- La saison 2019-2020
Les Denver Nuggets sont officiellement devenus une grosse écurie de la conférence ouest. Pour leur deuxième année consécutive en playoffs, les pépites du Colorado se placent plus que jamais en sérieux contenders. La campagne des hommes de Michael Malone aura été exceptionnelle. Après une saison 2018-2019 impressionnante résultant sur une seconde place à l’ouest en saison régulière, Nikola Jokic et son squad avaient fait bien plus que retrouver les phases finales. Ils avaient atteint le second tour des playoffs avant de s’incliner en 7 matchs face aux Trail Blazers de Damian Lillard. Beaucoup d’observateurs parlaient, à raison, de l’inexpérience des joueurs de Denver. La saison passée a fait office de confirmation. La franchise a montré qu’elle avait des ambitions de titre et qu’elle pouvait frayer parmi les plus grands. La régulière a été maîtrisée malgré une fin d’exercice compliquée et des seeding games difficiles dans la bulle d’Orlando, où les coloradiens n’avaient glané que trois victoires en huit matchs. Cette montée en puissance des Nuggets depuis quelques années a été initiée par Nikola Jokic, qui ne cesse d’impressionner depuis son année rookie, et Mike Malone qui tient bien les rennes de son équipe et la coach avec justesse. Le pivot serbe et son entraîneur ont tout deux rejoint les rangs de Denver en 2015. Malgré une belle troisième place au classement de leur conférence cette année, peu nombreux sont ceux qui leur présageait un tel run en phases finales. Durant l'année, la franchise a connu des hauts et des bas et les performances de Nikola Jokic ont inquiété par moments. Après un démarrage de saison réussi en octobre et novembre, les mois suivants ont été plus difficile et Denver cumule notamment des défaites qui inquiètent comme face à Washington et Cleveland au mois de janvier. En février la franchise du Colorado ne comptabilise que six victoires pour dix matchs et termine sur un maigre trois victoires en six matchs avant l’interruption du mois de mars.
Les débuts de playoffs de Denver n’avaient rien du conte de fée. Leur premier tour face au Jazz fût très compliqué et après une première défaite, Utah enchaîne trois victoires et Donovan Mitchell propose deux feuilles de match à plus de 50 points sur les quatre premières rencontres. Alors que tout le monde voyait la série pliée et la saison de Denver terminée, Jamal Murray ne semblait pas avoir dit son dernier mot. Auteur d’un game 4 à 50 points, 11 rebonds et 7 passes décisives, le meneur canadien n’était pas du tout d’accord pour un retour précoce à la maison. Denver propose alors un nouveau visage, Jamal Murray est de nouveau omniprésent durant le match suivant et réalise un second match à 50 points lors du game 6 pour prolonger le voyage des siens à Orlando. Le dernier match de la série est très tendu et le scoring beaucoup plus limité, les défenses sont plus resserrées et aucun panier facile n’est concédé. Les Nuggets s’en sortent avec une victoire sur le fil, 80 à 78, à l’issue d’un tir manqué de Mike Conley qui a failli résulter sur un buzzer-beater. Le rideau tombe et les rêves de gloire du Jazz s’émiettent. Forts de cette victoire, les Nuggets rejoignent le second tour fatigués suite à un temps de repos très limité, qui semble d’ailleurs calmer l’euphorie de Jamal Murray lors de son interview post game 7. Lors des demi-finales de conférences, Denver retrouve les Los Angeles Clippers de Kawhi Leonard. La tâche semblait beaucoup plus ardue que face à Utah, surtout après les difficultés rencontrées au premier tour. Également menés 3-1 face, les Nuggets parviennent une nouvelle fois à renverser la vapeur et ressortent victorieux de ce second tour. Lors des trois derniers matchs les Clippers mènent au score à la mi-temps et semblent en passe de rejoindre les Lakers en finale de conférence. Les hommes de Malone ne sont cependant pas de cet avis et nous rappellent à chaque fois qu’un match de basket dure bel et bien 48 minutes. Lors du game 5, ils décrochent une victoire 111-105 en réalisant un beau 27-8 entre les troisième et quatrième quart-temps, sous l’impulsion d’un Paul Millsap qui ne souhaite visiblement pas faire ses valises dans l’immédiat. Quelques jours plus tard, les Clippers semblent mener leur barque et comptent 19 points d’avance à la mi-temps avant de concéder un 17-0 dans le troisième quart et de laisser filer la victoire. Enfin, malgré une avance confortable des Clippers par moments, la première mi-temps du match 7 se termine sur une avance de deux points seulement pour la franchise californienne. Alors que le match semblait jusque là plutôt équilibré, les joueurs de Doc Rivers reviennent sur le terrain et propose une performance fantomatique alors que de l’autre côté Jokic et Murray sont en feu et réalisent un grand match. Le meneur canadien termine son match à 40 points alors que le pivot serbe propose une feuille de route unique : 16 points, 22 rebonds, 13 passes décisives, 3 contres et 2 interceptions.
