Si vous n'avez pas vu la première partie de notre interview avec Florian Hessique, je vous invite à foncer dans la rubrique interview du site pour rattraper votre retard ! Bienvenue pour la seconde partie de notre interview consacrée au film ''La Légende'' qui propulse au cinéma le basket français. Aujourd'hui, on aborde le choix concret d'aborder le basket dans ses coulisses, et ses côtés parfois sombres. On écoute également Florian Hessique avoir une vraie réflexion sur l'évolution du basket et la mentalité de certains joueurs.
JM : C'est un film sur le basket. Est-ce que le basket a été choisi comme toile de fond pour parler des rêves, des ambitions, ou encore du courage dans le sport ?
Florian Hessique : Je voulais faire un film sur le basket ! C'est vrai que beaucoup de films américains se sont fait et en France il y'en a peu ou pas. C'était intéressant donc d'avoir un angle qui n'a pas forcément été abordé dans le cinéma français. Le basket dans ce film met en relief des objectifs de vie. De la carrière d'un joueur qui est Jean-Christophe Markovic (le personnage principal du film). Cela pourrait avoir lieu dans d'autres sports ou disciplines, c'est avant tout des objectifs que l'on se fixe dans la vie. C'est un film dans lequel j'essaye de mettre en avant la différence entre les rêves, les objectifs, et ce qui est réalisable de manière légale et sereine pour le bien de l'être humain.
JM : C'est vrai que dans la bande-annonce on observe un passage assez intriguant sur le dopage...
Florian Hessique : Oui mais on ne parle pas que du dopage. Beaucoup de sujets sont abordés. LA phrase de ce film c'est ''les seules limites qu'un homme connaît c'est celles qu'il se fixe''. Quelles sont les limites pour atteindre ses objectifs, ça c'est le libre arbitre de chacun.
JM : Tu m'as parlé de films américains, quelles sont tes références ?
Florian Hessique : Oui il y'en a quelques-uns. En comédie on a ''Space Jam'' evidemment qui commence à dater (et qui divise !). Il y'a ''Coach Carter''... Après là où il faut faire attention c'est que les films sur le basket américain c'est souvent très ''show time''. Moi j'ai voulu vraiment être dans les coulisses du basket français où il y'a le show sur le terrain, mais en dehors c'est quand même très très calme, voir parfois un peu glauque. On est sur des joueurs qui ont des contrats d'une saison, qui vont dans des villes qu'ils ne connaissent pas, un peu seuls, donc on s'est concentrés sur l'essentiel.
JM : Sur Inside Basket on traîte de la NBA et des championnats Européens. En ce moment avec tes obligations liées au film tu peux suivre ?
Florian Hessique : Non actuellement je ne suis pas trop le basket américain. Je regarde les résultats rapidement mais je n'ai pas trop le temps de m'attarder dessus.
JM : Houston et Golden State s'affrontent en finale de conférence. Tu as vu le jeu changer entre ce qu'il était lorsque tu jouais et aujourd'hui ? Par rapport au bombardement à 3 points particulièrement...
Florian Hessique : Tout a évolué. Même dans le basket français puisqu'à l'époque où je jouais, il n'y avait pas les même quotas d'étrangers. La règle des 24 secondes s'est imposée là où on en avait 30 avant, ça a fait accélerer un peu le jeu. Maintenant en France on a beaucoup de meneurs américains. C'est à la fois positif et négatif parce que effectivement il y'a des très bons joueurs. Après, je pense qu'il y'a des joueurs français qui sont tout aussi bons et qui n'ont pas la même confiance. Je pense qu'on a un problème en France c'est qu'on reproche aux français d'être français. Je pose souvent la question : Si un joueur français arrive en disant qu'il a la nationalité américaine, je pense pas qu'il soit traité pareil. C'est un point de vue personnel. J'ai absolument rien contre les américains ils sont extraordinaires ! Je pense juste que l'on gagnerait peut-être à mettre en avant les talents français, notamment pour l'équipe de France. Les clubs les forment, mais après s'il veulent s'épanouir il faut qu'ils partent. Je vais régulièrement voir des matchs de Pro A et autant ça se justifie parce qu'il y'a vraiment des gros joueurs en place, autant parfois on peut se poser des questions. Quand on voit qu'à l'intersaison on avait des joueurs comme Florent Piétrus, Ali Traoré ou Mickael Gelabale qui n'avaient pas de club, on peut quand même se poser des questions sur la manière dont la fédération gère ses talents. D'accord ils n'ont plus 20 ans, néanmoins je pense que ce sont des joueurs emblématiques de l'Equipe de France, et que c'est important de valoriser ces talents-là. Ils ont une résonance même à l'étranger et c'est important de les avoir en France pour les voir jouer sur leur sol.
JM : Personnellement je suis moins la Pro A, mais c'est vrai qu'on comprend mal la présence d'autant d'américains. Même en Europe, on a eu le cas récememnt d'Amare Stoudemire qui est allé faire une année en Israel...
Florian Hessique : De toutes façons ce qui est certain, c'est que les joueurs américains ont une réelle valeur en France et en Europe, justifiée ou non. Dans beaucoup de domaines, les français sont obligés de s'exporter à l'étranger, et ils explosent beaucoup plus souvent à l'étranger qu'en France. En football c'est pareil, beaucoup de joueurs jouent dans des clubs moyens de Ligue 1 dont on entend jamais parler. Ces mecs-là sont recrutés par des équipes comme Arsenal, Chelsea et les mecs explosent. Ils arrivent parfois même en Equipe de France alors qu'il n'en était jamais question avant. C'est le cas de Ngolo Kanté, qui était à Caen, dont personne ne voulait vraiment, puis qui a fait des saisons terribles à Leicester. Tout le monde s'accorde pour dire qu'il avait les même qualités. En France je pense qu'il y'a peut-être un problème d'encadrement. Il y'a une autre chose, c'est que je pense que les français sont beaucoup plus cadrés à l'étranger qu'en France. Les joueurs arrivent souvent 10 minutes avant l'entraînement, repartent 5 minutes après. Les étrangers eux prennent souvent le temps de s'étirer, de se faire masser, donc ça prend plusieurs heures. Ils ont cette culture du travail, et ils savent très bien que leur corps c'est leur outil de travail. Les français on est pas formés à ça, on vient à l'entraînement, on fait l'entraînement et on s'en va. C'est le minimum syndical. Peut-être que le fait d'être étranger dans un pays t'obliges à être plus structuré.
C'est donc sur ces grandes réflexions que l'on termine cette interview. Merci de l'avoir suivie. Je tiens également à remercier tout particulièrement Florian Hessique pour sa gentillesse et sa bienveillance, chose rare dans ce milieu. Je vous invite donc à foncer dans votre cinéma favori dès le Mercredi 6 Juin pour observer le travail de cet homme qui on l'espère sera à la hauteur de nos attentes.