C’est dans un contexte médiatique difficile que nos bleues de l’équipe de France de Basket féminine lançaient leur EuroBasket 2021 ce soir, au Rhénus à Strasbourg. Dans une actualité sportive obstruée par la compétition de football continentale, le Basket féminin passe une fois de plus au second plan, alors que l’évènement a tout de la grande fête pour nous autres fans de ballon orange. D’abord car cet Euro a lieu en France, en tout cas pour sa phase de poules ! Toutes les équipes vont débuter l’exercice à Strasbourg, devant un public à jauge limitée, une aubaine en pleine sortie de crise Covid. Ensuite car les enjeux sportifs sont majeurs. En effet, notre équipe de France est en ce mois de juin à la poursuite d’un titre continental qui les fuit depuis 2009 ! Une éternité au vu des générations glorieuses qui ont porté le maillot bleu lors de la dernière décennie.
Après 4 médailles d’argent consécutives, les bleues pouvaient envoyer un message fort dès le premier jour de la compétition, après la défaite surprise de la Belgique, outsider, face à la Bosnie-Herzégovine (55-70) ! Nos françaises s’affichent en 2021 avec un groupe similaire de celui qui avait perdu en finale face à l’Espagne en 2019. La franco-américaine Bria Hartley, toujours en train de soigner son genou à Phoenix, est toujours indisponible malgré son espoir d’être de retour pour les Jeux Olympiques. Elle est remplacée numériquement par une autre Franco-Américaine, en la personne de Gabby Williams ! Cette ailière, grand espoir de la WNBA, a tout du renfort parfait pour Valérie Garnier, avec ses grandes qualités de défense et une efficacité offensive folle. Un retour dans l’hexagone après son passage à Lattes-Montpellier il y a deux ans. Williams et tout le groupe France, favori de la compétition avec un groupe plus étoffé que jamais et une préparation irréprochable, visent le titre. Une épopée qui devait commencer par un succès contre la modeste Croatie pour lancer les hostilités. Résumé.
- France 105 – 63 Croatie : une demonstration offensive
Comme c’était attendu dans un début de compétition, le début du match n’était pas évident à gérer, et les Françaises ont mis quelques minutes à se régler, notamment défensivement. Il faut bien avouer que d’entrée de jeu, un gros imprévu est venu miner leur moral. La meneuse titulaire de l’équipe de France, Olivia Epoupa, a fait tourner sa cheville sur une action assez anodine en contre-attaque dès la seconde minute de jeu. Sortie directement, les premières images étaient assez alarmantes en vue d’un Championnat d’Europe qui ne va durer que 10 jours. Sans elle, la France perdrait une taulière, essentielle autant offensivement à l’organisation que défensivement dans sa détermination caractéristique. Sortie en pleurs, serviette sur la tête, Epoupa boitait très bas et toutes les inquiétudes sont de mise avant d’obtenir un résultat médical plus poussé dans les prochains jours.
Après cette première déconvenue, les Françaises se sont laissées entraînées dans un faux rythme dans le premier quart-temps. Un match offensif s’est installé, ne permettant pas aux locales de la compétition de créer un écart dans un premier temps. Le 5 majeur composé de Sandrine Gruda et Endi Miyem à l’intérieur a souffert dans la défense de la raquette, et il a fallu attendre l’entrée en jeu de l’expérimentée Helena Ciak pour resserrer la vis dans ce secteur. Celle qui s’est récemment engagée avec l’ASVEL a libéré la France dans la raquette en sécurisant les rebonds, tout en obtenant les bonnes fautes nécessaires pour casser le rythme rapide que ces Croates appréciaient tant.
