Temetrius Jamel "Ja" Morant est né la 10 Août 1999 à Dalzell en Caroline du Sud. Il est le fils de Tee Morant qui fut lui aussi un basketteur reconnu dans cette ville où il avait joué dans la même équipe que Ray Allen ! Il a donc naturellement transmis la passion du basket à son fils. Ja Morant est aujourd’hui l’un des rookies les plus attendus de sa cuvée mais pourtant, c’était tout sauf gagné d’avance ! Après le lycée, Morant n’est classé dans aucun classement de talents futurs en NCAA par des médias comme ESPN, 247 Sports ou Rivals, les plus reconnus dans l’exercice. Sa seule offre en première division venait de l’université de Caroline du Sud, son état de naissance.
Sans avoir accepté cette proposition qui lui semblait peu attrayante tant le rôle proposé était mineur, Ja Morant continuait de participer à des 3 contre 3 dans un gymnase de Caroline du Sud. Juste à côté, un futur jouer des Racers de Murray State participait à un camp d’entraînement. C’est pourquoi James Kane (assistant coach de Murray State) était présent sur place pour superviser son futur joueur. Sorti du gymnase pour aller chercher à manger, il remarqua la partie de 3 contre 3 à laquelle participait Morant. Impressionné par le talent du jeune homme, il appela immédiatement Matt McMahon le coach en chef de son équipe. S’en suivirent quelques repérages et un dîner au domicile de McMahon pour officialiser l’arrivée de Morant à Murray State. Le jeune homme confiera plus tard avoir choisi cette université car c’est là où il était le plus désiré. C’était le plus important à ses yeux.
Un choix on ne peut plus judicieux. Après 2 années dans le Kentucky, il est choisi en seconde position par les Grizzlies et s’apprête à devenir une future superstar de la NBA. Matt McMahon est revenu en interview sur son impression la première fois qu’il a vu Ja Morant sur un terrain de basket.
Mais l’histoire incroyable de Ja Morant commença bien avant, dans sa ville natale de Dalzell. Comme son père qui avait connu Ray Allen, Morant a lui aussi fait de belles rencontres. Avant le lycée, il jouait à Columbia toujours en Caroline du Sud et il était coéquipier avec… Zion Williamson ! Un incroyable destin pour ces deux hommes qui se retrouvèrent au sommet de leur génération quelques années plus tard. Ce qu’il faut savoir sur sa petite ville natale de Dalzell, c’est qu’elle fait partie du comté de Sumter. Ce nom ne vous dit rien et pourtant, cette ville a longtemps été connue comme la plus dangereuse des Etats-Unis (3ème aujourd’hui). Son taux de criminalité lié à la pauvreté de sa population et à la drogue est extrêmement élevé. Plus encore, cette ville est surnommée ‘’Merk City’’ dans un langage très familier ce qu’on pourrait assimiler à la ville du crime. Les meurtres y seraient réguliers.
Dans ce contexte effrayant, la réussite était tout sauf offerte à Ja Morant. S’il ne révèle pas tout, on peut imaginer qu’il a dû passer par un énorme acharnement pour se sortir de ce piège. Pourtant, il a toujours essayé de représenter au mieux sa ville et c’est le message qu’il veut transmettre aujourd’hui. Grâce à sa réussite, on cite Sumter ailleurs que dans les faits divers. Sa famille a énormément œuvré pour sa réussite et celle de toute une communauté. Lorsqu’il était jeune, ses parents ont énormément économisé pour construire un terrain de basket… dans son jardin ! Désormais devenu un exemple pour la ville, il raconte son enfance et son rapport à la communauté dans un long discours livré à The Players Tribune et traduit pour vous par Inside Basket. Une lecture inspirante qui impose le respect.
Les gens disent que ma vie va changer, ils ont raison. Alors c'est important pour moi de dévoiler comment tout a commencé. Ici, en Caroline du Sud, dans mon jardin. C'est un endroit où nous avons rendu réel le rêve du basket pour la communauté. À Dalzell, nous n'avions pas d'accès à des gymnases. En grandissant, mes parents ont toujours trouvé un moyen de nous offrir ce dont on avait besoin. Trouver une façon d'aider pas seulement moi mais la communauté et les autres enfants. Ils ont décidé d'économiser pour construire un grand terrain dans notre jardin. Avant cela, on jouait sur de la terre. Alors ils ont agrandi le terrain, placé deux paniers et c'est là que j'ai commencé à travailler dur. Mon père a lui commencé à travailler avec les autres enfants. Ce terrain m'a vraiment façonné. C'est une grande partie de ma vie. Les dimanches, on a des genres de grandes sessions de basket et de barbecues ! Tout le monde vient, et c'est ce que mes parents aiment faire, ils adorent les enfants et font tout leur possible pour les aider. C'est comme ça que se déroulent nos journées. On joue au basket et après ça on mange tous ensemble. Avoir un terrain, pouvoir le partager avec la communauté, voir les gens venir et jouer c'est sincèrement très spécial à mes yeux. Beaucoup de gens ne s'en sortent pas dans cet endroit. C'est difficile car on se sent mis à l'écart. On a le surnom de "Merk City" (à cause de sa criminalité). Les enfants qui viennent ici, mes parents comme moi nous ne savons pas s'ils suivent le droit chemin. On essaye juste de les aider autant que possible. En grandissant, ces enfants m'ont regardé jouer et j'adorerais être un exemple de réussite à leurs yeux. Je veux revenir les voir ici, qu'ils entendent ma voix, que je les entraine ou que je leur donne les conseils qu’ils ont besoin d'entendre dans certaines situations. J'ai l'opportunité de mettre cette ville et cet état sur la carte. C'est pour ça que j'ai travaillé durant toute ma vie. Je veux qu'on se rappelle de moi comme un grand joueur de Caroline du Sud. Mais ma priorité, c'est d'être présent pour ceux que j'aime et être une personne qui aide un maximum de personnes. Quand je regarde ces enfants jouer et que je regarde leurs yeux, je me revois plus jeune. Je vois des grands rêveurs et l'amour du basket. Je ne sais pas ce que le futur leur réservera, mais je sais qu’où que j'aille, je les emmènerais avec moi. Ma vie est peut-être en train de changer mais cet endroit, ces gens, seront toujours une partie de moi-même. Ça ne changera jamais.