Memphis a vécu une saison cauchemardesque l'an dernier : des blessures en pagaille ont conduit l'équipe à sombrer au fond de l'Ouest. Toujours embêtés par l'infirmerie, les Grizzlies peuvent tout de même compter sur leurs éléments majeurs avec bien plus de régularité. Dès lors que tout le monde est sur deux jambes, l'attaque des hommes de Taylor Jenkins est un régal à voir. A l'approche du premier quart de la saison, on peut tirer un bilan élogieux de cette équipe.
Première chose qui saute aux yeux : le ballon circule beaucoup, et plutôt bien. Les joueurs prennent plaisir à jouer ensemble et à faire tourner le cuir. Parfois c'est même un peu trop et avec des risques inutiles. Memphis est parmi les cinq équipes qui ont le plus mauvais turnover percentage, avec 14 ballons perdus sur 100 possessions. Si l'on prend les chiffres bruts, les Grizzlies perdent 17 ballons par matchs et sont dans le trio des mauvais élèves. Avec un style de jeu très rapide (deuxième pace de la ligue), les chiffres sont meilleurs lorsque toutes les franchises sont sur un pied d'égalité. Malgré tout, les hommes de Taylor Jenkins ont une marge de progression.
En revanche, que dire sur le reste ? Le collectif des Grizzlies brille depuis la reprise, en étant la septième attaque de la ligue si l'on se fie à l'offensive rating. Conséquence de la circulation de balle, l'équipe tourne à 30 passes décisives de moyenne et est la deuxième plus prolifique dans cette catégorie, au coude-à-coude avec les Warriors. Cette volonté d'impliquer tout le monde permet au coach d'avoir un effectif large : 13 joueurs qui jouent en moyenne 15 minutes depuis la reprise, sans qu'aucun ne dépasse les 30 ! Quant au partage du scoring, c'est peut-être encore plus impressionnant, avec 10 joueurs qui scorent huit points par match. Parfois certains tentent quelques shoots audacieux et improvisent, mais dans l'ensemble, les joueurs cherchent le meilleur shoot possible : 58% des paniers à 2 points sont assistés, plaçant Memphis dans le top 5 de la ligue, et même premier pour les tirs de loin, avec 92% des shoots à 3 points qui sont réalisés après une passe.
Parmi les individualités, Ja Morant se démarque naturellement. Orphelins de leur leader, les Grizzlies ont sombré la saison dernière. De retour, le meneur montre à toute la ligue qu'il est l'un des meilleurs à son poste, ajoutant le spectacle à ses 21 points et 9 passes de moyenne. En délicatesse avec son shoot, le All Star compense avec un passing en progression afin de peser. A ses côtés, Jaren Jackson Jr fait le job sous le panier, mais aussi de loin, en étant le meilleur scoreur de l'équipe avec 23 points et un excellent 38% à 3 points. Cependant, Desmond Bane n'a pas encore démarré sa saison et peine un peu, avec seulement 15 points et une réussite douteuse. En progression constante depuis son arrivée en NBA, l'arrière avait passé la barre des 20 points lors des deux dernières saisons et était un shooteur de haut niveau. La réussite est pour le moment absente mais peut revenir à tout moment, de quoi rendre l'équipe encore plus imprévisible et compliquée à défendre à l'avenir.
Autour du trio majeur, Taylor Jenkins jongle avec les absences et les différents profils de son effectif pour compléter son 5 Majeur. Et s'il y en a bien un qui en profite pour se faire une place, qui petit à petit semble indiscutable, c'est le rookie... mais pas celui qu'on attendait ! Drafté au deuxième tour avec le pick 39, Jaylen Wells est une des révélations de ce début de saison. Installé titulaire après cinq matchs, il n'a plus quitté la starting lineup et possède un temps de jeu important, avec 25 minutes par match. Avec lui, le coach peut compter sur un 3&D déjà prêt pour le haut niveau et qui jouera dans l'aile avec Desmond Bane. Pour accompagner JJJ, c'est Brandon Clarke qui s'est récemment imposé comme titulaire après plusieurs essais avec Zach Edey, actuellement blessé, et Santi Aldama. Plutôt talentueux en attaque, capable de ramasser beaucoup de rebonds, Clarke connaît bien le système puisqu'il est à Memphis depuis 2019.
Néanmoins, le titulaire avec Jaren Jackson importe peu au final. La force des Grizzlies réside dans leur profondeur. Brandon Clarke ne joue pas tellement, 17 minutes de moyenne, et tourne beaucoup avec Zach Edey, Santi Aldama ou l'autre révélation, Jay Huff qui a enfin trouvé un contrat garanti après plusieurs essais dans diverses franchises. Si Ja Morant vient à manquer des matchs, Scotty Pippen Jr sera capable d'assurer la mène, avec Marcus Smart pas très loin. S'il faut quelqu'un sur les postes 2/3, l'ancien Celtic peut dépanner. Ou bien le coach pourra faire appel à Luke Kennard, Jake LaRavia ou encore Vince Williams Jr. Dernier luxe, GG Jackson, qui brilla l'an dernier, n'a pas encore commencé sa saison, suite à un souci au pied, et ne reviendra qu'en janvier.
Avec sept victoires lors des 10 derniers matchs, Memphis se place dans le wagon de tête à l'Ouest et prouve que la force est dans le nombre. Cet effectif profond donne à Taylor Jenkins pléthore d'options afin de s'adapter à tout type de jeu. Attaque, défense, shoot, qualité athlétique... les Grizzlies peuvent aller loin. Néanmoins, le Front Office pourrait profiter de la situation afin d'éventuellement bouger avant la trade deadline, si une belle occasion se présente. Avec autant de joueurs mis en valeurs et des contrats flexibles, la franchise du Tennessee pourrait se montrer très active pour obtenir le joueur qui fera la différence dans une course au titre.