Tous les amoureux du basket féminin ont tourné leurs regards vers Valence à 21h précise. Pour la cinquième fois consécutive, l’équipe de France figurait en finale de l’EuroBasket féminin après leur victoire contre la Biélorussie, la veille en demi-finale. Après 2013, 2015, 2017 et 2019, la cuvée 2021 du championnat d’Europe a rendu son verdict dans un grand final entre deux patrons du basket européen. Nos bleues étaient opposées à la Serbie, déjà victorieuse de la compétition en 2015. Pour arriver jusqu’en finale, les Serbes ont tout simplement remporté leurs duels face à l’Espagne, pourtant à domicile qui restait sur deux titres consécutifs, et face à la Belgique en demi-finale, toujours aussi forte sur le papier mais toujours aussi timorée à l’heure des matchs à élimination directe. Bref, assez parlé, l’heure était à la victoire et rien d’autre dans cette dernière marche si dure à franchir en France.
- SCORE FINAL : FRANCE 54 – 63 SERBIE
Encore raté. Ailleurs techniquement et mentalement, les bleues ont totalement raté leur finale, une fois n’est pas coutume. Une chose est sûre, c’est que les Serbes ont abordé cette finale en faisant honneur à la mentalité Yougoslave, toujours prêtes au combat ! Malgré un début de match au rythme très rapide où les deux équipes vont bombarder de loin en début de possessions sans trouver d’adresse, c’est plutôt un match défensif que France et Serbie ont offert aux spectateurs de Valence. Avec un plan tactique très bien pensé, la Serbie est arrivée avec la ferme intention de ne jamais laisser le moindre espace à Sandrine Gruda et Endy Miyem dans la raquette, comme beaucoup d’adversaires de la France avant elles. Mais cette fois, les bleues se sont opposées à des joueuses qui le faisaient mieux que personne ! Multipliant les prises à deux avec leur agressivité à couper le souffle, elles ont obligé les Françaises à naviguer à l’extérieur en misant tout sur leur tir extérieur.
Ce plan de jeu a fonctionné. Nos bleues ont commencé par seulement 7 points en 8 minutes, systématiquement gênées dès la remontée du ballon par des serbes qui avaient bien compris qu’une presse tout terrain ferait des ravages. En allant installer la pression défensive dans notre camp dès la remise en jeu, la Serbie a très bien exploité notre manque de meneuse d’expérience, puisque Olivia Epoupa n’a eu droit qu’à quelques minutes, visiblement encore très diminuée physiquement. Ainsi, ce sont les erreurs d’appréciation offensive et les ballons perdus qui se sont multipliés, au nombre énorme de 19 dans cette Finale !
Face à ça, les bleues ont donc subi le jeu ne faisant que limiter les dégâts sans jamais prendre la mesure de leur adversaire dans de nombreux secteurs. Surtout dans une finale continentale, c’est bien souvent l’équipe la plus déterminée qui l’emporte, et c’était clairement le cas de la Serbie ce soir. La France n’a jamais su répondre comme il le fallait sur le terrain de l’agressivité, multipliant les fautes et offrant des lancers-francs aux joueuses de l’est, pendant que nous n’avions tiré que 2 lancers-francs au bout de 20 minutes ! Pourtant, le regain d’adresse français dans le second quart-temps, principalement porté par l’orgueil de Sarah Michel et Valériane Vukosavljevic, a permis aux Françaises de n’être menées que de 5 points à la pause (26-31), de quoi maintenir l’espoir en vie ?
