Alors que Jimmy Butler a joué les premiers matchs de la saison avec Minnesota, les Wolves auraient continué à chercher le meilleur trade pour se séparer de ce dernier. La piste Miami s’étant refroidie lors des dernières semaines, peu de rumeurs entouraient ce dossier toujours brulant. Mais visiblement, Houston n’aurait pas cessé les discussions et aurait fait une offre complètement hallucinante pour obtenir Butler. Daryl Morey, general manager des Rockets, aurait ainsi proposé d’envoyer pas moins de quatre premiers tours de draft (!), espacés de deux ans chacun, contre le joueur des Wolves. Les protections sur ces picks de draft seraient limitées d’après ESPN.
L’offre ainsi faite représente le maximum de premiers tours de draft qu’il est possible d’inclure dans un trade en NBA, les règles stipulant que l’on ne peut pas échanger des premiers tours de plusieurs années consécutives, et que les picks ne peuvent pas aller au-delà de sept ans. Vu le peu d’offres qu’ont reçues les Wolves, il est possible que ce trade aboutisse, mais probablement pas avant mercredi. A cette date, cela fera deux mois que les Rockets auront acquis Brandon Knight et Marquese Chriss (depuis Phoenix), moment à partir duquel Houston aura le droit d’inclure l’un ou ces deux joueurs dans la balance du trade pour pouvoir compenser le salaire de Jimmy Butler. Le problème est que ces deux joueurs sont actuellement blessés, ce qui freinerait beaucoup Minnesota dans les envies d'accepter ce trade.
Cette offre semble complètement dingue, d’autant plus qu’elle fait évidemment penser à ce qu’avait donné les Nets en 2014 pour récupérer Kevin Garnett et Paul Pierce. Un trade dont Brooklyn ne va arrêter de payer les frais que cette saison puisqu’en 2019 ils pourront enfin choisir un premier tour de draft. Mais cette proposition confirme une chose : Daryl Morey tente le tout pour le tout sur cette saison et veut battre les Warriors alors qu’ils sont au sommet. Le pari qu’il tente est très risqué tant les conséquences peuvent être dures en cas d’échec, mais il a au moins le mérite d’aller jusqu’au bout du projet qu’il a imaginé.
Résumons la situation. Pour le long terme James Harden a signé un contrat max en 2017 à hauteur de 152 millions jusque 2023, et Clint Capela un contrat de 87 millions allant jusqu’à la même année. Les deux joueurs auront 34 et 29 ans, autant dire que les Rockets auront deux très bons joueurs et qui seront encore très forts. Là où le long terme est sorti du plan de route des Rockets, c’est en finale de conférence la saison dernière. Il est normal de s’imaginer que si Chris Paul ne s’était pas blessé, les Rockets auraient pu battre les Warriors. Paul le savait très bien et en a profité pour demander un contrat max sur quatre ans cet été, ce qui fera qu’il sera encore payé 44 millions en 2022, à 36 ans. Chris Paul est un très fort joueur, mais on ne voit pas comment il pourrait valoriser un tel contrat à cet âge. A ce moment-là Morey avait deux solutions : se séparer de Chris Paul, risquant de s’attirer les foudres de son franchise player avide de titre, ou signer ce contrat, sachant qu’il deviendra probablement un contrat « boulet » d’ici deux ans. Le GM de Houston aime prendre des risques et a donc décidé de tout miser sur cette année.
Adieu donc le cap space, bonjour la luxury tax. Le tableau ci-dessus, issu du site Basketball-Reference.com, montre la situation financière de Houston. James Harden est dans ses meilleurs années et ne sachant pas de quoi demain sera fait, les Rockets ne veulent pas avoir de regret en se disant qu’ils ont laissé passer leur chance. Du coup, ils ont signé des joueurs pour un an au salaire minimum, avec la forte probabilité de ne pas les revoir l'année suivante avec la grosse free agency qui s'annonce en 2019. C'est le cas de Carmelo Anthony, qui malgré toutes les critiques reste une arme offensive incroyable en sortie de banc. Le constat à la fin de l'intersaison était donc le suivant: Harden sort de sa meilleure saison, Anthony ne sera probablement plus disponible au salaire minimum la saison prochaine et Paul commencera à décliner gentillement à cause de son âge mais prendra toujours autant d'argent. La flexibilité financière est donc ruinée pour les prochaines années et la franchise n'aura sûrement pas deux occasions comme cette année pour aller chercher les Warriors au sommet de la NBA. Du coup tant pis, quitte à être dans une situation très compliquée à l'avenir, autant aller jusqu'au bout de ses convictions. C’est pourquoi les Rockets sont prêts à sacrifier quatre ans de draft contre une seule campagne de playoffs avec un Jimmy Butler pour étouffer en défense des joueurs comme Stephen Curry ou Kevin Durant. Les jetons sont sur la table, reste déjà à voir si Minnesota est enclin à suivre.