C'est un bon début, pas génial, mais ça commence bien. L'équipe a plus de mal que prévu, mais il y a du temps pour faire jouer pour Tim Hardaway Jr, un shooting guard capable de dégainer de partout. Et avec 10.2 points de moyenne en 22 minutes, le rookie des Knicks est une des rares satisfactions de la saison. Papa peut être fier, en plus son fiston a choisi le numéro 5 en référence à son premier maillot en NBA. La famille Hardaway a trouvé son héritier, même si rien n'était gagné.
Un nom difficile à porter
Certes il a récupéré les gênes, le physique, la mentalité d'un professionnel mais grandir avec une ancienne star de la ligue en tant que père n'a pas été facile. Tim a du faire face aux moqueries, du primaire jusqu'au lycée, de ceux qui lui disaient qu'il ne serait jamais aussi bon que son paternel.
Mais arrivé à Palmetto High School, quand sa vie s'est définitivement orientée pour lui aussi vers le basket de haut niveau, les critiques sont surtout venues de Tim Sr. Car Hardaway a choisi de mettre la pression sur son fils, devenant un de ces parents insupportables au bord du parquet qui ont toujours la bouche ouverte, et toujours contre sa progéniture.
L'ancien meneur All-star des Warriors et du Heat avouera lui-même avoir été plus un coach qu'un père pendant ces années, et que cela avait détérioré les relations familiales. Des critiques sur le chemin de l'entraînement, sur place et après, de nombreuses disputes à la maison entre les deux hommes... Jusqu'au jour où, pour une fois, Senior a décidé de ne rien dire et de regarder son fils jouer, et s'est rendu compte que Junior suivait ses conseils.
« Je lui parlais plus de son jeu que de la vie, de l'école. Il fallait que je prenne du recul et que j'arrête de vouloir qu'il soit comme moi, qu'il devienne Tim Hardaway Jr. pour s'épanouir. C'est quand j'ai vraiment commencé à être un parent que tout s'est amélioré, y compris notre relation. »
Le fiston choisit ensuite de rejoindre Michigan, et s'intègre facilement chez les Wolverines, où le coach John Beilein joue pour Tim le rôle d'un père de substitution, plus conciliant. Alors que l'équipe traverse une période compliquée, il prendra le temps de parler à son joueur, faire en sorte de le mettre à l'aise pour relancer la machine.
Car Tim Jr aime les gros matchs, répondre présent quand il le faut, comme ce match gagné en overtime face à Ohio State l'année dernière où il aligne six tirs à trois points. Sa facilité à tirer de longue distance s'affirme très tôt, presque la moitié de ses lancers sont derrière la ligne extérieure.
Comme son paternel, Tim n'est pas un gros gabarit, mais un joueur rapide qui apprend vite, et sait être clutch. Son parcours universitaire se termine d'ailleurs en quasi apothéose en 2013, lorsqu'avec Trey Burke il mène Michigan jusqu'en finale NCAA, perdue face à Louisville.
Papa passe, fiston shoote
Alors que peu voit en lui un potentiel à son entrée au college, il parvient jusqu'à la draft 2013 et est choisi par les Knicks. Sur le papier, on le voit mal montrer son potentiel offensif à côté de Carmelo Anthony et J.R. Smith, mais la suspension de ce dernier lui offre une jolie fenêtre de tir. Il va crânement en profiter : il est actuellement le rookie le plus prolifique du championnat aux tirs extérieurs, et de loin. Invité au Rising Stars Challenge, il joue au plus adroit avec Dion Waiters et tape 36 points. Tim Hardaway Jr semble avoir pris un regain de confiance en lui depuis fin janvier, et enchaîne ces jours-ci des perfs à plus de 20 points. Et en plus, New York gagne.
Comme son père, Junior a un sacré jeu de jambes - presque un hommage au maître du crossover -, il aime shooter de loin mais la comparaison s'arrête sans doute là. L'ancien était un meneur distributeur, un des meilleurs passeurs de la ligue, et un voleur de ballons. Le nouveau n'a pas cette panoplie, il a plutôt celle d'un heat check player, une machine à scorer capable de renverser un match. Tim en a fini d'être le « fils de », il est lui-même et son avenir pourrait être long dans la ligue.