Cela fait maintenant plusieurs années que j’essaye de partager ma passion avec les lecteurs d’Inside Basket, certes avec plus ou moins de régularité (Matt si tu me lis !), mais toujours avec engouement. Ces derniers jours, une pensée me taraude au plus haut point ! Depuis l’arrivée de Nikola Jokic dans la ligue, je n’ai jamais rédigé le moindre papier à son sujet ! C’est limite blasphématoire ! Mais il n’est jamais trop tard - ou presque - et je m’en vais tenter de rectifier immédiatement le tir en vous proposant un billet qui je l’espère vaudra le détour.
- Tour de contrôle
Denver est sur une bonne dynamique depuis maintenant plusieurs semaines avec un bilan de 6 victoires pour 1 défaite et je ne vous apprendrai rien en affirmant que le pivot serbe est la pierre angulaire de cette réussite actuelle. Mike Malone est un petit veinard, il le sait et reconnaît l’immensité de la performance réalisée la semaine dernière par son jeune intérieur :
Nous avons le sentiment que nous possédons le meilleur facilitateur et le meilleur playmaker de toute la NBA.
Sauf que l’intéressé joue au poste 5 et qu’il pourrait aisément donner des cours de gestion et de distribution du jeu à bon nombre de meneurs NBA censés faire briller autrui… A la différence des meneurs boulimiques, Jokic ne monopolise pas la balle c’est juste que la balle vient à lui. Et c’est à ce moment précis que nous allons commencer à vous proposer des statistiques qui ont du sens !
Jokic aime le beau geste, c’est un esthète de la balle orange mais qui derrière la beauté du geste n’en demeure pas moins mortellement efficace. Lorsqu’il est sur le terrain, il génère 28,4 % des passes de son équipe ! Mieux encore ! Lorsqu'il quitte le parquet, son équipe passe d’une moyenne de 110,1 points inscrits pour 100 possessions - top 4 de la ligue - à une moyenne de 104,1 points pour 100 possesions tandis que le team assist rate des Nuggets diminue de près de 4 %. Deux statistiques qui témoignent de l'impact de Jokic sur les Nuggets puisqu'en son absence, on se rend compte que l'attaque et le collectif sont en berne. Au cours du dernier mois, Jokic a réalisé plus de passes que la plupart des meneurs titulaires en NBA ! Seuls cinq meneurs titulaires le devancent… Ce joueur est assurément underrated et n’est malheureusement pas (encore ?) l’un des amis de LeBron James ou Stephen Curry !
Mais poursuivons sur notre lancée ! Connaissez-vous l’assist-to-usage ? Grosso modo, cette statistique nous permet de mettre en lien le nombre de passes décisives généré par le joueur (AST%) rapporté aux situations où ce dernier est en possession de la balle (USG%). De bons gestionnaires comme Chris Paul (USG% de 24,6) ou Rajon Rondo (USG% de 16,4) disposent respectivement d’un ratio de 1,73 et 1,71. Depuis février, Jokic dispose – accrochez-vous bien ! – d’un assist-to-usage de 1,86 pour un USG% de 25,7 ! Les deux « meilleurs » passeurs de la ligue, John Wall ou Russell Westbrook, possèdent quant à eux un assist-to-usage de 1,48. C’est un autre débat mais ces stats nous laissent à penser que, pour le bien de leur franchise, ils devraient peut-être reconsidérer certains aspects de leur jeu car ils ne sont peut-être pas si productifs que ça ! N’en déplaisent aux groupies aveuglées des amis du King ! D'autres ne s'y trompent pas, petit florilège...
- Think fast and especially well !
Depuis le début du mois de février, Jokic est le joueur qui en moyenne "touche" le plus de ballons par match avec 103,3 touches devant Ben Simmons (96), Russell Westbrook (95,8), Blake Griffin (93,9) et Spencer Dinwiddie (92,8). Malone a, lucidement, décidé de donner les rennes à son pivot serbe et son influence sur le jeu des Nuggets s’en ressent et devient grandissante.
Cependant « toucher le ballon » n’est pas nécessairement rentable surtout lorsqu’un charlot est en charge d’initier le jeu offensif de son équipe. Qui n’a jamais croisé ce genre d’énergumène sur un playground ? Malencontreusement, il en existe énormément mais passons ! Le Joker ne compte pas dans cette catégorie et les éléments ci-dessous vont montrer à quel point sa capacité d’analyse et de décryptage du jeu demeure tout bonnement exceptionnelle. Mais avant cela, un petit peu de caviar !
Un régal non ?! En complément, NBA.com/stats regorgent de statistiques qui nous permettent de mettre en exergue sa lecture du jeu. Il ne s’accapare pas la balle puisqu’en moyenne, depuis le mois de février, il ne dribble que 0,87 fois par "touche". Pour chaque touche, Jokic garde la balle en main 1,93 secondes. Vous avez bien pris note ? Alors maintenant, donnez-moi le nom d’un joueur capable de cumuler en moyenne 9,6 passes et d’aligner un ratio assist/turnovers de 3,3 avec autant de réussite ? Sortez votre miscroscope car le prétendant potentiel est très bien caché.
- La clé, c’est le mouvement !
Comme nous l’avons déjà illustré préalablement, Jokic est capable de fluidifier un collectif encore faut-il que les joueurs qui l’entourent soit en phase avec ce principe. Demandez à Mudiay ce qu’il en pense ?! A contrario, la présence d’un joueur comme Jamal Murray est idéale puisqu'il n’est pas réputé pour ses qualités de gestionnaire mais plutôt pour son jeu sans ballon et sa capacité à shooter en mouvement.
Depuis une dizaine de match, les responsabilités de Jokic se sont accrues offensivement au plus grand bonheur de Murray qui depuis le début du mois de février compile un magnifique 55,3 % au shoot. Même constat pour Gary Harris qui totalise ses meilleurs pourcentage d’adresse à 3 points depuis le début du mois de février avec 47,7 % pour 6,3 tentatives par match. Tandis que Will Barton shoote à 52,2 % avec un solide 47,4 % from down town sur cette même période. Harris, Barton et Murray inscrivent chacun plus de 18 points en moyenne et Denver carbure à plein régime en attaque avec plus de 120 points par match sur le mois de février.
En bref, c’est précisément avec ces types de profils qu’il faut entourer Jokic. Sa capacité à délivrer et à faire ciruler le ballon dans le bon timing reste inégalée dans cette ligue tout comme la façon dont il positionne son corps. Plus les joueurs seront mobiles autour de lui, plus les bénéfices s’en feront ressentir et ce n’est pas cette série en cours qui viendra nous faire mentir. .
Nikola Jokic est l’archétype même du point center ! Peut-être même celui qui s’en rapprocherait le plus dans l’histoire de la NBA (une chaleureuse pensée pour Vlade Divac tout de même). En conséquence, la configuration actuelle avec quatre joueurs capables de tirer, couper et prendre des décisions rapides s’avère pleinement adaptée à ses facultés.
L’objectif de ce billet était de mettre en lumière ce don qu’à Nikola Jokic pour fédérer un collectif autour de lui. Nous espérons vous avoir permis d’en apprendre un peu plus sur le joueur et promis, nous reviendrons sur d’autres aspects de son jeu une prochaine fois !