Malgré ces performances incroyables, les Nuggets ont chuté en finale de conférence face à des Lakers qui ont marché sur la concurrence tout au long des playoffs. En dépit d'une série perdue en cinq matchs, Denver n’a pas démérité. La victoire du second match leur a échappé sur un buzzer-beater d’Anthony Davis et ils ont gagné le troisième match sous l’impulsion de leur duo de stars et d’une belle performance de Jerami Grant. La défaite de a franchise du Colorado dans cette série ne peut même pas être considérée comme un échec tant l’équipe a montré de belles choses durant cette post-season. Ils n’étaient pas attendus en finale de conférence et plus que le fait d’y accéder, c’est la manière dont ils y sont parvenus qui est pleine de sens. Les joueurs ont montré qu’ils ont un mental d’acier et n’ont rien lâché en faisant face à l’élimination à 6 reprises. Historiquement, aucune équipe n’était remontée d’un 3-1 à deux reprises dans une même campagne de playoffs. En plus de cela, le cinq majeur de Denver était amputé de Will Barton qui s’était blessé au genou droit. En dehors du succès collectif, les performances de Jamal Murray resteront en mémoire. Le meneur a montré qu’il devait à minima être considéré comme l’un des meilleurs meneurs de la ligue. Jusque là beaucoup de doutes accompagnaient les débuts du jeune joueur en NBA. Capable du meilleur comme du pire et bien trop irrégulier, Jamal avait ses détracteurs. Après cette campagne, où tout le monde a pu voir l’étendue de son talent, son mental hors norme et l’impact qu’il peut avoir sur un match, le meneur semble en passe de changer de statut au sein de la ligue. Il ne lui reste plus qu’à confirmer que ses performances n’étaient pas passagères et issues du contexte particulier de la bulle.
- Les mouvements de l'intersaison
Arrivées :
Free Agency : Facundo Campazzo (Real Madrid), JaMychal Green (Los Angeles Clippers), Markus Howard (Non drafté), Greg Whittington (Galatasaray SK)
Draft : Zeke Nnaji (22ème pick), RJ Hampton (24ème pick - Milwaukee Bucks)
Départs :
Free Agency : Torrey Craig (Milwaukee Bucks), Mason Plumlee (Détroit Pistons), Troy Daniels, Keita Bates-Diop (San Antonio Spurs), Noah Vonleh (Chicago Bulls)
Trade : Jerami Grant (Détroit Pistons - Sign and Trade)
- L'effectif
Meneurs : Jamal Murray, Monte Morris, Facundo Campazzo, Markus Howard
Arrières : Gary Harris, PJ Dozier, RJ Hampton
Ailiers : Will Barton, Michael Porter Jr, Vlatko Čančar
Ailiers forts : Paul Millsap, JaMychal Green, Zeke Nnaji, Greg Whittington
Pivots : Nikola Jokić, Bol Bol, Isaiah Harstenstein
*Two-way contract
- Le cinq majeur
Jamal Murray (PG), Gary Harris (SG), Will Barton (SF), Paul Millsap (PF), Nikola Jokić (C)
Le cinq majeur proposé par Mike Malone devrait être exactement le même que la saison précédente. La seule réelle possibilité de changement est l’intégration de Michael Porter Jr à la place de Will Barton en début ou en cours de saison. Les autres titulaires ne laissent pas réellement de place au doute. La mène sera évidemment assurée par un Jamal Murray plus solide que jamais. Ses capacités au scoring et sa versatilité offensive en feront un des leader de l’attaque des Nuggets. Il devrait également contribuer à la construction du jeu en distribuant la balle à ses coéquipiers. Au poste 2, Garry Harris, qui entame sa septième saison à Denver, sera de retour pour contribuer des deux côtés du terrain. Comme évoqué plus haut, Will Barton devrait être l’ailier titulaire de cette formation bien que le doute soit permis. Il a su s’affirmer comme un titulaire solide au fur et à mesure des années grâce à son apport offensif et à sa régularité. Le problème de Barton réside dans le fait qu’il est régulièrement blessé. Dans le cas où il se blesse à nouveau et passe une partie de la saison à l’infirmerie Michael Porter Jr sera certainement responsabilisé et nommé titulaire pour le remplacer. Si cela arrive et que le jeune joueur performe, il est probable que Barton ne retrouve pas sa place dans le cinq de départ.
