Après la dispute Lopez/Dunn, les Bulls avancent masqués

Après la dispute Lopez/Dunn, les Bulls avancent masqués

Chicago Bulls - Robin Lopez - Kris Dunn - Jim Boylen - Zach LaVine - Wendell Carter Jr

Depuis le départ de Jimmy Butler, la franchise de l’Illinois cherche à se reconstruire tant bien que mal. Son effectif dispose de quelques joueurs disposant d’un certain potentiel, mais aussi de nombreuses incertitudes qui apparaissent à la surface.

Le temps passe, et les fans de Chicago commencent à s’impatienter. La reconstruction de la franchise semble stagner et l’équipe n’a pas vraiment progressé par rapport à l’an passé. Les joueurs de talents sont là, mais leur plafond n’est pas vraiment à la hauteur de cette franchise légendaire depuis les années 90. En début de saison, le départ de Fred Hoiberg avait fait sauter un fusible bien faible. Son licenciement était attendu de tous et les plus optimistes espéraient même voir leur équipe se relancer sans un coach qui n’a jamais convaincu.

 

L’espoir, c’est également le sentiment qui prédominait après l’intersaison audacieuse du frontoffice des Bulls. On avait alors parié sur deux joueurs à la santé fragile, Jabari Parker et Zach LaVine. Pour le premier, ce pari est un échec. Malgré des statistiques correctes (14.7 points à 45% au tir), c’est son influence qui fait défaut. Le second choix de la draft 2014 n’a pas du tout permis à ses coéquipiers de passer un cap et les résultats avec ou sans lui sont sensiblement les mêmes. Sa défense inexistante est aussi pointée du doigt et aujourd’hui, l’ancien joueur des Bucks ne joue presque plus. Il devrait subir une saison interminable jusqu’en juillet où il cherchera un nouveau challenge, ou plutôt une franchise qui voudra bien de lui. On imagine déjà son banquier en train de lui conseiller de bien gérer les 20 millions qu’il va gagner cette année.

 

Le second pari de Chicago, c’était Zach LaVine. Récupéré dans le trade de Jimmy Butler, le dunkeur de génie à vite trouvé ses aises dans la franchise. Il y est devenu le leader naturel avec des qualités offensives et une technique en constant progrès. Cependant, on doute fortement de sa capacité à s’affirmer comme le franchise player d’une équipe avec des ambitions sérieuses. Pour l’instant, il peut développer sa capacité à scorer avec efficacité sereinement, mais il faudra un joueur du calibre supérieur si les Bulls souhaitent un jour retrouver les sommets de la conférence Est.

 

Enfin, comment parler des Bulls sans parler de leur joueur au plus fort potentiel, Wendell Carter Jr. Le rookie s’avère déjà très satisfaisant après seulement 3 mois en NBA. Arrivé à la draft dans l’ombre de son ex-coéquipier, Marvin Bagley III, il prouve aujourd’hui qu’il n’a pas grand-chose à lui envier. Avec 10 points, 7 rebonds et 1.3 contre de moyenne, ses statistiques ne reflètent pas forcément son influence sur le terrain (contrairement à Jabari Parker). Ce qui est très apprécié, c’est sa défense. Sur ce point, il est sans aucune contestation plus NBA ready que quiconque. Certains de ses contres ravageurs ont déjà traumatisé de bons attaquants ce qui fait de lui une vraie menace dans la raquette. Globalement, les Bulls défendent mieux lorsque Wendell Carter Jr est sur le terrain.

