Remettons d’abord les choses dans leur contexte pour ceux qui ne suivent pas l’actualité de la NFL. Les Eagles, la franchise de football américain de Philadelphie, n’est pas une place forte du football aux Etats-Unis. Fondée en 1933, ses trois titres de champions de la NFL datent d’un autre temps (1948, 1949, 1960). A cette époque le Superbowl (la finale pour le titre) n’existait même pas. Les Eagles n’ont que deux apparitions au Superbowl pour donc deux défaites. Chez les fans, on préfère en rire qu’en pleurer.
S’il y a bien une chose pour laquelle les Eagles sont engagés, c’est pour la défaite.
Pourtant cet été les Eagles ont drafté un nouveau quaterback, Carson Wentz. Depuis, les Eagles font tout simplement l’une des meilleures saisons de leur histoire. Les Eagles sont premiers de la ligue et certains supporters prennent déjà des billets d’avion pour aller voir le Superbowl, pensant que leur équipe y sera. Mais le 10 décembre, les espoirs de titre des Eagles s’envolent car Wentz se blesse aux ligaments croisés. Saison terminée et même si Philadelphie garde son avance pour sécuriser la première place, les Eagles sont donnés outsiders pour la demi-finale de conférence qui se joue pourtant chez eux.
13 décembre, les maillots des Eagles fleurissent partout dans Philadelphie. C’est le jour de la demi-finale contre Atlanta. Dans les tribunes, alors qu’il revenait tout juste de Londres un certain Joel Embiid était venu apporter son soutien aux Eagles, bien conscient que cet évènement est beaucoup trop important pour être manqué. Peu de monde ose croire à la victoire de Philadelphie, et pourtant les Eagles s’imposent 15-10 dans une fin de match irrespirable pour les fans. Les Eagles sont en finale de conférence, ce qui ne leur était plus arrivé depuis 2008 !
FLY EAGLES FLY #PhillyVsEverybody pic.twitter.com/FYlVGT8xEz
— Joel Embiid (@JoelEmbiid) January 14, 2018
Depuis cet évènement, les Sixers ont vécu eux aussi une semaine parfaite. D’abord avec une victoire face à Toronto le lundi. Trois jours plus tard, les Sixers se déplaçaient à Boston pour prendre leur revanche suite au match de Londres. Avant le match, Joel Embiid apprend qu’il sera titulaire pour la première fois au All-Star Game. Une énorme récompense méritée pour lui, qui en plus de ça se permettra de marcher sur Boston lors de la victoire de son équipe (26 points, 16 rebonds, 6 passes). Brett Brown, quelques jours plus tard, n’oubliera pas de nous préciser que le meilleur reste à venir pour le pivot camerounais.
Dans le passé, pendant les entrainements, il était sur le côté en train de se faire soigner, à prêter attention aux consignes d’avant-match puis il partait, faisait le boulot à un niveau où les gens font "Wow, c’est un titulaire au All-Star Game sans vraiment s’entrainer". Et maintenant il a fait quelques entrainements, à Londres on a fait des entrainements avec lui. Il est avec nous, il n’est pas une pièce rapportée. Je ne peux pas vous dire tout ce que cela signifie pour un coach. Et je suis sûr que si vous demandez à ses coéquipiers ils vous diront pareil. On se sent enfin entier, comme une équipe, surtout avec toute l’importance qu’il a.
Puis vient le match contre Milwaukee au Wells Fargo Center. La première depuis l’annonce de la titularisation d’Embiid au All-Star Game. Embiid était déjà l’idole de tous les fans des Sixers avant cette nouvelle, mais là il a franchi un stade de plus dans son niveau de popularité. En plus avec l’absence de Giannis Antetokounmpo, dans un match contre un adversaire direct pour la qualification en playoffs, tous les yeux sont rivés sur le camerounais. La salle est en feu et accueille comme il se doit son nouveau All-Star lors de la présentation des équipes.
La présentation des Sixers avec l'annonce du All-Star Joel Embiid 🔥🔥 pic.twitter.com/XZ1fHCiDds
— Sébastien Hervé (@SebaHerve) January 21, 2018
Pendant le match, un détail saute quand même aux yeux. Les maillots des Eagles sont partout dans les tribunes alors que l’on est en plein match NBA. La finale de conférence se joue le lendemain et les fans sont impatients d’y être.
#Sixers wish the #Eagles luck tomorrow and the fans were loud. pic.twitter.com/kCp6pbuvUq
— Jessica Camerato (@JCameratoNBCS) January 21, 2018
Faut-il y voir que les Sixers intéressent moins que les Eagles ? Pas vraiment. Aux Etats-Unis, le football a une place plus importante que le basket et donc ce genre de choses n’est pas surprenant. D’autant plus que les fans des Sixers sont très fidèles à leur franchise et donc aucun ne remettra en question leur soutien pour les basketteurs, mais il s’agit juste d’un évènement exceptionnel qui a au moins le mérite d’avoir donné le match avec le plus d’ambiance au Wells Fargo Center depuis le début de la saison. Car quand une franchise va bien à Philadelphie, ça se ressent sur les fans et leur énergie pousse vers le haut les autres sports, c’est aussi simple que cela.
Le public était incroyable. Quand vous voyez que c’est un match de janvier et tu peux sentir la passion de cette ville pour ce que nous faisons ces derniers temps. C’est quelque chose que l’on apprécie et on sent que le public aime l’énergie que l’on met.
Si vous doutez encore de l’impact que ce genre d’évènement peut avoir, nous n’avons pas précisé que les Flyers, l’équipe de hockey de Phialdelphie, a gagné ses deux matches à domiciles contre les 4ème et 5ème de leur conférence (Toronto et New Jersey), ce qui les fait remonter à la 9ème place.
Après le match contre Milwaukee, le coach des Sixers a même indiqué que l’équipe a modifié son planning pour le déplacement à Memphis afin de pouvoir regarder le match.
On a changé l’heure de notre vol pour prendre l’avion plus tôt. A Memphis on aura une salle et plein de choses à manger qui nous attendent et on va vivre ça avec la ville de Philadelphie. Ce genre de choses n’arrivent pas très souvent. De la part de notre équipe, et le reste de la ville : Go Eagles !
Ce dimanche se joue la finale de conférence de la NFC entre les Eagles et les Minnesota Vikings. Un grand match qui sera le point d’exclamation d’une saison déjà exceptionnelle pour les fans de football de Phialdelphie. Car peu importe le résultat, à partir de février, les Sixers seront la principale attraction de la ville et les bons résultats des joueurs de football pourraient leur donner des idées.