Concernant le secteur intérieur, on retrouvera Paul Millsap qui remplit parfaitement son rôle de vétéran depuis trois ans. Aux côtés de Gary Harris, il constituera l’identité défensive des Nuggets et contribuera à l’organisation de ce côté du terrain. Il participera également au scoring en apportant au minimum une dizaine de points par match et en représentant une menace derrière l’arc. Bien qu’il ne tente pas beaucoup de tirs primés par match (2.4 l’an dernier), il affichait 43.5 % de réussite la saison passée, ce qui est son plus haut pourcentage en carrière. Enfin, Nikola Jokic occupera la place qui lui est due dans la raquette de Denver. Le pivot au profil atypique représente le coeur de l’attaque de la franchise. Il contribue de toute part en construisant le jeu à travers son talent de passeur, en inscrivant une vingtaine de points de moyenne par match et en étant actif au rebond. Jokic est indéniablement l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, pivot de la ligue à l’heure actuelle. En plus de son apport tout au long du match, le Joker est l’un des joueurs les plus clutch de la NBA. L’an dernier il a scellé plusieurs matchs durant les dernières secondes comme face aux Sixers et aux Timberwolves durant le mois de novembre. En présentant la même line-up que l’an dernier, les Nuggets devraient proposer des performances dans la continuité de celles réalisées lors des deux dernières saisons.
- Le Banc
Les modifications de l’effectif de Denver durant cette intersaison s’observent au regard de la second unit. La première innovation réside en la présence de l’argentin Facundo Campazzo au sein de la rotation. Le meneur altruiste débarque du Real Madrid pour étoffer les rangs de l’équipe. On peut tout de même légitimement se questionner sur la place qu’il occupera puisque Monte Morris remplissait bien son rôle de meneur remplaçant ces deux dernières années. La relève du poste d’arrière devrait être assurée par PJ Dozier et le rookie RJ Hampton. Pour le poste 3 la rotation se fera entre Will Barton et Michael Porter Jr, reste à savoir comment ils partageront les minutes. Le grand regret de l’intersaison pour Denver réside certainement dans le départ de Jerami Grant. Il a réalisé une très bonne saison des deux côtés du terrain et représentait un remplaçant de luxe pour les Nuggets. Son absence sera comblée par la signature de JaMychal Green, bien que l’ancien Clippers ne soit pas aussi efficace sur un parquet. Le départ de Mason Plumlee pour Détroit a résulté sur le recrutement de Isaiah Hartenstein et la signature de Bol Bol. On imagine que le jeune pivot, fils de Manute, sera responsabilisé et sera la doublure officielle du Joker.
Bien qu’ayant été sensiblement modifié par les envies d’ailleurs de Plumlee, Grant et Torrey Craig, le banc de Denver devrait tout de même rester très solide pour la saison à venir. La mène a été renforcée par l’arrivée d’un meneur capable d’organiser le jeu efficacement en la personne de Campazzo. Le poste de pivot remplaçant devrait être tenu pour Bol Bol qui a montré de belles choses dans la bulle malgré un rôle limité. Michael Porter Jr continue son apprentissage malgré sa confiance en lui à la limite de l’insolence. Enfin, il faut espérer que JaMychal Green soit aussi prompt à épouser la culture des Nuggets et à se dépenser chaque soir qu’à tacler son ancienne équipe lors de sa signature à Denver.
- Le joueur à suivre : Jamal Murray
Après une saison régulière relativement similaire à la précédente, Jamal Murray a littéralement explosé durant les playoffs. Il a élevé son niveau de jeu jusqu’à être l’un des meilleurs joueurs des phases finales et s’attirer les lumières habituellement tournées vers Nikola Jokic. Le meneur s’est littéralement dévoilé et est en grande partie responsable des succès des siens lors des deux premiers tours. Il semble avoir exploité pleinement son potentiel offensif en réalisant plusieurs gros matchs de ce côté du terrain. Une crainte qui émerge tout de même quant aux prestations de Jamal est qu’elles pourraient être le fruit d’un effet « bulle ». Les conditions particulières dans lesquelles les joueurs ont terminé la saison peuvent avoir influencé certaines performances, à l’image des statistiques proposées par TJ Warren durant les seeding games. Cependant, Murray a un potentiel reconnu depuis son arrivée dans la ligue et bien que cette explosion ait été soudaine, le jeune joueur s’était déjà montré capable de réaliser des cartons au scoring avec notamment des performances à 46 et 48 points en 2018. La belle campagne de playoffs de Denver lui est due en grande partie et il devra se montrer présent lors des saisons à venir pour permettre à son équipe de retrouver les finales de conférences voire de passer à l’étape suivante.
