Alors bien sûr, la situation est loin d’être catastrophique dans le Massachussetts. Les Celtics pointent aujourd’hui à la 5ème place et ils restent parmi les favoris de la conférence Est. Certes, mais qui aurait prédit en octobre qu’ils auraient de telles difficultés en saison régulière ? La même équipe qui avait réussi à terminer deuxième de l’Est l’an passé pourtant minée par les blessures à répétition et amputée de ses 2 plus gros contrats, Kyrie Irving et Gordon Hayward. Personne. La bande à Kyrie était attendue comme le grand favori de la conférence et aujourd’hui, le constat est décevant. Au classement, ils sont 5ème avec 25 victoires et 17 défaites. Le trou est creusé avec les 4 autres équipes ‘’sérieuses’’ de l’Est. Pire, Boston a aujourd’hui un bilan plus proche de Miami, 6ème, que de Toronto, 1er. Comme un symbole d’une équipe en manque de repères, la situation s’est particulièrement envenimée lors des deux derniers matchs à Miami et Orlando.
Tout a commencé jeudi en antenne nationale, contre une équipe de Miami qui talonne Boston au classement, mais qui fait davantage parler d’elle pour le design de ses maillots que pour la qualité de son jeu. Un match perdu par les Celtics. Jusque là rien de scandaleux, surtout en sortie de back-to-back après une grande victoire face aux Pacers. Mais les Celtics ont conscience que ce genre de match pourrait aussi se gagner pour s’affirmer dans le club des 5 en haut de la conférence. Il n’en fallait pas plus pour déclencher les premières tensions, un fait rare dans une équipe réputée pour son ambiance familiale où le collectif devrait passer avant tout. Lors d’un temps-mort, Jaylen Brown et Marcus Morris discutent et très vite le ton monte. Ce dernier aurait reproché à Brown son manque d’implication sur une action antérieure où il n’a pas fait l’effort d’effectuer le repli défensif assez rapidement, provoquant des points faciles pour le Heat. Sauf que Brown ne semble pas du tout d’accord avec son coéquipier et il n’en fallait pas plus pour que Marcus Morris perde patience. Il le bouscule avec insistance avant que les deux hommes soient séparés. Rien d’étonnant vu le passé de Morris à Phoenix où il a été accusé d’agression à plusieurs reprises (avec son frère jumeau) contre un ancien camarade de classe ou encore contre leur ex-agent.
Marcus Morris : 17 points (7-13 shooting & 3-5 from 3), 6 rebounds & 2 blocks in 29 minutes
— Lee Harvey (@MusikFan4Life25) 11 janvier 2019
Jaylen Brown : 2 points on 1-5 shooting & 2 rebounds in 15 minutes off the bench pic.twitter.com/PQAFbAtEPH
Bien que symptomatique, cet incident aurait pu être vite oublié. Jaylen Brown a vite désamorcé l’affaire dans les médias et les deux hommes se sont entraînés ensemble normalement avant le match d’Orlando. Le problème, c’est que Brown et Morris ne sont pas les deux seuls hommes sous tenson actuellement du côté de Boston. La nuit dernière, les Celtics se déplaçaient à Orlando pour vite stopper l’hémorragie via la magie de Disneyland. Autant dire que tout ne s’est pas passé comme prévu. Très vite, on a senti que l’on était embarqués dans le genre de match à accident pour une très bonne équipe sans envie contre un adversaire plus faible affamé de performance. Le même genre de scénario qui a mené les Sixers à perdre contre les Hawks au Wells Fargo Center avant-hier. Une fois de plus, ça n’a pas loupé. Boston réalise un match moyen, et aurait tout de même pu sauver l’essentiel dans les dernières secondes. Il reste 3 secondes sur la montre, Orlando mène de 2 points et Boston a une dernière possession pour tenter d’égaliser ou d’arracher la victoire.
Another look at Kyrie in the huddle before Celtics' last shot.
— Bleacher Report (@BleacherReport) 13 janvier 2019
Irving appeared to disagree with Brad Stevens' call... pic.twitter.com/GZfi6xewjD
Comme vous pouvez le voir sur ces images, Brad Stevens met en place son système. Oui, mais son franchise player Kyrie Irving a une réaction plutôt étrange sur le moment. Gordon Hayward part se placer mais Irving reste près de son coach. Il lui parle avec virulence et insiste sous le regard vide d’Al Horford et Guerschon Yabusele. Sur l’action qui suit, on comprend tout de suite la cause de cet entretien houleux.
