Un succès maitrisé 104-92 à Orlando cette nuit a offert aux Wizards la première place de la conférence Est. L'équipe de la capitale avance masquée, puisque peu d'observateurs les voyaient se battre pour autre chose que le play-in cette saison. Et pourtant, autour d'un Bradley Beal toujours fidèle à sa franchise, le collectif détonne et beaucoup de joueurs sont revanchards, le tout sous la férule d'un coach novice mais en réussite. Sensation de ce début de saison, les Wizards sont-ils partis pour durer?
- LE DéPART DE WESTBROOK, UN MAL POUR UN BIEN
Lors du départ de Russell Westbrook vers les Lakers cet été, on s'interrogeait sur la pertinence de cet échange pour les deux équipes. Force est de constater que côté Wizards, le trade était plus que nécessaire. Bien que la dernière saison du meneur MVP s'était une nouvelle fois terminée en triple double (pour la quatrième fois en cinq ans), la tendance de Westbrook a phagocyter le jeu de son équipe (top 20 usage rate) a été criante à Washington l'an dernier. Bien sûr, sa fin de saison en boulet de canon a grandement contribuée à la qualification des Wizards en play-in puis en playoffs, mais les limites de son apport à l'équipe ont été grandement exposées lors du premier tour perdu 4-1 contre les 76ers.
Dès lors, on pouvait s'interroger sur l'intêret de conserver l'ancien Thunderman, d'autant que sa complémentarité avec Bradley Beal n'a pas sauté aux yeux, excepté en de rares occasions, lors de la saison dernière. Le board a finalement sacrifié Westbrook, acceptant de récupérer trois joueurs en échange, mais a au moins économisé un énorme salaire en vue, pensait-on, de réaliser un nouveau trade à l'aide d'un où de plusieurs des joueurs récupérés dans le trade. Or, la franchise a préférée jeter son dévolu sur Spencer Dinwiddie, sortant pourtant d'une saison blanche, pour tenir la mène. Force est de constater que ces choix de l'été sont à la base du bon départ de la franchise.
- UN COLLECTIF HUILÉ Où CHACUN TROUVE SA PLACE
En effet, les trois joueurs arrivés en échange de Westbrook ont tous contribué à des degrés moindres à ces bonnes performances. Montrezl Harrell (18 pts, 9 rbds) est très efficace dans le rôle qu'on lui connait, celui d'energizer en sortie de banc, alors qu'il avait connu une saison en demi-teinte aux Lakers. La majorité des observateurs est surprise de la régularité de Kyle Kuzma cette saison. Le forward est à 15 points de moyenne alors qu'il occupe le poste 4 régulièrement en l'absence de Rui Hachimura. Il contribue également au rebond, statistique dans laquelle son équipe est troisième de la ligue, avec une pointe à 17 prises contre les Celtics. Kentavious Caldwell-Pope est lui plus en délicatesse avec son tir (seulement 38% de réussite), mais il reste un défenseur précieux capable de coups de chauds salutaires.
Et que dire de Spencer Dinwiddie? Blessé gravement après trois matchs disputés la saison dernière, l'ancien de Brooklyn a rapidement trouvé sa place à la mène des Wizards. S'ils n'est pas encore remonté à ses moyennes d'avant blessure, Dinwiddie défend bien, organise le jeu de belle manière, et apparaît comme un parfait complément de Bradley Beal. Il peut également prendre aisément le relais en cas d'absence de son leader, comme cette nuit à Orlando. On peut également souligner l'apport d'Aaron Holiday, arrivé d'Indiana, qui amène de l'énergie malgré peu de temps de jeu.
- UN NOUVEAU COACH PAS éTRANGER à LA RÉUSSITE DE SES HOMMES
Scott Brooks devait s'en aller, et au grand soulagement de la fanbase des Wizards, son départ a eu lieu cet été. Après une longue réflexion, les dirigeants ont jeté leur dévolu sur Wes Unseld Jr, fils de l'ancienne légende de la franchise, pour un clin d'oeil à l'histoire mais pas seulement. Nanti d'un solide bagage en tant qu'adjoint, notamment à Denver, Unseld Jr était mûr pour une première expérience de head coach. La première chose remarquable, c'est que ses hommes sont à 75% de victoires (9-3) en scorant 8 points de moins en moyenne. Les pourcentages globaux son également en légère baisse, et l'équipe perd toujours autant de ballons malgré le départ de Westbrook et de ses 5 turnovers par match.
Mais Unseld Jr était précédé d'une réception flatteuse en tant que spécialiste défensif, et cet état de fait est incontestable. Sous sa houlette, les Wizards encaissent tout simplement 15 points de moins par match! Un résultat impressionnant en l'absence d'Hachimura, excellent défenseur sur l'homme. De plus, Washington est la troisième équipe de la ligue au rebond, ce qui débouche sur le quatrième défensive rating de toute la NBA. Et alors que l'équipe avait la PACE la plus élevée de la ligue l'an dernier, Unseld Jr a fait chuter son équipe à la 17ème place de cette statistique parlante concernant le rythme de jeu d'une équipe. Mais au-delà des chiffres, le nouveau coach a su concerner tous ses hommes malgré les rumeurs de trade et de reconstruction éventuelle. On peut affirmer que Wes Unseld Jr sait tirer la quintessence de son groupe, menant ses hommes à quelques victoires retentissantes, notamment contre des champions en titre de Milwaukee limités à 94 points.
- LE MEILLEUR RESTE à VENIR ?
Il est intéressant de noter que le début de saison est réussi chez les Wizards alors que Bradley Beal est clairement un ton en dessous par rapport à la saison dernière. Seulement 23 points de moyenne, 40% de réussite au tir 25% à trois points: le All-Star est assez loin de ses standards. Mais c'est aussi une des conséquences des principes de jeu prônés par Unseld Jr, pour qui le danger doit venir de partout. Néanmoins, on sait que l'arrière est un diesel, qui met parfois un ou deux mois avant d'atteindre son plein régime, et il conserve la confiance du coach dans les moments chauds. On peut également souligner que Deni Avdija commence à trouver son rythme de croisière depuis qu'il a la balle en main dans la second unit, où il apporte défense et playmaking.
De plus, Rui Hachimura et Thomas Bryant sont toujours sur le flanc, alors qu'ils sont sensés être des starters dans cette équipe. Les problèmes personnels du Japonais semblent se régler, et il devrait revenir dans une ou deux semaines. En ce qui concerne Bryant, la franchise espère qu'il puisse revenir avant janvier, mais au vu des performances de Harrell et de Daniel Gafford, qui reste le titulaire actuel au poste de pivot, Washington n'a aucun intérêt à précipiter son retour. De plus, il reste de la place pour améliorer les performances de l'équipe, puisque les Wizards ne shootent qu'à 33.5% à trois points, et se place dans les cinq dernières équipes de la ligue en terme d'interceptions. Leur offensive rating, dans la moyenne de la ligue, peut également augmenter avec un peu plus d'application sur le jeu en transition.
Les Wizards n'avaient pas la faveur des bookmakers en début de saison, mais la bande à Bradley Beal a su déjouer les pronostics pour réaliser un départ canon, loin de la saison de transition qui leur était promise. Charge à eux de confirmer sur la durée, mais les fondations semblent solides, et lorsque tous les absents seront revenus, Wes Unseld Jr aura une abondance d'options pour prolonger le momentum de son équipe. Fort heureusement, leur calendrier à venir semble abordable, hormis une double confrontation avec le Heat en fin de semaine prochaine qui permettra aux Wizards de s'étalonner face à un poids lourd de la conférence Est.