des jours sans où Gordon ne parvient pas à tirer son équipe vers le haut. C'est bien cette inconstance qui va être mis sur la balance où moment de prolonger son contrat.
Bosseur et volontaire, les progrès au shoot d'Aaron Gordon sont indéniables. Soucieux de s'adapter à la NBA moderne, il s'est forgé petit à petit un tir longue distance. A son arrivée à Orlando, il shootait en moyenne à 3 mètres du cercle. Trois années plus tard, sa distance moyenne a quasiment doublé. Depuis le début de saison, Gordon prend 41,7% de ses shoots from downtown avec un pourcentage d'adresse en perpétuelle progression (40,6% en 2017 sur 5,5 tentatives par match).
L'évolution du jeu d'Aaron Gordon est encore plus visible avec sa shooting chart. Si l'ailier floridien récolte encore un tiers de ses points dans la raquette, notamment grâce aux contre-attaques finies la tête dans le cercle, sa capacité à étirer le jeu est désormais intéressante. Une corde à son arc qu'il doit absolument acquérir. Puissant et rapide, si Gordon ajoute une adresse longue distance fiable à son CV, Orlando aura bien du mal à lui refuser un CDI.
La valeur plafond de Gordon est encore inconnue. Dans son projet de reconstruction, le front office du Magic doit forcément en tenir compte. Les dossiers de Tobias Harris et Victor Oladipo doivent trotter dans les têtes des dirigeants. Evacués par Rob Hennigan, les deux anciens joueurs d'Orlando s'éclatent à Detroit et Indiana. Prendre un tel risque avec Gordon pourrait être mal vu par les fans. Comme le déclarait récemment Evan Fournier, l'équipe ne compte pas encore de réel franchise player. Gordon n'a pas le talent pour le costume, mais il peut s'avérer être un excellent lieutenant dans le futur.
Même en gardant un cap space important pour la prochaine free agency, Orlando aura bien du mal à attirer un gros agent libre en juillet. Restricted free agent, les Floridiens pourront s'aligner sur les offres éventuelles autour de leur ailier. Actuellement, Bismack Biyombo et Evan Fournier sont les plus gros contrats de l'équipe (17 millions chacun). Au vue de cette hiérarchie, Gordon pourra lorgner sur la vingtaine de millions en juillet. Le nouveau GM du Magic, John Hammond, est plus ouvert au développement des joueurs comme il l'a fait à Milwaukee avec Giannis Antetokounmpo. On peut, donc, envisager que les dirigeants renouvellent leur confiance à Aaron Gordon. Avec le rookie prometteur Jonathan Isaac, Orlando espère certainement détenir un duo d'avenir, à l'instar du Greek Freak et de Jabari Parker l'an passé qui naviguaient avec succès entre les postes 3 et 4.