- contexte
Après sa saison accomplie aux Clippers, Shai Gilgeous-Alexander ne s'attendait certainement pas à changer de franchise au bout d'une seule année en NBA. Le rookie l'a appris à ses dépens, faire ses preuves ne suffit pas toujours à conserver une place figée. La première année chez les pros de Shai fut plus que convaincante. Doc Rivers ne tergiversait pas longtemps avant de promulguer le Canadien au rang de titulaire. Résultat : il jouera le plus grand nombre de minutes de son équipe. Un accomplissement plus qu'honorable pour un rookie au sein d'une organisation qui a participé aux derniers playoffs. Aux côtés de Patrick Beverley, Gilgeous-Alexander a fait preuve d'intelligence et de patience, atouts qu'on louait déjà du côté de Kentucky. Sa capacité à sanctionner les différences crées par ses partenaires témoigne de sa maturité pour un joueur si jeune. Le nouveau numéro 27 d'Oklahoma City a démontré qu'il pouvait sanctionner par son tir (36% à 3pts) et prendre les bonnes décisions sur pick-and-roll. Les interrogations sur sa personne se posent sur sa compétence à diriger le jeu avec régularité et prendre ses responsabilités balle en main. Au Thunder, la question qui va se poser est la suivante : Shai Gilgeous-Alexander a-t-il le profil et surtout le potentiel d'une star, tout du moins d'être le leader de son équipe. Nous allons essayer de dénicher quelques éléments de réponse.
- Analyses & Enjeux
Dans le bon développement d'un jeune joueur, le contexte d'une équipe fait partie intégrante du processus. Débarquant dans une équipe remodelée à la suite du démantèlement de Lob City, Gilgeous-Alexander s'est parfaitement intégré à une équipe de vétérans reconnus pour son professionnalisme et un niveau de jeu respectable. Il avait en quelque sorte un rôle de finisseur, n'étant ni la première option ni la dernière roue du carrosse. Tobias Harris puis Danilo Gallinari par la suite menaient régulièrement en main l'attaque des Clippers. Au Thunder, la tendance sera radicalement différente. Oklahoma City entame une ère de reconstruction et le sort de plusieurs joueurs comme Chris Paul, Danilo Gallinari ou Steven Adams reste en suspens. Une seule chose est sûr : Shai Gilgeous-Alexander incarne bien l'avenir du Thunder. Alors oui mais voilà, a-t-il les moyens d'être à la hauteur des attentes de Sam Presti. Le General Manager excelle dans l'art de développer ce genre de joueurs au profil athlétique particulier (grand avec une longueur de bras encore plus immense) mais dans un cadre réduit à celui de role-player. Si SGA était simplement destiné à finir les actions et défendre correctement aux Clippers, OKC sera plus gourmand concernant ses ambitions pour le jeune homme.
Gilgeous-Alexander a prouvé qu'il pouvait tirer avec consistance à Los Angeles, notamment en catch-and-shoot. Il a légèrement amélioré sa mécanique, qualifiée de trop lente à l'université. Sa lecture sur pick-and-roll était également questionnée mais il a su globablement bien s'en sortir pour sa première année. Son plafond réside surtout dans son aptitude à pouvoir punir en sortie de dribble et dans son play-making. Shai a un penchant pour le pull-up à mi-distance mais sa réussite globale sur le jump-shot reste encore à perfectionner (38% au global). Son toucher et son éthique de travail peuvent laisser augurer de bonnes choses. Le constat est quelque peu le même pour sa création. Shai Gilgeous-Alexander est tout à fait capable de lire le pick-and-roll et d'effectuer la bonne passe. Reste à voir si le garçon peut cuisiner et casser la défense avec régularité. Délicieux mélange de longueur et d'agilité, il est un athlète élégant de par sa fluidité. Le joueur a affirmé avoir travaillé sur ce point de son jeu, afin d'améliorer ses appuis au sol pour se rendre plus facilement au cercle. Cette limpidité dans ses mouvements et son contrôle du corps lui permettent de compenser une explosivité assez moyenne qui l'empêche de dégainer rapidement ou de driver avec férocité.
- attentes & perspective
Au Thunder, Shai Gilgeous-Alexander va retrouver un ancien membre de la maison Clippers, Chris Paul. Si le Thunder décide (finalement) de conserver CP3, Shai pourrait alors évoluer dans un rôle un peu similaire à l'an dernier. Bon cuteur et prouvant sa capacité à jouer sans le ballon, son association dans le back-court avec l'ex-meneur des Rockets ne semble poser aucun soucis de compatibilité. SGA devrait en plus être crédité d'un nombre de shoots et de responsabilités plus importantes qu'à Los Angeles. Les débuts pourraient être plus brouillons, Shai devra s'accomoder d'un nouveau rôle avec une nouvelle équipe et un coach contesté. Son abilité à pouvoir créer pour les autres et pour lui-même sera scrutée. De ce point de vue là, Chris Paul lui a certainement déjà glissé quelques conseils. Selon The Athletic, les deux hommes se sont déjà entraînés ensemble à plusieurs reprises durant l'inter-saison. A sa sortie de Kentucky, on prédisait déjà à SGA une montagne de difficultés. Il a su s'en accomoder et semble parfaitement enclin à prendre en main son nouveau rôle. En quelque sorte, la carrière NBA de Shai Gilgeous-Alexander va redébuter avec l'ensemble des espoirs du Thunder sur sa personne.