- LE CONTEXTE : DANS SA BULLE COMME MéLANIE
C’est en pleine forme, physiquement et mentalement, que Timothé Luwawu-Cabarrot attaquait cette saison 2020-2021 du côté de Brooklyn. Alors qu’il avait débarqué à New-York lors de l’intersaison 2019 en même temps que Kyrie Irving et Kevin Durant, il avait d’abord pris son temps pour prendre ces marques dans cette équipe ambitieuse. C’est finalement dans la bulle d’Orlando que TLC a littéralement explosé l’an dernier, après quelques saisons difficiles du côté de Philadelphie, Chicago et Oklahoma City. Responsabilisé en playoffs dans une équipe amputée de ses leaders, il avait joué libéré, se révélant être l’une des pièces maitresses de ces Nets sans ambition. Désormais, le retour de Irving et Durant, combiné à l'arrivée sensationnelle de James Harden, a changé la donne. Avant le début de la saison, on savait que le français allait retrouver un rôle plus discret, en sortie de banc, pour apporter du tir extérieur et de la défense. Un costume taillé pour lui et ses qualités ! Verdict ?
- L’ANNéE DU FRANÇAIS : IMPITOYABLE CONCURRENCE
Comme presque l’intégralité du roster des Nets cette saison, Timothé Luwawu-Cabarrot a vu son temps de jeu évoluer au fil des blessures. Non pas des siennes, mais de celles qu’ont subi de façon cyclique les trois superstars de Brooklyn : Kevin Durant, Kyrie Irving et James Harden. Ainsi, lorsqu’au moins deux d’entre eux étaient disponibles pour jouer, TLC se retrouver relégué sur le banc au fond de la rotation, Steve Nash lui préférant d’autres profils en sortie de banc comme ceux de Landry Shamet, Bruce Brown, Tyler Johnson ou encore Jeff Green. Luwawu-Cabarrot a été parmi le cinq mineur la plus grande victime de cette concurrence farouche dans l’un des effectifs les plus féroces de la NBA.
En réalité, le français a presque payé sa polyvalence. Steve Nash a souvent préféré faire appel à des joueurs spécialistes d’un domaine sur un temps de 10 ou 15 minutes, et on le comprend. Malheureusement pour lui, Luwawu est le moins adroit de tous les guards des Nets. Il n’a pas non plus la capacité de tenir la balle comme Johnson, ni les qualités défensives de Brown, ni la dimension athlétique de Green qui apporte d’autres possibilités tactiques. Si on voulait caricaturer, on pourrait presque considérer que TLC est bon partout, mais excellent nulle part. Ces domaines spécifiques ne sont pas médiocres chez lui, ils ne sont juste pas au niveau des spécialistes présents dans le roster des Nets. Pourtant, le français a eu la chance à plusieurs reprises de trouver son rôle dans ce groupe si étoffé ! Steve Nash lui a notamment beaucoup fait confiance en début de saison, jusqu’à fin février. Mais dès que les blessures étaient moins nombreuses, et que le coach double MVP a dû faire des choix, c’est souvent le français qui perdait son temps de jeu. Un constat terrible, presque méchant, mais réaliste.
Le tableau n’est pas tout noir ou tout blanc, il est gris. Sur le début de saison, Luwawu-Cabarrot s’est montré plutôt inspiré en sortie de banc, profitant de sa vingtaine de minutes par match pour apporter un vrai renfort soutien défensif, et parfois quelques points en plus dans l’escarcelle de la meilleure attaque de la ligue. Cet apport, satisfaisant, n’a juste pas été assez irréprochable pour lui permettre de s’installer durablement dans la rotation. Les passages du français sur le parquet n’ont jamais empêché les Nets d’être une passoire sans nom en défense, et il n’a pas non plus trouvé l’adresse qu’on lui connaissait par le passé. Alors qu’il a tiré environ 6 fois par match, soit le même volume que lors des 2 dernières saisons, ses pourcentages sont eux en chute libre, à 36% au tir dont 31% à trois points ! Encore une fois, c’est insuffisant dans un roster où Joe Harris tire à 47% à trois points (!), ou Shamet à 38%. Au final, on tire le bilan d’une saison moyenne pour le français. Pas mauvais, pas fantastique non plus.
