Mi-novembre, une énorme information tombait dans l’actualité NBA. Jimmy Butler, qui avait demandé son transfert des Minnesota Timberwolves quelques semaines auparavant, venait d’être envoyé à Philadelphie. Un mois et 18 matchs joués plus tard au sein des Sixers, quelles premières conclusions pouvons-nous tirer de ce trade en Pennsylvanie ? Un constat mitigé.
Commençons d’abord par ce qui peut paraitre le plus important, le bilan comptable. Depuis que Butler a rejoint l’effectif, les Sixers sont sur un bilan de 12 victoires pour 6 défaites. A noter que parmi ces défaites, deux des dernières en date sont arrivées lors des deux derniers matchs où Butler était lui sur le banc, blessé. On obtient donc un bilan correct, sans plus mais qui reste satisfaisant quand on voit les profonds bouleversements amenés par ce trade. Il est d’autant plus respectable que les Sixers semblaient en peine en début de saison. Avant le premier match de Butler contre Orlando, les Sixers comptabilisaient 9 victoires pour 6 défaites. Un bilan dans les clous de ce qu’on pouvait imaginer pour eux mais avec un jeu bien en deçà des attentes.
Passons justement au jeu. Comme on le disait, avant le transfert, on ne retrouvait pas les Sixers de la saison dernière, redoutables de loin et avec une forte défense. Point de vue offensif, ceci était dû à deux facteurs. Le premier était que Dario Saric était très peu en réussite en début de saison et malheureusement, son réveil pour la saison 2018-2019 n’est arrivé que quelques matchs avant le fameux trade qui l’a envoyé faire le chemin inverse de Butler en compagnie de Robert Covington. Le deuxième facteur était Markelle Fultz, que Brett Brown tenait absolument à inclure dans le cinq majeur mais dont le niveau est finalement décevant pour un numéro 1 de draft, ce qui l’empêchait d’avoir un jeu compatible avec Ben Simmons et Joel Embiid. Il n’y a plus qu’à espérer pour lui qu’il trouve un bon point de chute et guérisse enfin cette épaule afin de nous montrer ce qu’il clame être capable de faire.
Après le transfert, Fultz est donc revenu sur le banc pour être sixième homme afin d’équilibrer le jeu et il est maintenant sur le départ. Logiquement après cela, JJ Redick est revenu au poste de titulaire afin d’apporter du spacing et une grosse menace en catch and shoot. On a alors senti une progression dans le jeu offensif des Sixers. Mais était-ce vraiment grâce à Butler ? Pas forcément, c’est plutôt le fait d’avoir retiré Fultz du cinq majeur et d’avoir remplacé un Saric en manque de confiance par un Redick en pleine bourre que ceci est arrivé. Mais une chose est sûre, l’attaque des Sixers reste un casse-tête pour leurs adversaires vu toutes les menaces qu’elle présente, d’autant plus qu’il y a presque constamment au moins deux des trois membres du big three sur le terrain, mais aussi pour les Sixers eux-mêmes puisqu’on a déjà vu Joel Embiid se plaindre de n’être plus utilisé que comme un stretch 5 en attaque. Il est important de préciser qu’Embiid ne se plaint pas de ne pas avoir assez de ballon, mais de ne pas être utilisé de manière optimale. Et on le comprend, il est le visage de cette franchise et son pourcentage de loin a nettement diminué (il est passé de 30% à 25% dans l’exercice) depuis l’arrivée de Butler. De plus, sa connexion avec Covington ou Saric tenait sur le fait qu’il attirait les défenseurs près du cercle pour apporter une relation intérieur-extérieur. Avec l’arrivée de Butler, les possibilités de catch and shoot se sont fortement réduites mais également les paniers en transition, qui étaient l’une des marques de fabrique de Philly. Pour résumer, une grande partie de la philosophie de jeu installée durant le Process a été bouleversée et Brett Brown n’a pas encore vraiment trouvé la formule qui permettra de faire coexister de façon optimale Butler et Embiid.
Point de vue défensif en revanche, on est clairement passé à un autre niveau parmi les titulaires. Car si la ligue prend enfin conscience à quel point Robert Covington est un super joueur défensif, la défense de Jimmy Butler reste un cran au-dessus de ce dernier. Et c’est là où on en vient à un point crucial : en faisant signer Jimmy Butler, les Sixers souhaitaient avoir un gros défenseur et très clutch pour pouvoir assurer les fins de match serrées, avec bien évidemment les playoffs dans le viseur. Et de ce point de vue, Philadelphie est servie. Brooklyn et Charlotte ont déjà subies la clutchitude de Jimmy Buckets et ce ne seront probablement pas les derniers. Donc les Sixers font maintenant peur en fin de match, ce qui n’était plus le cas depuis le départ de Marco Belinelli notamment. Mais le revers de la médaille est que leur banc a régressé. Tout aussi vaillant que peut-être TJ McConnell, il reste une faiblesse dû à son physique en défense et Fultz aurait pour le coup été d’une grande aide pour améliorer ça. Landry Shamet et Furkan Korkmaz sont de bons joueurs mais trop irréguliers pour des shooteurs et inexpérimentés pour tenir face aux grosses écuries. Bref, le banc est devenu trop faible, alors qu’à l’intersaison on aurait pu penser qu’il s’était renforcé.
L’arrivée de Butler a amené quelques certitudes aux Sixers mais également bien plus de points d’interrogation. Les départs de Covington et Saric font beaucoup de mal à l’identité de jeu de l’équipe et on a finalement du mal à sentir une progression depuis le trade. Mais la saison dernière, Philly avait vraiment montré son niveau après la trade deadline lorsque Belinelli et Ersan Ilyasova avaient rejoint l’équipe. Si les Sixers arrivent à nouveau à sentir un bon coup en amenant un meneur gestionnaire et un autre shooteur pour sortir du banc, il y a de fortes chances que le projet prenne bien.