La première pensée qui est venue à l'idée des nombreux fans français de NBA à l'annonce de la liste a été la suivante : "où est Tony Parker" ? On pouvait légitimement penser que le quadruple champion NBA serait membre des 75 plus grands. Outre ses bagues de champion, il figure en haut de nombreux classements statistiques, notamment en playoffs (passes décisives, matchs joués...), sans parler de son titre de MVP des finales en 2007. Mais les votes en ont décidé autrement, et le Frenchie se consolera avec une place au Hall of Fame très prochainement.
Parker n'est pas le seul Spurs lésé, puisque son compère Manu Ginobili est lui aussi absent. Membre du trio magique des Spurs et lui aussi détenteur de quatre bagues, l'Argentin était un joueur génial, à la vision du jeu supérieure à la moyenne et d'une longévité et une régularité impressionnante. "El Manu" avait de nombreux arguments à faire valoir, mais il doit laisser Tim Duncan comme seul membre du "Big Three" des Spurs présent dans la liste.
Et que dire de l'absence de Pau Gasol ? Double champion NBA, plus de 1200 matchs disputés, plus de 20000 points en carrière, une régularité clinique, une importance capitale dans les deux titres de 2009 et 2010: l'Espagnol repassera pour la gratification. Ainsi, trois des plus grands joueurs internationaux de l'histoire, malgré des carrières très fournies et victorieuses, sont absents de cette liste, ce qui pose forcément question. Bien évidemment, être Américain n'est pas une condition sine qua none pour recevoir cet honneur, puisque Dirk Nowitzki, Steve Nash ou encore Giannis Antetokounmpo viennent d'intégrer le club des 75. Mais à l'heure de l'internationalisation de la ligue, on attendait une plus large récompense pour la contribution du basket international à l'essor de la NBA partout dans le monde.
Pour le reste, on peut remarquer quelques absences notables, la plus marquante étant celle de Vince Carter, pour qui le manque de palmarès a joué contre lui. Les défenseurs ne sont pas souvent mis en lumière, ce qui explique certainement que Ben Wallace et Dwight Howard (7 trophées de DPOY à eux deux) ne soient pas présents. Enfin, quelques glorieux anciens comme Alex English et Bernard King, ont vu leurs espoirs anéantis alors qu'ils étaient déjà des postulants sérieux pour la liste des 50 plus grands publiée en 1996.
Avant d'aborder ce point, il est bon de noter que quelques "injustices" de la précédente liste ont été réparées. Ainsi, Dominique Wilkins, Dennis Rodman, ou encore Bob McAdoo ont vu leur nom apparaitre. Mérité pour ces trois joueurs, notamment pour Wilkins, dont l'absence avait particulièrement été décriée en 1996.
Néanmoins, beaucoup de joueurs actuels ont été nommés parmi les 75 plus grands. Les deux noms qui font le plus réagir sont ceux de Damian Lillard et Anthony Davis, probablement à juste titre. Déjà parce qu'ils n'entament "que" leur dixième saison en NBA, mais aussi parce que leurs acomplissements individuels et collectifs sont pâles comparés aux joueurs cités dans la première partie de cet article. Lillard n'a qu'un titre de rookie de l'année et une finale de conférence à afficher à son palmarès, bien qu'il affiche un niveau affolant depuis trois saisons. Quand à Anthony Davis, s'il a bien remporté le titre NBA en 2020, il a vu sa carrière perturbée par les blessures et ne dispose d'aucun palmarès individuel. Ainsi, on se demande comment ces deux joueurs ont pu passer devant Parker et Gasol, pour citer des concurrents du même poste. Culture de l'instant à n'en pas douter, mais aussi un niveau individuel intrinsèque supérieur à celui de leurs concurrents, ce qui a pris le pas sur le distinctions collectives plus nombreuses chez les autres. A l'heure de "Player Empowerement", cela n'a rien d'étonnant que deux joueurs aussi populaires et dominants à leur poste soient sélectionnés.
Pour le reste, cette liste est conforme aux attentes, avec les entrées de LeBron James bien entendu, ainsi que Stephen Curry et Kevin Durant notamment. Impossible d'ignorer Carmelo Anthony, désormais parmi les 10 scoreurs les plus prolifiques All-Time. La liste fait la part belle aux shooters puisqu'outre Curry, Ray Allen et Reggie Miller font partie de la fête. On note également la présence de Gary Payton et Jason Kidd, meneurs marquants des 90's, ainsi que de Kawhi Leonard, récompensé pour ses campagnes inoubliables en playoffs. Enfin, impossible de terminer sans avoir une pensée pour Kobe Bryant, dont la présence est bien évidemment indiscutable, mais qui n'aura pas connu cet honneur de son vivant, tout comme son entrée au Hall of Fame. Un rappel de plus du vide qu'a laissé la disparition de cet immense champion.