Il y a longtemps en NBA, jouer Small Ball était un acte quasi suicidaire surtout en playoffs. Le chemin menant au titre passait forcément par le jeu de poste. A cette époque, la taille et la force l’emportaient largement sur la technicité.
Lors de la conquête de leurs 11 titres avec les Bulls et les Lakers, Phill Jackson et son fidèle assistant Tex Winter se faisaient une joie de rencontrer Don Nelson et Mike D’Antoni, les deux principaux initiateurs du mouvement Small Ball. Aucune des formations de ces deux coaches, Warriors et Mavericks pour Nelson et Suns pour D’Antoni, n’était considéré un candidat sérieux au titre à l’approche des playoffs caractérisé par une dominance du jeu de poste.
Les NBA Finals 2015, marquent clairement un tournant dans la stratégie de jeu avec la victoire des Warriors face à Cleveland, et un Small Ball foudroyant tous ses adversaires au passage. Et, ironie du sort, c’est sous la direction de Steve Kerr, ancien protégé de Phil Jackson et Tex Winter, que le Small Ball est titré pour la première fois.
Plusieurs facteurs expliquent cette fièvre Small Ball qui s’est répandue ses dernières années en NBA, mais les plus influants restent tout de même, la large adoption du Basketball Analytics et la pénurie de joueur de poste de haut niveau.
Le Basketball Analytics, une complexe démarche analytique des statistiques de match, a résumé la situation de jeu en une opération arithmétique simple : un tir à 3 point, ramène un point de plus qu’un tir à 2 points. Replacé dans un contexte ou la tendance Pick’N’Roll a poussé les équipes à protéger de plus en plus leur raquette, cette logique trouve beaucoup de sens de part les opportunités qui se développent d'avantage désormais derrière l’arc.
Cette menace à 3 points à engendrer à son tour un besoin en joueur capable d’attaque les gaps défensifs, eux même résultat de la volonté de défendre derrière l’arc, et donc des joueurs dotés de qualités offensives face au panier.
La pénurie de Big Men de qualité quant à elle, trouve son origine dans le processus de développement du joueur d’aujourd’hui. De plus en plus de joueurs tentent l’aventure NBA plutôt qu’avant.
Le grand saut, High School vers NBA, les prive d’un maillon important de leur développement technique, le passage entre les mains des coachs NCAA réputés pour leur vocation formatrice et toujours fidèles au jeu de poste classique et aux fondamentaux du basket-ball en général.
Ceci explique d’ailleurs pourquoi les franchises NBA font de plus en plus leur recrutement de grande taille en Europe. Et même en trouvant la perle rare, elles doivent faire un arbitrage entre l’avantage de la taille sur le plan offensif et la perte de mobilité et de vitesse sur le plan défensif engendré par ce même gain de taille face au Small Ball.
Une certitude, en NBA les choses changent et très vite même. Les Big Men s’adaptent au mouvement Small Ball. Ils commencent de plus en plus loin du panier sur des actions Pick’N’Roll, et sont capable d’attaquer face au panier en tant que Roll Man. Ils font de plus en plus de Pick’N’Pop et sont de plus en plus adroits aux 3 points.
Le Skills challenge dans son édition 2016 est la parfaite preuve de cette adaptation des Big Men et de l’influence grandissante du Small Ball sur la formation même du joueur NBA. Karl-Anthony Towns, pivot de 2,13m, remporte le trophée du joueur le plus agile en NBA. Depuis la premiére édition en 2003, ce trophée n’est remporté que par des arrières ou meneur tels que Jason Kidd, Steve Nash, Tony Parker ou encore Damian Lillard… Reprise du pouvoir des Big Men en vue ?