Alors, les bleues se sont contentées de se baser sur leurs fondamentaux pour tenir la barre en première mi-temps. Marine Johannes a enflammé le Rhénus dès les premières secondes en enchainant deux paniers à trois points dont elle a le secret. Puis, c’est sans surprise que notre équipe de France s’est beaucoup appuyée sur sa capitaine, Sandrine Gruda. Celle qui est devenue la meilleure marqueuse de l’histoire de l’équipe de France pendant la période de préparation a tenu son statut. Elle n’a cessé de sanctionner des Croates prenables défensivement par ses qualités bien connues, derrière ce classique tir à mi-distance dans les coudes de la raquette et des feintes bien senties au poste lui ouvrant de multiples tirs ouverts. En guide expérimentée, elle comptait déjà 14 points à la mi-temps. Un apport nécessaire face à des Croates totalement enflammées à trois points (5/8 de loin pour commencer), jouant libérées en étant emmenées par Iva Slonjsak au scoring, et accrocheuses malgré la logique domination française au bout de 20 minutes de jeu (50-40).
Mais la Croatie n’aura tenu qu’une mi-temps dans cette première journée du Championnat d’Europe. En seconde mi-temps, le craquage croate fut aussi fracassant que leur adresse prématurée dans el match. Dans une véritable correction offensive, l’équipe de France a remporté 55 à 23 cette seconde mi-temps. Alors que leurs adversaires se sont totalement écroulées offensivement, les Françaises ne se sont pas gênées pour en profiter avec des transitions éclair et donc des paniers faciles sur contre-attaque. La domination aux rebonds a aussi été sans équivoque avec 54 prises à 22. On a aussi apprécié le leadership offensif sur quelques séquences de Marine Johannes, qui bonifie chacune de ses touches (au scoring comme à la passe) tout en gardant une part d’insouciance à travers ses pull-up à trois points si spectaculaires. Au-delà de l’arrière française, c’est tout le collectif français qui a déroulé une véritable démonstration offensive pour commencer cette compétition en favori assumé. La profondeur de l’effectif français a de quoi faire rêver, et ce même malgré la faiblesse de l’adversaire croate en ce premier soir. L’équipe termine à 56% au tir dont 40% à trois points, portée par 4 joueuses à plus de 15 points.
Parmi elles, Alexia Chartereau est l’un des symboles de cette profondeur française. La meilleure joueuse de Ligue Féminine avec Bourges cette saison n’est que remplaçante avec l’équipe nationale, mais a encore produit ce soir comme depuis des années une performance de haut vol en sortie de banc avec 15 points (6/8) et 7 rebonds. Autre grande satisfaction, la Franco-Américaine Gabby Williams (elle aussi sur le banc) a brillé pour son premier match en bleu dans une compétition officielle. Très juste balle en main, elle attire toute la défense avec son aisance physique et technique, et on la sent clairement capable de se créer son shoot facilement pour marquer à tout moment. En défense, elle est tout aussi impressionnante dans sa capacité à défendre tous les postes, autant en ne lâchant pas d’un centimètre de petites arrières rapides, qu’en changeant sur tous les écrans et en défendant dur au poste grâce à son physique très athlétique. Un véritable coup de cœur de la soirée. Enfin, le duo Sarah Michel / Alix Duchet s’est montré satisfaisant à la mène pour pallier la blessure de Epoupa avec une belle distribution du ballon et un volume de jeu intéressant, bien qu’on attende d’en voir plus contre des défenses plus affutées.
Vous l’avez compris, les Françaises ont vécu une première soirée parfaite pour inaugurer ce Championnat d’Europe 2021 coorganisé par la France et l’Espagne. Portées par un Rhénus strasbourgeois chaud bouillant, au sens propre comme figuré, elles ont facilement disposé de ces faibles croates malgré un premier quart-temps délicat et une blessure d’Olivia Epoupa qui pourrait bien handicaper l’équipe en vue des phases finales, selon la gravité de son état. En attendant, on ne va pas bouder notre plaisir de voir une équipe de France aussi performante, et autant déterminée à infliger ce genre de scores à répétition. Après le match, Sandrine Gruda prévenait au micro de Canal + Sport qu’on devrait s’habituer à observer d’autres déroutes adverses dans les jours à venir ! Un discours ambitieux qui va de pair avec une première journée parfaite, puisque les Belges et les Espagnoles, toutes deux principales outsiders pour empêcher la France d’aller vers le titre, ont perdu dans des matchs pourtant prenables. De quoi donner encore plus le sourire à nos bleues en vue du second match de poule, dès demain, face à la République Tchèque (20h45) !