Le constat est simple et il ne faut pas faire partie du front office de Dallas pour s'en rendre compte, depuis l'arrivée de Rajon Rondo, les Mavericks pédalent un peu (15 victoires pour 10 défaites avec lui contre 24-11 sans). Même les stats du meneur sont en baisse malgré un temps de jeu quasiment équivalent (9,0 points, 4,5 rebonds et 6,2 passes en 25 matchs avec les Mavericks contre 8,3 points, 7,5 rebonds et 10,8 passes en 22 matchs avec les Celtics). Tout transfert d'une telle ampleur nécessite un certain temps d'adaptation mais après 25 matchs avec la franchise texane, celui que l'on voyait comme une évidente upgrade peine à faire passer un cap à sa nouvelle équipe. Alors pourquoi l'arrivée d'un meneur si talentueux n'a pas les résultats escomptés sur une franchise prétendante au titre NBA ? Est-il vraiment le joueur dont les Mavs ont besoin ?
- Un problème de complémentarité
La principale source du problème me semble être la complémentarité entre le poste 1 et 2 de Dallas. Rajon Rondo a toujours exceller dans la passe vers les extérieurs (que ce soit pour des arrières, des ailiers ou même des intérieurs sur pick-n-pop). A l'époque où la ligue se demandait si Rondo n'était pas l'un des tout meilleurs meneurs de la NBA, celui-ci évoluait à Boston aux côtés de trois futurs hall of famers, Paul Pierce, Kevin Garnett et Ray Allen. Avec Ray Allen sur le poste d'arrière, quoi de plus simple que d'attirer la défense et laisser le meilleur shooteur de l'histoire dans un fauteuil. Malgré tout, Ray Allen n'était pas un joueur statique et c'était son excellent jeu sans ballon qui lui permettait de jouir des caviars de son meneur en sortie d'écran. En 2011, près de la moitié des passes décisives de Rajon Rondo (5,5 sur 11,2) venait de passes pour des shoots à 5 mètres ou plus. Revenons à nos Mavericks 2015 maintenant. Au poste d'arrière, nous avons Monta Ellis, un des joueurs les plus talentueux offensivement mais dans un tout autre registre. L'explosif arrière est un maître dans la création de ses propres shoots. Ses sorties d'écran se limitant très souvent à des curls vers le panier, la vision du jeu et la facilité que possède Rajon Rondo à trouver des shooteurs ouverts grâce à ses percussions ne semble pas être ce dont le backcourt de Dallas a besoin. Alors que Rajon Rondo et Ray Allen formaient une paire irrésistible, son duo avec Monta Ellis paraît bien moins complémentaire.
- Un seul ballon pour deux ! Ah non, pour cinq !
Autre point de discorde, Rajon Rondo et Monta Ellis sont deux joueurs qui aiment ont besoin d'avoir la boule en mains. Ils touchent ainsi la balle en zone d'attaque respectivement 56,8 et 54,5 fois par match. Ils sont également à la 21ème et 22ème place des joueurs ayant touché (on entend ici "possédé") le plus gros total de ballons avec 3 916 et 3 893 cette saison. Seuls les duos Blake Griffin/Chris Paul, Kyrie Irving/LeBron James et Gordon Hayward/Trey Burke totalisent plus de posséssions de balle que le "nouveau" back-court des Mavericks. A l'instar des Suns qui affichait un back-court très porté sur l'attaque et les qualités de jeu balle en main, l'arrivée de Rajon Rondo est inévitablement synonyme de sacrifice pour l'un des deux titulaires. Et si c'est Rajon Rondo qui semble faire les frais de ce nouveau partage de la gonfle, en témoigne ses baisses statistiques, c'est toute l'équipe des Mavs qui doit s'adapter à ce conflit de détenteurs de ballon et en pâtit collectivement.
Si les difficultés rencontrées par les Mavericks depuis l'arrivée de Rajon Rondo sont principalement offensives (1ère attaque de ligue avant, 11ème après), la plus-value défensive qu'apporte le meneur de jeu est loin d'être négligeable (20ème défense avant, 4ème après!). Avec l'arrivée des Playoffs, cette upgrade défensive est la bienvenue pour une équipe qui manquait cruellement de dureté dans le domaine, notamment à l'extérieur. Concernant la complémentarité offensive avec Monta Ellis qui ne fait pour l'instant pas l'unanimité, ce sera à Rick Carlisle de trouver des solutions pour faire cohabiter ces deux immenses talents sur le terrain, notamment en fin de match (à moins que Rondo ne soit expédié sur le banc dès le début du 3ème quart-temps comme contre Toronto...). Il reste une petite vingtaine de matchs aux Mavericks pour redresser la barre et se préparer aux Playoffs à l'Ouest qui s'annoncent impitoyables... Même quand on joue à Dallas !
A revoir - Episode 4 de Lignes de Fond:
Russell Westbrook pourrait-il être MVP ?