 

Après le départ forcé de Fred Hoiberg, il fallait trouver une solution. C’est Jim Boylen qui a pris sa succession avec toutes les peines du monde. Sur ce coup, les Bulls n’ont pas eu le nez très fin puisqu’ils n’ont pas du tout consulté leurs joueurs à priori. Jim Boylen n’est pas du tout apprécié dans le vestiaire des Bulls et des voix se sont très vites levées contre ses méthodes. Dans son dos, plusieurs joueurs ont contacté le syndicat des joueurs NBA pour se plaindre. Apparemment, il pousserait l’entraînement beaucoup trop durement, et ce même les lendemains de matchs où les corps ont déjà été mis à rude épreuve. Dans ce climat, établir une ambiance propice au développement du jeu et des joueurs est tout de suite une mission de haute voltige. Simple remplaçant pour la saison, Jim Boylen aurait donc pu faire en sorte de limiter les dégâts jusqu’à la fin de l’année.

 

C’était sans compter sur les Bulls et leurs dirigeants ! En avançant les yeux bandés comme dans la fiction à succès de Netflix ‘’Bird Box’’ qui nous a inspiré ce montage, le frontcourt de la franchise a prolongé ce coach si contesté ! Le pire, c’est qu’ils n’ont pas fait dans la demi-mesure. Tout d’abord, son salaire (800 000 dollars) a été doublé pour atteindre la jolie somme de 1,6 millions de dollars à l’année ! Ce contrat va désormais lui permettre de diriger les Bulls jusqu’à fin 2020. Une prolongation d’une saison qui peut s’expliquer par un budget serré. En effet, le licenciement de Fred Hoiberg (bien que nécessaire) avait un coût et pas des moindres. Hoiberg va encore toucher 10 millions jusqu’en 2020 et on peut donc comprendre que les Bulls n’aient pas du tout envie de surpayer quelqu’un d’autre. Pour l’instant, il va falloir se contenter de ça.

 

Alors imaginez le joyeux mélange dans un vestiaire où les joueurs enchaînent les défaites sans véritable perspective d’avenir accompagnés par un coach qu’ils n’apprécient pas qui vient de se faire prolonger d’une saison supplémentaire. Ça donne envie hein ? Pas vraiment, vous avez raison. Alors, dans un vestiaire qui avait déjà essuyé la bagarre entre Nikola Mirotic et Bobby Portis l’an passé, une scène du même acabit s’est déroulée aujourd’hui. Cette fois, ce sont Robin Lopez et Kris Dunn qui sont directement impliqués. Selon Teddy Greenstein du Chicago Tribune, la situation était très tendue.

 

Robin Lopez et Kris Dunn se sont rentrés dedans. Il y avait des cris et il a fallu que le coach Jim Boylen dise à Lopez de ‘’se calmer, et prendre une pause’’. Lopez est revenu s’entraîner 10 minutes plus tard et s’est excusé auprès de l’équipe.

 

Selon ces propos, il y a plus de peur que de mal. Mais comme c’est arrivé à Boston la semaine dernière, il ne faut jamais oublier qu’une dispute a toujours une justification rationnelle et ce même si elle démarre sur une action anodine à la base. Il faut alors rappeler que Robin Lopez est cité avec insistance dans de nombreuses rumeurs depuis quelques jours. Le pivot demanderait un buyout aux Bulls afin de devenir un agent libre et de pouvoir signer dans la destination de son choix. Une situation similaire avait eu lieu à Phoenix cette saison où Tyson Chandler a résilié sa dernière année de contrat à l’amiable pour signer chez les Lakers. Ici aussi, Lopez n’a plus qu’une année de contrat et on peut comprendre qu’à son âge, il n’ait plus de temps à perdre. Selon les rumeurs, sa destination préférentielle serait Golden State où un intérêt réciproque est annoncé. Pour une équipe jeune qui souhaite se développer, voir un Lopez sans futur à Chicago prendre des minutes à Wendell Carter Jr par exemple peut aussi les énerver à juste titre. En attendant, Kris Dunn a calmé le jeu après les évènements du jour.

 

On s’est juste entraînés très dur. Robin c’est mon gars. Il le sait. Tous les jours on se rentre dedans, vous voyez ce que je veux dire ? On a beaucoup perdu, alors on se ramène et on s’entraîne encore plus dur.