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Hier, Adam Silver a alors choisi de passer à la vitesse supérieure avec une stratégie bien plus agressive. C’est maintenant une enveloppe de 500 000 dollars soit un demi-million qui attend les jeunes talents qui souhaiteraient dire non à la NCAA. Un demi-million, ça a le mérite d’être immédiatement beaucoup plus convaincant. Cette somme a aussi le pouvoir de presque réduire à néant les ambitions de la ligue australienne, qui ne pourra jamais s’aligner sur des montants aussi importants et risque ainsi de perdre tout attrait chez les américains. Pour lancer le projet, la NBA a obtenu la signature de Jalen Green et Isiah Todd. Ce sont les stars qui devront déclencher un effet papillon. Deux lycéens labélisés comme des recrues 5 étoiles qui ont déclenché tout ce bruit autour du projet. Lancer une révolution avec des anonymes aurait forcément été moins réussi. En attirant un potentiel premier choix de Draft, la NBA devrait pouvoir attirer d’autres gros poissons rassurés sur la solidité de cette structure nouvelle.
Jalen Green et Isiah Todd seront-ils des joueurs de G-League comme les autres ? Pas du tout. Introduits par une NBA qui leur dresse le tapis rouge, ils vont être les premiers à lancer une toute nouvelle équipe de G-League. Cette équipe sera située en Californie du Sud, dans les environs de Los Angeles selon les premières informations des médias américains. La NBA pose un chapiteau de plus à Los Angeles dans le plus grand marché des États-Unis, quand il faut générer de l’argent, Adam Silver a toujours la bonne adresse. Cette équipe aura un statut spécial. Les informations là-dessus se comptent au compte-goutte pour l’instant, mais on sait déjà qu’elle ne participera pas au championnat de G-League. Elle ne disputera que des matchs d’exhibition, une douzaine selon les premiers chiffres avancés. Des matchs contre d’autres académies, voir même des équipes nationales sont également évoqués.
Tout compte fait, la NBA lance en G-League une équipe de développement pré-draft pour les jeunes basketteurs stars qui aimeraient voir grossir leur compte en banque sans attendre. Ils seront des stars en G-League, accompagnés de quelques vétérans qui seront sans doute priés de bien vouloir tout donner pour ces jeunes stars sans broncher. Finalement cette affaire, c’est simplement la NBA qui fait la promo de la NBA. L’arrivée de Jalen Green a été annoncée en grandes pompes sur tous les réseaux NBA. Cette signature s’est vue accompagnée de certains discours dangereux. La NBA assume à 300% sa stratégie agressive et agit comme un général de guerre qui souhaite tuer le modèle NCAA. La déclaration de Shareef Abdur-Rahim pour ESPN veut promouvoir la NBA comme la plus grande ligue de développement au monde, là où elle n’a jamais fait ses preuves dans ce domaine.
G-League President Shareef Abdur-Rahim tells ESPN: "The NBA is the best development system in the world, and those players shouldn't have to go somewhere else (abroad) to develop for a year. They should be in our development system." https://t.co/CniQPtMx5W
— Adrian Wojnarowski (@wojespn) April 16, 2020
Le problème, c’est que Shareef Abdur-Rahim se trompe. Non, la NBA ne pourra jamais remplacer la NCAA et ce même si elle en a l’ambition. Elle peut même essayer de tuer la NCAA mais rien n’y fera, la ligue universitaire n’a pas besoin de garder ses 10 ou 20 plus grandes stars pour exister. Au contraire de la NBA, c’est le nom qui est incrit sur le devant du maillot qui compte en NCAA (celui de l’équipe), plutôt que celui affiché dans le dos (celui du joueur). La NBA fait une erreur et sous-estime l’attachement du public à ses équipes NCAA. Rien n’est plus éphémère qu’une carrière universitaire. Les joueurs passent et s’en vont, mais les légendes derrière des noms comme Duke, Kentucky, North Carolina ou Georgetown ne s’éteindront jamais. La NCAA compte aussi 3 divisions, et les top teams comme les mid-majors attirent toutes un public de connaisseur. Un public attaché à son équipe universitaire et aux valeurs que cette équipe porte derrière des projets de jeu affirmés. En NCAA on meurt avec ses idées, mais la ligue elle ne va pas mourir sans des petites stars qui se croient déjà arrivés au plus haut sans n’avoir rien prouvé.
Jalen Green et Isiah Todd vont s’amuser en G-League. Ils vont découvrir les gymnases vides, les matchs diffusés à 140 spectateurs égarés sur Twitch ou encore les maillots sponsorisés par des marques de croquettes pour chiens. On caricature et ces joueurs risquent sans doute d’attirer plus de monde qu’à l’accoutumée, mais la passion sera elle bien rangée aux vestiaires. En attendant, ils sont sûrs qu’ils ne verront pas la magie de la NCAA et ses salles pleines à craquer qui entonnent toutes des chants devenus légendaires derrière le clairon des trompettistes placés à côtés des pom-pom girls. Une passion qui vaut bien plus que 500 000 pauvres dollars.
La G-League ne pourra pas non plus remplacer la NCAA dans son niveau de compétition hors-normes. Green et Todd auront tous les droits, tous les ballons, ce qui va rendre leurs statistiques on ne peut plus insignifiantes au bout du compte. Ils vont simplement laisser les recruteurs dans l’inconnu, incapables de savoir comment ces jeunes égarés affrontent la pression des grands matchs. Comment ils portent une équipe qui compte sur eux dans un match de championnat on ne peut plus anxiogène. En signant en G-League, Green et Todd ont également abandonné ces matchs si précieux dans une vie de sportif. La NCAA va surveiller les prochaines offensives de sa grande sœur pour sûr, mais elle n’est pas pour autant inquiète. Perdre quelques stars ne fera pas disparaitre la passion. Sur ce, on laisse le dernier mot à Chris Mack (coach de Louisville en NCAA). Comme il le résume très bien, pour 20 ou 30 frondeurs, il y aura toujours plus d’une centaine de stars qui ne snoberaient la NCAA pour rien au monde, même pas un joli chèque.