- Les plus
- Un mental d’acier : Lors des playoffs les Nuggets ont réalisé une performance historique en remportant deux séries de suite après avoir été menés 3-1. Aucune autre équipe ne l’avait fait auparavant et cela montre bien que l’effectif de Malone ne faiblit pas face à la pression. Ils ont même été capables d’élever leur niveau de jeu dans les moments de tensions où ils risquaient d’être éliminés. Cette force mentale est un atout qui ne s’invente pas et devrait leur servir lors des prochaines campagnes de playoffs.
- Une montée en puissance : Depuis deux saisons et demi on peut observer une réelle montée en puissance de Denver. Ils avaient fini 9ème lors de la saison 2017-2018 mais avaient réalisé une belle fin de saison avec 20 victoires sur les 31 derniers matchs. Depuis cette fin d'exercice réussie les Nuggets ont réalisé deux belles saisons avec un nouveau palier de franchi l’an dernier par une qualification en playoffs et cette année par un accès aux finales de conférence.
- Michael Malone : Le coach de Denver semble réussir à tirer le meilleur de son effectif. Depuis qu’il a été embauché pour diriger l’équipe la franchise est en constante amélioration. Il semble en phase avec ses joueurs et construit intelligemment le jeu des deux côtés du terrain. Il a d’ailleurs été finaliste pour le titre du coach of the year en 2019.
- Les moins
- Des efforts défensifs nécessaires : Les Nuggets ont terminé la saison avec le 16ème defensive rating de la ligue, avec 111.4 points encaissés pour 100 possessions. Cela est trop bas pour une équipe qui a terminé troisième de sa conférence. Il faudrait faire un effort sur cet aspect du jeu. Certes, Gary Harris et Paul Millsap font le travail de ce côté la du terrain mais une plus grande implication de la part du duo de superstars de Denver est nécessaire. Nikola Jokic parait parfois vraiment trop peu investi défensivement parlant.
- Attention au manque de constance : Il peut paraître oser de reprocher un manque de constance aux Nuggets si l'on regarde leurs dernières saisons régulières. Cependant, bien qu'ils aient été brillants dans leur force mentale et leur détermination, les joueurs du Colorado ont été irréguliers durant les phases finales. Les débuts face au Jazz étaient peu reluisants et leur qualification résulte d'une montée en puissance durant le premier tour. Ils ont également eu des difficultés en fin de saison régulière avant et après l'interruption. Ce manque de régularité aurait pu résulter sur une élimination précoce lors des playoffs.
- L'avis de la rédaction
Les Nuggets ont progressé jusqu’à se hisser sur le podium de la conférence ouest depuis 2 ans maintenant. Bien qu’ils aient fini troisième cette saison contre deuxième lors de la précédente, leur campagne de playoffs a été plus impressionnante et aboutie. Ils ont montré une vraie soif de victoire et une force mentale impressionnante. En deux saisons et passages en phases finales, ils ont montré qu’ils n’avaient plus rien à prouver. Il n’y a désormais plus aucune raison de considérer Denver comme un outsider. Bien que la franchise ne compte pas dans ses rangs les superstars les plus reconnues et médiatisées de la ligue, elle possède un effectif efficace et talentueux. Nikola Jokic et Jamal Murray forment désormais l’un des meilleurs duo de la ligue et le jeune Michael Porter Jr devrait continuer de se développer jusqu’à devenir un solide joueur du cinq majeur. On pourrait donc potentiellement observer la naissance d’un Big three dans le Colarado d’ici quelques années. La force de Denver réside également dans ses two-ways players que sont Gary Harris et Paul Millsap. Ils apportent une consistance défensive à la franchise et contribuent également au scoring en apportant une dizaine de points par match. Entre ces quatre joueurs et Will Barton ou Michael Porter Jr pour compléter le cinq majeur Denver possède une jolie first unit. Après avoir montré de belles choses, les Nuggets devraient continuer à se positionner en haut de tableau pendant plusieurs années. Avec la forte concurrence de la conférence ouest, il devrait cependant leur être difficile d’atteindre le titre suprême dans les conditions actuelles. Pour Inside Basket, une qualification de la franchise en finale NBA passera par le développement des jeunes joueurs comme Michael Porter Jr et Bol Bol ou un renforcement de l’effectif durant les prochaines Free Agency.
- Bilan prévisionnel
49 victoires / 23 défaites : 3ème de la conférence ouest