Je ne vous apprends rien en vous disant que malgré les centaines de milliers de campagnes mises en place, des inégalités persistent entre les femmes et les hommes dans notre société.
C'est aussi le cas dans le monde de la NBA, qui est pourtant un univers que nous chérissons tous ici. La NBA nous permet de nous évader, mais parfois bien au contraire elle nous ramène à la dure réalité.
Depuis plusieurs décennies maintenant, la Grande Ligue se montre surpuissante pour ce qui est de changer la mentalité des gens grâce à une communication de masse plus que rodée. Ainsi, on entend de moins en moins parler de racisme en NBA, mais force est d'admettre qu'elle ne peut pas à elle seule éradiquer toutes formes de discrimination. Si le racisme se fait maintenant plutôt rare en NBA, on ne peut pas en dire autant de l'inégalité homme-femme.
Les femmes en NBA. Un sujet délicat dont on parle trop peu et qui peine à avancer. Deux femmes ont intégré un banc NBA cette saison, ce qui porte le total à quatre. Un chiffre ridicule lorsqu'on sait qu'il y a près de 200 coachs dans la ligue. L'une d'entre elles, Becky Hammon, est de plus en plus courtisée et a régulièrement des entretiens dès lors qu'un poste de head-coach est vacant.
C'est sans doute sur elle que repose la cause des femmes en NBA. Sa présence à la tête d'une équipe permettrait sans doute de montrer au monde entier qu'une femme est tout aussi légitime qu'un homme pour guider ses troupes vers la victoire.
La NBA est univers impitoyable. A l'image de notre société, elle se soucie plus de l'identité de la personne qu'elle a en face d'elle plutôt que de ses capacités. Pour une ligue dont l'excellence est le maître-mot, c'est une honte. En réalité, la NBA se met elle-même un frein dans son avancée vers le progrès.
Becky Hammon justement, parlons-en. Elle est l'assistante de Gregg Popovich à San Antonio depuis 2014, cela fait d'elle la première femme de l'histoire à avoir un poste en NBA. Rien de vraiment étonnant pourtant puisque Becky Hammon a une longue carrière de professionnelle derrière elle avec 16 saisons en WNBA, 6 séléctions au All-Star Game, une quatrième place au classement des meilleures passeuses de la ligue et en 2011 elle est même élue l'une des quinze meilleures joueuses de l'histoire.
Être coach ce n'est pas seulement comprendre le jeu. C'est avant tout comprendre les joueurs, leurs peurs, leurs difficultés, leurs échecs. Une carrière d'athlète de haut niveau est, sauf quelques exceptions, courônée de plus d'échecs que de succès. Alors qui est plus légitime pour comprendre cela qu'une personne qui a elle-même vécu ce périple ? Becky Hammon s'est d'ailleurs déjà exprimée sur le sujet :
Je sais ce que c'est de jouer un back-to-back, d'être fatiguée et de ne pas avoir envier d'aller au travail. Je peux parler de ce que c'est de se blesser, de rester assise sur le banc ou d'être All-Star et capitaine. Je peux en parler parce que j'ai vécu ces situations.
Malheureusement il est inutile de se voiler la face. Bien que certaines femmes soient tout aussi - voire parfois même plus - légitimes que certains hommes pour avoir un poste en NBA, la ligue nous ramène à la dure réalité et nous rappelle que l'identité de la personne est jugée plus importante que ses compétences.
Tim Struby de SB Nation rapporte les propos aussi absurdes que réels d'un coach NBA expérimenté :
On ne peut pas avoir de belles femmes en NBA. Les gars essaieraient constamment de la draguer. La NBA est un environnement incroyablement sexiste. J'entends les joueurs parler de femmes. J'ai une fille et c'est parfois inquiétant. Mais ce n'est rien de nouveau. Cela n'a pas empiré au fil du temps. Dans notre société il y a des hommes inconfortables avec le fait de travailler sous les directives d'une femme.
Ce coach NBA décrit là un univers purement sexiste. Mais bien que ce soit injuste, la réalité est bel et bien là.
Si les propos de ce coach vous choquent, c'est simplement que la réalité est choquante. Les joueurs NBA gagnent des millions de dollars pour jouer à un jeu, et certains n'ont pas encore la majorité. Cela ne fait pas d'eux de mauvaises personnes, loin de là, mais ils vivent dans un autre monde que le notre. Le leur ne requiert pas autant de maturité que le notre pour atteindre le succès.
Certaines équipes n'auraient aucun mal à accueillir une femme en tant que coach, mais ce n'est pas le cas pour toutes les équipes.
Les joueurs ont le pouvoir en NBA. Si une franchise a des doutes concernant le respect que ses joueurs accorderaient à une coach féminine, croyez-moi qu'un coach masculin lui sera préféré, et ce même si au vu de ses compétences il est moins légitime à ce poste que la femme en question.
Des inégalités existent et persistent. La NBA fait en sorte de plaider en la faveur de cette cause mais ce qui freine la montée en puissance des femmes dans la grande ligue se trouve en réalité au sein même de l'organisation. L'heure de Becky Hammon viendra, et quand elle sera enfin nommée head-coach alors un paquet de personnes reverrons leur position à ce sujet. La NBA est si influente qu'elle peut aider à changer certaines mentalités dans notre société. Cependant, pour cela il faudrait d'abord qu'elle soit irréprochable et qu'elle montre l'exemple aux fans. Ce n'est clairement pas le cas à l'heure actuelle selon moi, et on en est encore loin. Malgré tout, l'arrivée d'une femme à la tête d'une équipe NBA pourrait permettre une avancée majeure pour la cause féminine.
Bien sûr, la NBA ne contrôle pas la mentalité des fans, mais elle est assez puissante pour pouvoir influencer certaines mentalités et ainsi aider à l'éradication de cette inégalité. Cependant, avant de communiquer autour de cette cause la NBA doit commencer par changer la mentalité de ses propres membres...