Kyrie Irving didn't seem very thrilled with Gordon Hayward pic.twitter.com/oVSkSeoloX
— Def Pen Hoops (@DefPenHoops) 13 janvier 2019
Gordon Hayward remet en jeu sur Jayson Tatum qui part dans le corner droit. Le sophomore doit faire vite et après un dribble où il repousse son défenseur il effectue un step back rapide pour dégainer à mi-distance. Un tir difficile, forcé, et donc une brique sur un système franchement pas digne de ce à quoi Brad Stevens nous a habitué en sortie de temps-mort. Mais après avoir revisionné les images, quelque chose nous saute aux yeux. Il semblerait que ce tir n’était pas du tout le système dessiné par Stevens. Non à y regarder de plus près, c’est Gordon Hayward qui ne bouge pas après la passe et qui provoque le naufrage du système. En effet, l’ancien joueur du Jazz aurait dû couper vers le cercle comme Brad Stevens l’avait sans doute imaginé en prenant de vitesse Aaron Gordon tout en profitant de Al Horford qui en s’éloignant de la raquette la libérait pour son coéquipier. Alors, Jayson Tatum l'aurait surement servi pour qu'il effectue un lay-up ouvert immanquable. Oui, mais Hayward était ailleurs, un trou de mémoire ou un moment d’absence dur à expliquer qui a condamné son équipe cette nuit.
Bien sûr, il n’en fallait pas plus pour réveiller de nouveau une vraie colère chez Kyrie Iriving qui en a vu de toutes les couleurs en seulement quelques minutes. D’abord, il a dû étouffer sa rancœur de voir son coach ne pas lui faire confiance sur la dernière action. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il s’était expliqué avec lui avant cela. Irving est parmi les joueurs les plus clutchs de la ligue et ses tirs décisifs ont bercé les nuits des fans des Cavs et des Celtics ces dernières années. Mais sur cette action, il a volontairement été mis hors-jeu en se positionnant au milieu du terrain. Une façon de libérer un petit peu plus encore la raquette. Alors, même s’il n’a évidemment pas eu la bonne réaction, on peut accepter son incompréhension et sa montée de colère. Loin de l’action et inutile, il n’avait plus que ses yeux pour pleurer et voir Gordon Hayward faire tomber à l’eau le système de son coach. À la suite de ça, on peut donc le voir expliquer de vive voix à Hayward son erreur avec des gestes très explicites qui montrent qu’il fallait couper. La justification de son coéquipier ne l’a visiblement pas convaincu. Devant la presse, Hayward bredouillera qu’il a ‘’vu Jayson Tatum marquer ce genre de tir d’innombrables fois’’ mais ce sera sans doute insuffisant pour digérer cette défaite.
Désormais, les Celtics doivent repartir de l’avant en posant à plat les vraies raisons de cette première moitié de saison décevante. On ne serait pas étonnés de voir une réunion organisée dans les prochains jours afin que tout le monde mette les choses au clair et que les tensions apparues devant les caméras lors de ces deux derniers matchs disparaissent. C’est aussi à Brad Stevens de sonder son groupe. Depuis 3 mois, on dirait que le génie de ce coach passe moins dans le vestiaire. Souvent surnommé ‘’le Mozart du basket’’ pour ses systèmes intelligents et ses sorties de temps-mort parfaites, on ressent moins sa patte dans le jeu de ses joueurs cette année. La nuit dernière, on dirait que personne n’a compris le système qu’il souhaitait mettre en place sur la dernière action, Gordon Hayward le premier. Les défaites entraînent les questionnements et dans ce cas, on peut aussi se demander si snober Kyrie Irving pour un tir décisif était une décision judicieuse. En tout cas, elle a eu le don d’énerver un joueur qui sera agent libre cet été, et ce n’est jamais une bonne idée. Souvent cette saison, Jayson Tatum a pris la liberté de prendre autant de tirs que Irving, quitte à forcer sans hésiter parfois. Coïncidence ou non, les soirs où Tatum tire autant que son meneur sont souvent synonymes de défaite. Ce fut le cas la nuit dernière.
La mésentente entre Jaylen Brown et Marcus Morris face au Heat soulève une autre question, celle de la gestion des égos dans le vestiaire de Boston. Est-elle si évidente ? Cette saison, Brad Stevens a pris la décision lourde de sens de titulariser Marcus Smart qui a resigné pour la Green Nation cet été ainsi que Marcus Morris en constant progrès depuis son arrivée. Conséquence, Jaylen Brown et Gordon Hayward qui pensaient avoir un statut de titulaire indiscutable doivent se contenter d’une place sur le banc. Pas sûr que ce rôle provoque un épanouissement assuré chez eux. Ainsi, la bagarre avortée entre Brown qui a perdu sa place au profit de Marcus Morris est tout de suite plus simple à analyser. Toujours sur ce même banc, Terry Rozier a retrouvé en toute logique sa place de remplaçant depuis le retour de Kyrie Irving. Cependant, cela ne l’empêche pas de clamer haut et fort qu’il souhaite devenir titulaire en NBA et qu’il le mérite. Il sera agent libre cet été et sauf retournement de situation, son départ est quasiment acté. Pas sûr que cela entraîne une relation très saine avec ses coéquipiers presque tous engagés sur le moyen terme à Boston. Les deux prochains matchs seront un déplacement à Brooklyn (7ème), et la réception de Toronto, leader de la NBA. Un nouveau faux pas pourrait provoquer une situation de crise alors que l’on se rapproche de la trade deadline. Vous connaissez Danny Ainge et son sens des affaires…