Il y a des équipes qui ne sont pas épargnées par les blessures et dans ce type de configuration il s'avère difficile de pouvoir évaluer concrètement le potentiel réel d'une franchise. C'est le cas de la Nouvelle-Orléans qui n'a réellement pas pu donner pleine mesure de ses potentialités suite aux blessures de plusieurs joueurs cadres. On pense notamment à Jrue Holiday débarqué la saison passée en provenance des 76ers mais qui, rapidement, a rejoint l'infirmerie pour ne finalement jouer que 34 matchs la saison passée.
Ryan Anderson a lui aussi dû mettre un terme à sa saison suite à une blessure au cervical contractée lors d'un choc avec Gerald Wallace. Et que dire d'Eric Gordon ? Outre le fait qu'il n'ait joué que 64 matchs, l'intéressé tarde à retrouver le niveau qui était le sien aux Clippers et à honorer son contrat de 58 millions de dollars sur 4 ans. En d'autres termes, il nous tarde de voir évoluer tous ces joueurs ensemble et à l'approche de l'ouverture de la saison 2014/2015, on se demande si Monty Williams compte faire évoluer le trio Holiday/Gordon/Evans dans le starting five ?
C'est en tout cas ce que le head coach des Pelicans a proposé lors des deux derniers matchs de preseason et il assure qu'il compte renouveler cette association au cours de la saison à venir:
"Il vous offre une approche différente parce qu'ils sont en mesure de tous jouer le pick and roll. Ils ne scorent pas tous de la même manière. Eric est probablement le meilleur shooteur à distance. Jrue est capable de shooter à distance et de pénétrer tandis que Tyreke pénètre et perturbe les défenses en finissant près du cercle. Ils sont également tous en mesure de distribuer. Tyreke a le sentiment d'être le meilleur passeur. Lui et Jrue peuvent argumenter de ce point de vue. Mais au final, leur versatilité leur permet de jouer avec et sans la balle."
- La triple menace
Afin d'illustrer les propos de coach Williams voici un descriptif des shoots pris par ces trois joueurs la saison passée.
Jrue Holiday
Distances | Réussis | Tentés | % de réussite |
At Rim | 70 | 125 | 56 % |
3 to <10 ft | 29 | 83 | 34,9 % |
10 to <16 ft | 30 | 65 | 46,2 % |
16 ft to <3-pt | 44 | 104 | 42,3 % |
3-pt | 30 | 77 | 39 % |
Comme le souligne son head coach, on s'aperçoit que la répartition des shoots de Jrue s'avère beaucoup plus proportionnée que les deux autres membres du trio. Certes, ces chiffres ne représentent qu'une trentaine de matchs mais donnent tout de même un aperçu concret des dispositions de Jrue du point de vue de sa sélection de shoots. Cette variété se caractérise par la distance à laquelle Holiday initie ses tentatives au shoot. Notons tout de même que 72,4 % de ses tentatives sont des jumpshot. Une tendance qui explique notamment son pourcentage d'adresse en deçà des 45 %. Illustration en image.
Eric Gordon
Distance | % de répartition en fonction de la distance | % de réussite |
At Rim | 30,8 % de ses shoots | 58,3 % |
3 to <16 ft | 21,2 % de ses shoots | 30,6 % |
16 ft to 3-pt | 48 % de ses shoots | 39,9 % |
Concernant Eric Gordon, on observe que le musculeux arrière des Pelicans tentent près de 50 % de ses shoots à distance avec notamment 258 à trois points soit six tentatives de plus que près du cercle. On constate par ailleurs qu'il n'affectionne en aucun cas la zone intermédiaire avec seulement 47 tentatives - quasiment toutes à droite du panier - sur l'ensemble de la saison. Gordon n'a jamais utilisé cette zone depuis son arrivée dans la grande ligue. Très à l'aise de loin, il est en capacité de fixer son vis-à-vis - hesitation dribble + step back - ou d'aligner longue distance suite à une réception shoot. Cette double capacité lui ouvre des brèches en pénétration puisqu'elle sème le doute chez son défenseur. Lorsqu'il trouve l'intervalle, Gordon profite de son physique avantageux pour accéder au cercle. En définitive, les Pelicans possèdent deux joueurs - Holiday et Gordon - capables de shooter derrière l'arc à presque 40 % sur une saison (nous omettons volontairement d'aborder le "cas" Ryan Anderson).
Tyreke Evans
On ne peut pas faire plus simple non ? Vous connaissez les lacunes de T-Rex aux shoots mais aussi ses facilités à perforer les défenses adverses. Ce schéma illustre parfaitement cette tendance avec un total de 507 shoots tentés près du cercle. A titre de comparaison Dwight Howard a tenté 529 shoots dans cette zone la saison passée.
- Une complémentarité offensive
La présence d'un Jrue Holiday et d'un Ryan Anderson sur toute une saison pourrait offrir de belles opportunités à Evans puisque cette dernière leur permettrait d'ouvrir les défenses adverses tout en lui offrant des solutions en périphérie - 6,3 passes de moyenne après le All-Star Game la saison passée - une situation de jeu dont Ryan Anderson compte pleinement profiter :
"Nous avons un panel de joueurs très différents et cette situation peut bénéficier à tout le monde. Nous avons des talents individuels, nous nous respectons mutuellement et nous comprenons la façon dont chacun joue. Un gars comme Tyreke, il peut ouvrir le terrain et m'offrir des shoots ouverts. C'est un exemple qui démontre que chacun peut apporter à l'autre."
Ces trois joueurs sont capables de créer pour eux-mêmes mais aussi de créer pour les autres. Ainsi les combinaisons sur pick and roll prennent une ampleur supplémentaire avec le retour de Jrue Holiday, une aubaine pour la pierre angulaire Davis et pour Monty Williams qui possède trois joueurs dans son cinq de départ habilités à travailler sur P&R aux postes 1,2 et 3. De plus, l'arrivée d'Omer Asik semble être une bonne chose et son association avec Davis devrait permettre aux Pelicans de pallier certaines errances défensives. L'association Gordon/Evans a donné des résultats inquiétants de ce point de vue la saison passée.
L'intronisation d'Asik dans le cinq majeur devrait logiquement permettre aux Pelicans d'intimider davantage les assaillants adverses et de soulager Davis dans le secteur défensif. Le Turc est un excellent rebondeur avec pas moins de 11,3 rebonds de moyenne lors de ses 19 titularisations, dont 8,5 rebonds défensifs pour 27,5 minutes en moyenne. Deux facteurs qui pourraient alimenter le jeu en contre-attaque avec quatre joueurs disposés à traverser tout le terrain. Un scénario pour lequel Tyreke Evans a déjà signé :
"Je pense que nous sommes à notre avantage lorsque nous récupérons un rebond et que nous nous projetons rapidement vers l'attaque. Nous avons tous une option pour scorer. L'une des particularités de mon jeu, c'est que je peux créer. Si je vois un gars ouvert, je vais tâcher de lui délivrer la passe."
Pour finir, Holiday, Gordon, Evans, Anderson et Davis ont été alignés 90 minutes ensemble la saison dernière et à eux cinq, ils ont totalisé une moyenne de 123,5 points pour 100 possessions ! Soit le second meilleur total pour un lineup ayant été aligné au moins pendant 90 minutes. C'est dire le potentiel offensif des Pelicans lorsqu'ils sont au complet. A Monty Williams de trouver l'équilibre et au bon Dieu de préserver ce roster des blessures !