Les chiffres ne mentent pas. Cette saison, la NBA connait un nombre de matchs manqués record. Au total, sur l’exercice 2017-2018, la barre des 5 000 matchs manqués pour blessure ou maladie vient d’être atteinte. Cette limite n’avait jamais été atteinte depuis que cette statistique a commencé à être comptabilisée lors de la saison 2005-2006.
Pourtant, la NBA souhaitait obtenir l’effet inverse en faisant commencer la saison une semaine plus tôt, ce qui permettait d’avoir le calendrier avec le moins de back-to-back dans l’Histoire de la ligue. Toujours réticente à l’idée de se séparer du modèle à 82 matchs par équipe, cette mesure avait pour vocation de donner plus de repos aux joueurs tout en gardant ce modèle. Malheureusement, elle leur a surtout donné moins de préparation avant le début de la saison. Pour rappel, les équipes n’ont eu que 7 jours de training camp avant les matchs de préparation, qui eux aussi étaient moins nombreux que les années précédentes. Ceci aurait fait grimper le nombre de blessures aux jambes en début de saison. Certains membres des différents front-office de la ligue pensent que tout ceci est lié et les chiffres ne sont pas là pour les contredire. En effet, cette tendance se vérifiait dès le début de la saison puisque le site Man-Games Lost rapportait que 3 798 matchs avaient été manqués sur blessure au début du mois de février de cette année, contre 2670 sur la même proportion de matchs la saison dernière. Soit une augmentation de plus de 40% !
Cela fait des décennies que nous demandons à avoir moins de matchs en présaison. J’applaudis Adam Silver et Michele Roberts pour avoir mis en place un modèle qui va marcher.
Le coach de Dallas et président de l’association des entraineurs Rick Carlisle semblait pourtant réjoui de cette mesure en début de saison. Malheureusement, les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes, loin de là. Du côté de Steve Kerr, après avoir vu Stephen Curry se blesser en décembre, a mis tout cela en perspective.
Que ce (la blessure de Curry) soit dû au calendrier n’est que pure spéculation. Je pense que le calendrier est vraiment bon dans le sens où il faut réduire le nombre de back-to-back et de four-in-five. Mais je ne sentais pas que nous étions prêts les deux premières semaines de la saison à cause de cela. Quel impact cela a sur les blessures je ne sais pas.
Une autre explication pourrait être que cette année, la course au tanking a commencé très tôt et a impliqué beaucoup d’équipes. Attention, ces équipes ne sont pas les seuls responsables du nombre incroyable de rencontres manquées, puisqu’on le répète, cette tendance se voyait déjà en début de saison alors que les équipes ne tankaient pas. Mais il faut reconnaitre que quand on voit que huit équipes sont concernées par la course au tanking et que la plupart n’hésitent pas à mettre presque l’intégralité de leur cinq majeur sur le banc, cela fait augmenter considérablement le nombre de matchs manqués, qui pourrait pour le coup être évités si toutes les équipes jouaient le jeu. De l’autre côté du classement, on a vu notamment les Warriors mettre beaucoup de joueurs au repos pour les garder en forme en vue des playoffs. Des décisions prisent par Steve Kerr clairement inspiré par la méthode Spurs, mais qui pourtant ne date pas d’hier et ceci a fait beaucoup moins de bruit cette saison que les précédentes. Pour le coup, le nombre réduit de back-to-back a probablement aidé à ce que les équipes aient à moins reposer leurs joueurs lors de la saison. Un bon point pour la nouvelle formule du calendrier.
Sinon, et si l’évolution du jeu en lui-même avait un impact sur le physique des joueurs ? Beaucoup s’accordent à dire que les coups reçus par les joueurs lors des années 80 et 90 étaient plus violents et que le jeu était de ce fait plus dangereux à l’époque. Mais est-ce que le rythme élevé des matchs actuels, avec des possessions de plus en plus rapides et donc intensives que les précédentes années, ne serait pas tout aussi dangereux pour les organismes sur le long terme ? Impossible de pouvoir le démontrer, mais il est clair que les appuis sont beaucoup mis à l’épreuve avec le nombre d’aller-retours effectués sur un seul match. Les joueurs comptent de plus en plus sur leur physique, sautent toujours plus haut et ceci aggrave le risque de se faire mal lors de chaque action.
Malheureusement, on peut aussi préciser que bons nombres de blessures ne sont pas évitables. Kawhi Leonard, qui n’a joué que neuf matchs cette saison, a ressenti sa douleur au quadriceps avant le début de cette dernière. Quand Gordon Hayward, ou encore plus récemment Patrick McCaw se font des blessures horribles comme ils ont subi, ce sont malheureusement les risques du métier, et en rien leur forme physique n’aurait pu les aider à mieux se réceptionner. Est-ce que ce type de blessure est plus important comme par hasard cette année ? Impossible de le démontrer statistiquement, mais le fait que certains joueurs comme Hayward subissent des blessures longues durée n’aident clairement pas à diminuer le nombre de matchs manqués cette saison.
Comme on peut le voir, plusieurs pistes pourraient expliquer le nombre de blessures record atteint cette année. S’il est impossible de vraiment les confirmer par les chiffres, elles restent des pistes cohérentes partagées par plusieurs personnes et nul doute que la NBA voudra se pencher sur le problème à l’avenir. En attendant, les entraineurs s’accordent à dire qu’il faudra que les joueurs modifient leurs habitudes pour y remédier. Le rythme du jeu étant plus exigeant et la présaison plus courte, il faudrait que ces derniers allongent leur période de reprise individuelle avant les training camps, mais à une intensité beaucoup moins importante afin que le corps puisse tenir l’ensemble des 82 matchs.