Mais que se passe-t-il à Salt Lake City ? Le Jazz souffre grandement en ce début de saison dans une conférence Ouest homogène. Après leur 4ème place et leur demi-finale de conférence l'an passé, on attendait pourtant mieux de ce groupe si soudé. Cet été, rien n'a changé et on attendait donc des résultats aussi bons, mais la régression est réelle sur ces 20 premiers matchs. Avec un bilan de 9 victoires et 12 défaites, quelque chose ne tourne pas rond dans le saxophone. Est-ce un excès de confiance ? Possible, personne ne semble s'alarmer de la situation pour l'instant. Cependant, l'humiliation subie à domicile la nuit dernière devrait remettre en question ce jugement. Une défaite de 32 points d'écart dans leur salle face aux Pacers amputés de leur franchise player, Victor Oladipo, c'est inadmissible.
Mais que pointer du doigt ? Difficile à dire. Dans les statistiques individuelles, il n'y a aucun véritable changement par rapport à l'an passé. Utah compte toujours 6 joueurs à plus de 10 points de moyenne. Leur force, c'est le collectif et sur ce point rien n'a changé. Mais on peut tout de même se poser des questions sur le leadership de Donovan Mitchell en attaque. Très impressionnant dans sa saison rookie, il doit maintenant confirmer et la tâche n'est pas si simple que ça. Il a été propulsé leader d'une équipe avec des ambitions immédiates, tout sauf simple pour un jeune homme de son âge. Lors de certaines gifles mémorables, il a répondu absent. On pense au match face aux Lakers (83-90) où il marqua 4 points, face aux Pacers (94-121) il y'a une semaine, où il marqua 7 points, ou encore face aux Mavs (68-118!) où il marqua 10 points. Le constat est clair, lorsque son équipe n'est pas en forme, Mitchell n'arrive pas à élever son jeu. Il peine à prendre son équipe en main pour lui permettre de garder le cap. C'est normal pour un sophomore, mais les jazzmen ont besoin qu'il développe cela.
Donovan Mitchell est tout sauf l'unique coupable. C'est toute l'équipe qui traverse un naufrage collectif inexplicable. Cette saison, l'équipe a déjà connu 5 matchs avec moins de 90 points marqués. Pire, 10 matchs à moins de 100 points. Dans une NBA où le rythme offensif a explosé, c'est impossible de gagner dans ces conditions. Sans dépasser la barre des 100 points plus souvent, le Jazz pourra très vite dire adieu à ses ambitions. Le problème n'est pas qu'offensif. Défensivement, l'équipe connaît également certains trous d'air inexplicables, et ils ont déjà encaissé plus de 119 points à 6 reprises. Une statistique impensable l'an passé qui est devenue bien trop banale cette saison. C'est à se demander que fait le meilleur défenseur de l'année, qu'ils comptent pourtant dans leurs rangs. Enfin, dernier point qui dérange, c'est leur sérieux à domicile. Le Jazz a subi la moitié de ses défaites dans sa Vivint Smart Home Arena, et n'a remporté que 2 rencontres. 2 victoires sur 8 possibles donc. N'importe quelle équipe qui prétend être une prétendante aux premiers rôles doit faire de sa salle une forteresse imprenable. À Utah, ce n'est pas le cas.
Revenons-en au défenseur de l'année 2017/2018, notre Français tant adulé, Rudy Gobert. L'an passé, sa présence conditionnait le succès de son équipe de manière radicale. C'est même son retour de blessure en fin d'année qui avait propulsé son équipe de la 10ème à la 4ème place. On dirait que ce n'est plus suffisant. Sa présence si intimidante n'arrête plus les adversaires d'atteindre des scores très élevés. Récemment interrogé sur le sujet, Rudy a pointé du doigt l'arbitrage qui se montre cette année plus strict que jamais sur les duels attaquant/défenseur dans la raquette.
C'est plus difficile. Le jeu évolue, il y a de plus en plus de fans qui regardent les highlights sur les réseaux sociaux. La ligue adore ça, ça vend plus de billets. C'est à nous d'être plus malins et de s'adapter. En tant qu'intérieur, je dois être quasiment parfait pour protéger le cercle sans être sifflé maintenant. C'est un défi. On prend beaucoup de fautes et parfois, ça va nous décourager et on commence à trop réfléchir, à perdre notre intensité.
Rudy Gobert a raison de mettre en doutes les arbitres. Il est devenu plus difficile que jamais de défendre et aujourd'hui le moindre contact est synonyme d'une faute comme il l'a expliqué. Mais on ne peut justifier les défaites du Jazz qu'avec cet argument. Sauf hallucination de notre part. Les 68 points marqués à Dallas pour une défaite de 50 points d'écarts ne sont pas uniquement de la faute des arbitres. C'est une régression collective qui a lieu. L'ensemble du Jazz doit désormais tirer la sonnette d'alarme et réagir comme ils ont toujours su le faire, en groupe, unis et soudés. Ils doivent retrouver leurs fondamentaux pour retrouver la victoire et les hautes sphères de l'Ouest. Pour l'instant, il n'y a pas de panique à avoir car 14 équipes se tiennent en 5 victoires dans cette conférence folle (les Suns eux, sont dans une dimension parallèle). On suivra donc attentivement les prochains résultats du Jazz qui part en road-trip à l'Est pour affronter Brooklyn, Charlotte et Miami. Un bon révélateur.