Certainement pas, au retour des vestiaires nous n’avons retrouvé aucun esprit de révolte chez nos bleues, avec aucun point marqué en 3 minutes, avant notre écartèlement en règle par Ana Dabovic, qui plante d'emblée deux tirs à trois points consécutifs en fin de possessions, deux fois oubliée seule derrière la ligne, qui va offrir 13 points d’avance aux Serbes au bout de seulement 4 minutes en deuxième mi-temps. Forcément, Valérie Garnier prend un temps-mort immédiatement. Après ce temps de réflexion pour repartir de l’avant, c’est la Serbe Yvonne Anderson qui monte l’écart à 15 points de retard sur un lay-up totalement offert dans notre raquette. Un bon résumé de la fantomatique présence Française dans cette finale. Le match était déjà terminé dans le troisième quart-temps, où la plupart avaient déjà compris que les Françaises ne reviendraient jamais.
Au bal des fantômes, on aimerait d’abord inviter l’entraineuse de l’équipe de France, Valérie Garnier. On a du mal à comprendre comment elle pouvait avant cette finale être encore en poste après tant d’échecs, et son emploi va être d’autant plus difficile à justifier après ça. On ne comprend pas comment face à des équipes qui ont chargé la raquette Française, elle n’avait aucune alternative, aucune solution à apporter, aucun plan de jeu sérieux, aucun système clairement défini non plus, où sont les idées ? Même lorsque la France avait les moyens de revenir dans cette partie, ce n’est que la panique et l’improvisation la plus totale qui guidait nos offensives. Les Jeux Olympiques auront un goût de dernière chance pour Valérie Garnier. Avec elle, Sandrine Gruda ne va plus avoir beaucoup d’opportunités d’aller chercher l’Or non plus. On adore celle qui est l’une des plus grandes joueuses de l’histoire du basket français, et on sait que le plan de jeu réservé par la Serbie ne l’a pas aidée, mais c’est elle la leader technique de la France qui a totalement disparu en demi, puis en finale. Elle n’a jamais osé demander le ballon, n’a jamais fait l’effort pour sortir du piège Serbe, et n’a jamais tenté le moindre tir en duel, comme apeurée par l’évènement. Enfin, Marine Johannes a encore une fois montré toute la grandeur de ses limites sur ce match, avec un leadership proche du néant et des mouvements à oublier alors que le jeu extérieur était la clé du match. Elle est loin, très loin, d’être l’une des meilleures joueuses d’Europe que certains voient en elle. Son niveau abyssal avec l’équipe de France depuis plusieurs saisons pose question.
Alors bien sûr, tirer sur l’ambulance n’est pas notre exercice préféré, et on a tous eu très mal au cœur en voyant Endy Miyem en larmes accepter son trophée de joueuse figurant dans le meilleur 5 de la compétition, mais quelque chose ne tourne pas rond dans cette équipe. C’est. La. Honte. Après 2013, 2015, 2017 et 2019, l’année 2021 vient s’ajouter aux défaites de la France en finale de l’EuroBasket féminin. 5 défaites consécutives lors du match le plus important de la compétition, il faut le faire… Ce serait un peu gros de résumer cet échec récalcitrant en disant que les Françaises n’ont tout simplement pas le mental, mais elles n’ont en tout cas jamais eu la détermination suffisante pour ne serait-ce que s’offrir une chance de soulever le trophée dans ces grands moments. La défaite en finale cette année fait plus mal que toutes les autres. D’abord car les bleues avaient sans conteste le meilleur effectif en individualités alignées sur le papier, et la meilleure dynamique collective de cet EuroBasket. En l’absence d’une Belgique et d’une Espagne forte, tout était en place pour faire triompher les tricolores, encore raté. La faute à un manque de détermination criant, qui s’est traduit en finale par une agressivité nulle, comme si on jouait un match amical banal, comme si remporter ce Championnat d’Europe était un fardeau maudit où seule la seconde place nous est promise. Cette défaite fait très mal enfin, car elle n’est que le début de la route vers les Jeux Olympiques, que la France Féminine va préparer la tête basse, le moral dans les chaussettes, avec des supporters entre tristesse et colère, fatigués, lassés de voir encore et toujours le même scénario se répéter. Celui d’une France surpuissante incapable de gagner en finale. C’est la honte.