Philadelphie est la ville la plus sportive des États-Unis. Berceau d'une armée de talents, les franchises y sont nombreuses et le public y est exigent. Alors demander à un supporteur des Sixers d'établir le meilleur 5 de tous les temps de son équipe, relève de la torture mentale et émotionnelle. Après de longue heures de débats schyzophréniques, j'ai survécu. Du moins, jusqu'à ce qu'un fou d'Allen Iverson vienne me poignarder. Par ailleurs, je tiens à m'excuser auprès de Luke Jackson, l'homme qui a créé le poste de Power Forward, Billy Cunningham, plus connu sous le nom de Kangaroo Kid, Larry Costello alias le chien fou, Hal Greer, le gentleman qui vivait dans l'ombre de Wilt Chamberlain, Andrew Toney l'un des joueurs les plus doués de l'histoire de la NBA parti trop tôt, Andre Iguodala que j'aime fort et enfin à Dolph Schayes, la première superstar de la franchise.
- Meneur de jeu : Maurice Cheeks
Onze années passées à Philly, quatre fois All-Star, un titre de champion NBA, Maurice Cheeks est un monument à Philadelphie. Si ses 11 points 7 passes 3 rebonds et 2 interceptions ne vous impressionnent pas, c'est parce que son impact dans le jeu n'était pas le plus flashy. Mais dans les faits, Mo a longtemps été l'âme des Sixers, dictant leur état d'esprit. De 78 à 83, les Sixers font partie des cinq meilleurs défenses de la NBA et ce, grâce à l'attitude de chien de garde dont fait preuve Maurice Cheeks qui enchaîne les saisons avec un defensive rating -nombre de points concédés toutes les 100 possessions-, inférieur à 100. De 84 à 90, les Sixers de Guokas et Lynam opte pour un basket plus rapide tourné vers l'attaque, incarné par le meneur qui frôle le double double de moyenne en saison et affiche un offensive rating -nombre de points générés toutes les 100 possessions-, oscillant entre 115 et 124.
- Arrière : Julius Erving
Grandeur. En onze saisons aux Sixers Docteur J a participé à onze All-Star Game, révolutionné la dimension athlétique du basket, institutionnalisé le dunk et tourné à des moyennes scandaleuses. 22 points, 7 rebonds, 4 passes, 2 interceptions et 1,5 blocks en carrière à Philly dont une saison 1981 ponctuée par le titre de MVP (24,6 points, 8 rebonds et 4,4 passes). Bien avant Vince Carter, Desmond Mason ou encore LeBron James, Julius Erving martyrisé les arceaux et victimisé ses vis-à-vis à coup de dunk aérien et surpuissant. Mais bien plus que du showtime, Docteur J possédait une belle technique et une culture de la gagne qu'il a insufflé aux Sixers. Iconique et emblématique pour Philadelphie, il l'est tout autant pour la NBA et le basket moderne.
- Ailier : Bobby Jones
Pendand que Julius faisait le show, Bobby faisait le sale boulot. Excellent joueur de complément, dur au mal et décisif, en plus d'avoir été élu meilleur sixième homme en 1983, l'ailier a été nommé dix saisons consécutives dans le meilleur cinq défensif de la ABA (1976-1978) puis NBA (1979 à 1985). Contrairement à Dwight Howard qui se contente de défendre sur des pivots frustres ou qui se fait salir par des intérieurs techniques, Bobby Jones a défendu comme un chien sur une génération d'ailiers en or : George Gervin, Larry Keenan, George McGinnis, Larry Bird, Dominique WIlkins, James Worthy... Humble, motivant, dédié, Bobby Jones était, est et restera à jamais l'un des Sixers les plus appréciés et respectés.
- Ailier-fort : Charles Barkley
Pour son trash talking, pour ses donuts, pour son jeu intérieur, pour ses appuis, pour ses bastons, pour son sens de la passe, pour ses interviews, pour son dynamisme, pour son sens du rebond, pour sa compétitivité, pour son gros cul, pour ses contre-attaques, pour ses publicités... Tout simplement parce qu'il a fait rêver les passionnés et révolutionné le jeu intérieur en imposant sa petite taille, ses muscles et son intensité.
- Pivot : Moses Malone
Parmi les nombreuses épopées des franchises de Philadelphie, celle des 76ers lors de la saison 1982-83 restera certainement la plus marquante pour Philly. Nous sommes en 1982, depuis maintenant six saisons NBA les Sixers se bâtissent une solide équipe. Avec le recrutement de Julius Erving, véritable légende vivante, les Sixers passionnent et enchaînent les victoires. Malheureusement pour eux, ils échouent systématiquement dans leur conquête du titre de champion. En juin 1982, après avoir battu les frères ennemis de Boston, Docteur J et ses coéquipiers portés par toute une ville en ébullition, s’effondrent en finales face au Los Angeles Lakers de Magic Johnson. L’été qui suit, le richissime homme d’affaire Harold Katz rachète la franchise de Pennsylvanie et redonne de l’espoir aux supporters. Après de longues négociations, il parvient à recruter le pivot le plus dominant de la ligue à l’époque, Moses Malone. En provenance de Houston, le meilleur rebondeur de la NBA permet à Philadelphie de dominer les débats en championnat, et offre aux Sixers le second meilleur bilan de leur histoire, 65 victoires pour 17 défaites. Avec 24,5 points 15,3 rebonds et 2 contres par match, Moses Malone est élu meilleur joueur de la saison régulière.
Veni Vidi Vici. Quelques jours avant le début des Playoffs, un journaliste demande en conférence de presse à Moses Malone, comment il voit le déroulement des phases finales. L’intérieur prononce trois mots qui deviendront le symbole de toute une génération « Fo’ fo’ fo’ ». « Four, four, four », « quatre, quatre quatre », soit le nombre de victoires prévues à chaque tour de la compétition. En clair, trois manches sèches. Après avoir battu les New-York Knicks 4 à 0, le public s’emballe et ne cesse de scander pendant les matches « fo’ fo’ fo’ ». Les Sixers enchaînent en s’imposant 4 à 1 face au Milwaukee Bucks. L’accession en finales n’est qu’une formalité pour la franchise. Emmenés par un Moses Malone stratosphérique, 26 points 16 rebonds de moyenne sur l’ensemble des playoffs, les Sixers retrouvent les Los Angeles Lakers sur leur passage. Magic Johnson, Kareem Abdul-Jabbar, James Worthy et leurs coéquipiers ne voient pas le jour dans des rencontres à sens unique. Philadelphie sweep 4 à 0 les champions en titre, Moses Malone remporte le trophée du meilleur joueur des finales. Sa déclaration « fo’ fo’ fo’ » se transforme en « fo’ fi’ fo’ » (fi’ pour five, en référence aux cinq matches contres Milwaukee), et devient le chant favori des Philadelphiens. 12 victoires pour 1 défaite, c’est le bilan en Playoffs de la franchise pennsylvanienne lors de la saison 1982-83, le meilleur dans l’histoire de la NBA sous ce format.
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