Hall of Fame : Danke Dirk Nowitzki

Hall of Fame : Danke Dirk Nowitzki

Dirk Nowitzki - Dallas Mavericks
Crédit photo : ClutchPoints

Ce 12 août, nous assisterons à l’introduction au Hall of Fame d’une cuvée mémorable, qui verra l’entrée de quatre légendes que la Grande Ligue a pu voir fouler ses parquets. L’occasion de rendre hommage à ces monstres, ayant fait rêver toute une génération et réalisé des exploits incroyables. Aujourd’hui, focus sur Dirk Nowitzki.

C’est du côté de Würzburg, un 19 juin 1978 qu’est venu au monde celui qui par la suite deviendra le meilleur européen à avoir foulé les parquets. Dirk Nowitzki a été élevé dans une famille de sportifs et s’initia à plusieurs disciplines avant de se tourner vers le basket, au sein du club de sa ville. Sa grande taille l’ayant bien aidé à se faire une place. Il débute professionnel dans le championnat allemand et fait ses gammes en Europe, où il impressionne. Il fera le grand saut vers la NBA en 1998 et se présentera à la Draft cette année-là. Attendu assez haut, les Bucks le choisiront avec le choix numéro 9. Cependant, ils le traderont dans la foulée, direction les Mavs. Par ailleurs, Dallas accueille Steve Nash le même été. Pas trop mal comme intersaison quand on voit ce que sont devenus ces talents. 

 

Sa saison rookie sera assez délicate. Seulement 8 points et 3 rebonds de moyenne avec seulement 20 minutes de jeu lors de ses 24 titularisations sur ses 47 matchs disputés. Dans la NBA de l’époque son profil est extrêmement atypique : c’est un géant, au-delà des 210 centimètres, mais écarte le jeu en shootant de loin et est moins présent dans la raquette par rapport aux intérieurs de cette génération. En revanche, dès la saison sophomore, l’allemand passe la seconde. Dirk devient titulaire indiscutable et la production augmente : 17 points et 6 rebonds et déjà les 38% de réussite à 3 points. Dallas réalise sa meilleure saison depuis 10 ans avec un bilan presque à l’équilibre. La troisième saison de Nowitzki lui permet de passer un nouveau cap, grâce à l’éclosion de Steve Nash. L’allemand est proche du double double (22/9), intègre les All NBA Team et les Mavs retrouvent les Playoffs. En 2002, le duo va au All Star Game pour la première fois et Dallas devient petit à petit une place forte de la ligue. L’équipe atteint même les finales de conférence en 2003 après une saison à 60 victoires ! Ils échoueront face aux Spurs, avec quelques regrets, l'intérieur étant absent sur la fin de la série.

 

 

Avant le début de l’exercice 2004-05, des changements majeurs s’opèrent : Steve Nash quitte la mène et Avery Johnson remplacera Don Nelson en cours d’année. L’allemand reste un All Star indiscutable et finit sur le podium MVP. En posteseason, Dallas s’arrête en demi-finale de conférence, vaincu par les Suns… de Steve Nash, MVP de la saison ! l’année suivante rebelote : le canadien conserve son titre, non sans être contesté, tant la concurrence était importante, notamment dans le Texas, où le franchise player finit de nouveau sur la dernière marche du podium. En Playoffs, la finalité est différente et les Mavs filent en finale en sortant Phoenix. Dorénavant, il faudra faire face à l’obstacle Heat. Au grand regret des fans et de toute la franchise, Dallas s’inclinera 4-2, malgré avoir remporté les deux premiers matchs. La déception est d’autant plus grande que Dirk avait la possibilité de changer le cours de la série. Au match trois, les texans chokent et Miami revient à hauteur. Nowitzki se présente sur la ligne des lancers-francs et fait seulement 1/2. Le Heat s’assurera la victoire. Le reste de la confrontation sera une catastrophe pour l’allemand, qui se loupe totalement et rate une énorme occasion d’écrire l’histoire.

 

Ce n’est que partie remise se dit-on quand on voit les Mavs en 2006-07. Tout simplement le prime de l’enfant de Würzbourg : 67 victoires à titre collectif, meilleur bilan de la ligue, 24 points et 9 rebonds en entrant dans le fameux club du 50-40-90 (50% aux tirs, 40% à 3 points et 90% aux lancers). Nowitzki est nommé MVP et devient à cette occasion le premier européen à remporter cette distinction. Dallas se présente en Playoffs parmi les favoris au titre, et rencontreront les Warriors de Don Nelson, ancien coach des texans, au premier tour. La suite : un choke légendaire et un upset gravés à jamais dans les mémoires. L’ancien de la maison joue un sale coup à son ancienne équipe et les Mavs ne verront pas le second tour ! Dirk vit un cauchemar et sa saison, individuellement et collectivement, devient un échec cuisant malgré le statut de contender. Dès lors, quel avenir ? Les fenêtres de tir sont fortement réduites en NBA, la franchise de Mark Cuban vient de laisser filer deux occasions en or de remporter un titre. On change le coach, Rick Carlisle prend les commandes, on modifie l’effectif, on construit différemment mais le temps presse. Nowitzki arrive doucement à la trentaine et physiquement ce n’est pas évident…

 

