Terminé, finish, terminado, fertig, finito. Cette saison, le débat concernant le trophée de meilleur rookie n’a jamais vraiment eu lieu. Pour une raison très simple, Luka Doncic a très vite mis tout le monde d’accord avec des performances exceptionnelles. Voir un rookie européen claquer un 20-5-5 dès son arrivée en NBA avec des highlights dignes des plus grands et des tirs ultra clutch, ça a de quoi en impressionner plus d’un. Mais au-delà de ses statistiques individuelles, ce sont ses qualités de leadership qui l’ont élevé au-delà du commun des mortels. Après une dizaine de matchs, Dallas proposait un jeu séduisant qui a placé les Texans dans la course aux playoffs l’espace d’un instant. En amenant Dallas en playoffs dès son arrivée, Doncic serait immédiatement devenu l’un des meilleurs rookie de l’histoire. Ce ne sera pas le cas et depuis, Trae Young a fait parler de lui.
Le sniper des Hawks aura eu besoin d’un seul petit match pour rappeler à tout le monde tout le talent qui est le sien. La raison qui a poussé Atlanta à le sélectionner lui et non pas Doncic, tout en récupérant le pick des Mavs pour la prochaine draft, cadeau. L’histoire était écrite et depuis ce soir-là, il faut croire que les noms de Doncic et Young auront du mal à se dissocier l’un de l’autre. Vendredi dernier, les Hawks recevaient les Bulls pour un match qui allait devenir historique. 68 minutes après le début de la rencontre, le buzzer final retentissait. 20 minutes de plus que la norme grâce à 4 prolongations d’un match au scénario épique. Ces deux équipes faibles voulaient cette victoire coûte que coûte et si la bande à Trae Young n’y est pas parvenue, des statistiques affolantes sont à relever. 168 à 161, c’est le 3ème match de l’histoire NBA aux nombres de points marqués. D’un point de vue individuel, Young a lui écrit sa propre légende, en réalisant ce qui ne l’avait jamais été auparavant. Il a terminé ce match avec 49 points, 16 passes décisives, et 8 rebonds. 49 points, en tirant à 17/33, au-dessus des 50% donc ce qui place une performance acquise sans tirer n’importe comment (coucou Russell Westbrook). D’abord, il est le 3ème rookie de l’histoire à réussir au moins 40 points et 10 passes dans un match, rejoignant ainsi Michael Jordan et LeBron James, deux des meilleurs joueurs de l’histoire. Plus encore, il est le tout premier rookie de l’histoire à compiler au moins 45 points et 15 passes décisives. Hi-sto-rique. Alors oui, il aura bénéficié de 56 minutes de jeu pour cela mais qui s’en souviendra ? Encore une fois, il n’a pas joué que pour lui en laissant une feuille de statistiques plus de propre.
Un tel match peut-il suffire à relancer la course au Rookie of the Year ? La réponse est sans doute négative. Luka Doncic a pris trop d’avance dans ce débat et désormais, on a l’impression que son nom est déjà inscrit sur le trophée, quoi qu’il arrive d’ici avril. Mais Trae Young mérite peut-être un peu plus de reconnaissance face aux exploits qu’il réalise. De plus, on peut légitimement penser qu’il possède à Atlanta des coéquipiers plus faibles que ceux dont dispose Doncic avec les Mavericks. Car même s’ils ne sont pas fondamentaux, les résultats collectifs comptent. Ce sont eux-mêmes qui ont élevé Doncic dès les premiers matchs lorsque Dallas regardait tout le monde dans les yeux à l’Ouest. Sauf qu’aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas. Les Mavs traînent la patte à la 13ème place de leur conférence, 27 victoires au compteur, loin des playoffs. Depuis le début de l’année, le jeu produit est de plus en plus catastrophique et le leadership de Doncic a clairement baissé de rythme, plus autant efficace. Facteur simple, les défenses se sont adaptées au jeu du Slovène et à son organisation, pas lui. Côté Hawks, la pente est inversée. Après des premiers mois difficiles, l’équipe emmenée par Trae Young et John Collins développe un basket de plus en plus intéressant. 12ème à l’Est avec 22 victoires, ils n’ont donc remporté que 5 matchs de moins que les Mavs, un chiffre très loin du gouffre supposé qui plane dans l’imaginaire collectif entre les deux rookies. Les statistiques individuelles sont plutôt proches également. Doncic affiche 21 points et 5 passes de moyenne, c’est 18 points et 8 passes côté Young.
Alors le sort est probablement déjà joué dans cette course, mais Young dispose encore d’un mois pour tenter d’inverser la vapeur. Alors qu’il en manquait cruellement en 2018, il a désormais trouvé une régularité qui lui permet de faire gonfler ses statistiques à vue d’œil de jour en jour. Un mois restant également, pour que Young prouve qu’il n’a rien à envier au Slovène sur le leadership en dépassant les Mavs au nombre de victoires. C’est tout à fait probable, surtout quand on observe les récentes défaites catastrophiques de Dallas face à Memphis (-30) et Brooklyn (-39). Malheureusement pour les fans des Hawks, la hype risque de donner raison à Doncic. La même qui avait offert à LeBron James en 2004 un titre de Rookie of the Year plus que contestable au détriment de Carmelo Anthony…