- LA PERFORMANCE DE LA SAISON : C’EST REPARTI COMME EN 40
Très peu de fois Timothé Luwawu-Cabarrot a été titularisé en NBA cette saison, et il n’a même joué qu’une seule fois 40 minutes lors d’un match, lors du début de la saison en décembre dernier. Un retour en 40 (minutes) qui a dû lui rappeler le mois d’août et la bulle d’Orlando où le coach intérimaire Jacque Vaugh l’avait responsabilisé au maximum. Le 29 décembre 2020 lors de la réception des Grizzlies, TLC a réalisé ce qu’on peut considérer comme sa meilleure performance de la saison. Les trois stars des Nets étaient toutes les trois absentes ce soir-là, et il en a profité pour jouer les pompiers de service comme souvent cette saison. La métaphore n’est pas anodine, puisque le français s’est permis d’arroser ce soir-là, en prenant 17 tirs, son plus grand nombre de tentatives cette saison. Il termine cette rencontre avec 21 points, 6 rebonds, 2 passes et 2 interceptions, prouvant une fois de plus qu’il était un joueur complet, capable de scorer et d’apporter son physique solide en défense, mais imparfait à seulement 7/17 au tir, dont 3/10 de loin.
- QUEL FUTUR POUR LE FRANÇAIS : UNE INTERSAISON DE TOUS LES POSSIBLES
Avant de penser à la saison prochaine, le futur du français va se jouer dans un futur proche ! Ses Brooklyn Nets sont 2eme de la Conférence Est et vont arriver en playoffs avec le statut de favori de la Conférence Est, de l’armada à faire tomber. Parmi leur bataillon, Luwawu-Cabarrot ne sera vraisemblablement pas appelé pour combattre. Le français est complètement sorti de la rotation aujourd’hui et le retour de James Harden ne va rien arranger dans des matchs de playoffs où le nombre de joueurs utilisés se réduit. Il pourra observer sur le banc le parcours des siens, et espérer malgré tout devenir le premier français champion NBA depuis Tony Parker, tout comme Rudy Gobert d’ailleurs.
En ce qui concerne l’intersaison à venir, on a vraiment le sentiment que toutes les portes sont ouvertes pour lui. Certes, il arrive en fin de contrat à Brooklyn, mais il y a de grandes chances qu’il se voit proposer une prolongation de contrat toujours au salaire minimum. Ces Nets déjà très compétitifs ont un salary cap d’ores et déjà assuré d'être au-dessus de la limite pour la saison prochaine, et ils savent à quel point un joueur comme Luwawu-Cabarrot, discret, polyvalent et qui ne fera pas d’étincelles s’il ne joue pas sont importants dans le collectif d’un groupe taillé pour le titre. S’il n’est pas prolongé, on peut néanmoins imaginer que le français aura la possibilité d’assez vite retrouver une autre franchise NBA, une nouvelle destination où il parait d’ailleurs souffrir d’une concurrence moins rude et espérer un meilleur temps de jeu. La balle est dans son camp.
- JEUX OLYMPIQUES : AVANTAGE luwawu-cabarrot cette fois !
Depuis quelques années, la relation de Timothé Luwawu-Cabarrot avec l’équipe de France de Basket est un mélange d’amour et de haine, une partie de je t’aime moi non plus. Il a toujours été dans les petits papiers de Vincent Collet, mais a aussi souvent hérité de ce rôle ingrat de joueur sélectionné, mais écarté du groupe définitif à l’heure de raccourcir la liste et de s’envoler pour la grande compétition. Ce fut le cas en 2019, où il avait terminé 15ème homme, et n’avait pas participé au mondial chinois où la France avait décroché une médaille de bronze au goût amer après moultes émotions. Néanmoins, le verdict final pourrait bien tourner en la faveur de TLC cette fois ! En 2019, Vincent Collet lui avait préféré Axel Toupane sur son poste, or cette saison, Toupane n’a rien eu de ‘’mieux’’ à se mettre sous la dent qu’une dizaine de matchs de G-League, et une dizaine de garbage times avec les Milwaukee Bucks, là où Luwawu-Cabarrot a eu un rôle plus régulier et important dans le dispositif des Nets. Ainsi, il devrait logiquement reprendre l’avantage sur Toupane et s’envoler à Tokyo avec nos bleus. On estime que Timothé Luwawu-Cabarrot a 70% de chances de participer aux Jeux Olympiques de Tokyo.