Arrive 2010-11, Dirk est toujours un All Star et parmi les All NBA Teams, mais quitte totalement la course au MVP. Le poids des années fait doucement son apparition d’un point de vue physique. Autour de lui, on retrouve des joueurs qui ne sont plus dans leur prime mais qui ont faim : Jason Kidd ou Shawn Marion. Dans la raquette, un excellent défenseur et protecteur de cercle avec Tyson Chandler, tandis que Jason Terry sort toujours du banc et score. Les joueurs ne sont plus au top de leur forme mais restent bien coachés et très compétitifs. Résultat : 57 victoires. Les Mavs sont prêts et ne seront pas simples à jouer, encore. Portland se présente au premier tour. La franchise de l’Oregon remportera un match riche en émotion, avec ce qui sera la dernière énorme performance de Brandon Roy. Cependant, il en faut plus pour impressionner ces vieux briscards. Au second tour, rendez-vous avec les Lakers de Kobe Bryant et Pau Gasol, qui veulent réaliser un three-peat. Aucune discussion : un sweep pur et dur qui mettra fin au projet de Los Angeles et enverra Phil Jackson à la retraite. Le jeune Thunder, qui monte de plus en plus dans la hiérarchie se dresse sur la route de Dirk. Les anciens sont plus forts et Oklahoma doit maudire Nowitzki, qui conduit son équipe de nouveau en finale. C’est l’heure de la revanche, face aux Heat, et les Heatles, où LeBron James et Chris Bosh viennent de rejoindre Dwyane Wade. Le King n’est pas au niveau sur cette série et Dallas ne pouvait pas manquer l’occasion, encore une fois. L’allemand est énorme, et ne choke pas. A la surprise générale, le Heat est vaincu, les Mavs sont sur le toit de la NBA et le graal est atteint. Les texans sont champions et l’ailier-fort remporte le titre de MVP des finales. Le rêve d’une vie est enfin réalisé. 

 

Critiqué à de nombreuses reprises pour avoir été absent dans les moments importants, Nowitzki change totalement le script et devient un gagnant, entrant dans la catégorie des légendes qui conduisent leur équipe jusqu’au bout. Le run des Mavs est à jamais gravé dans l’histoire tant ce titre est fabuleux. La greatness de Dirk grandit et il devient une légende absolue du jeu, lui qui avait déjà bien contribué à le faire changer. La suite sera moins réjouissante pour les texans. Le franchise player est âgé et la concurrence se renforce. Dallas reste solide, un poil à gratter dans la conférence Ouest, mais la franchise ne passe plus un tour. L’allemand produit, reste un All Star mais on arrive à 35 ans. Les cannes ne suivent plus et son shoot ne peut plus faire la différence à lui-seul. Petit à petit, les deux parties rentrent dans le rang. Les Mavs se dirigent vers une reconstruction, tout en accompagnant le meilleur joueur de leur histoire pour sa fin de carrière. Des jeunes talents arrivent, à l’image de Dennis Smith Jr et surtout Luka Doncic, autour duquel la franchise va reconstruire son projet, avec Dirk comme vétéran de luxe.

 

Malgré son grand âge et des capacités physiques moins importantes, l’allemand continue sa carrière et réalise quelques accomplissements incroyables pour accroître sa légende. La barre symbolique des 30000 points est franchie, prouesse réalisée par seulement sept joueurs. Lui et son style de jeu, si atypique au moment de son arrivée, ont réalisé une incroyable performance. Par la suite, il dépassera Wilt Chamberlain dans ce classement et tirera sa révérence à la sixième place des scoreurs les plus prolifiques de l’histoire NBA. En 2018-19, il deviendra All Star pour la dernière fois, la NBA l’invitant à l’événement lors de sa dernière saison dans la Grande Ligue. L’allemand s’en va comme une légende absolue. Le maillot sera retiré, une statue prend place devant la salle des Mavericks et une rue porte son nom à Dallas. 

 

 

Sur le plan international, Nowitzki tentera de placer l’Allemagne sur le devant de la scène mais l’effectif autour de lui manque de talent pour réaliser de grandes épopées. Il ne fera pas mieux qu’une médaille d’argent à l’Euro 2005, ainsi que le bronze au mondial 2002. Malgré cela, il dominera les compétitions à titre individuel et devient le troisième scoreur le plus prolifique de l’Eurobasket. 

 

Dirk se retire en étant l’image et l’icone absolue d’une franchise, qui gagnera du respect lors du passage de l’intérieur. Les premières bannières seront accrochées au plafond grâce à l’allemand, notamment celle de championne, la première et unique des Mavs pour le moment. Nowitzki, c’est également l’un des moves les plus inarrêtables de l’histoire, avec son légendaire One Leg Fadeaway, un des meilleurs shooteurs que la NBA a vu passer, et qui aura révolutionné le jeu, avec son style unique pour l’ère à laquelle il est arrivé. En plus de cela c’est un champion, MVP des finales et de saison régulière. 14 sélections All Star, 12 All NBA Teams (dont quatre first), des totaux très compliqués à aller déloger et un des 75 meilleurs joueurs de l’histoire. 

 

Le joueur aura marqué toute une époque. Son épopée légendaire, son shoot et sa longévité lui permettent d’être parmi les tous meilleurs de l’histoire. Des phénomènes risquent de lui prendre son titre de meilleur européen de l’histoire. Cependant, il aura été un précurseur et source d’inspiration pour chacun d’entre eux. Danke Dirk Nowitzki.