- LE CONTEXTE : UNE DRAFT LABORIEUSE
Rien n’a été offert à Théo Maledon lors de son arrivée en NBA. Après une dernière saison plutôt décevante où il avait souffert de la concurrence sur son poste à l’ASVEL, le français s’est présenté à la Draft NBA avec une côte en chute libre. Pressenti dans le Top 10 en 2019, il n’était que projeté en fin de premier tour un an plus tard. Finalement, Maledon a même dû attendre le second tour de la Draft pour être sélectionné en 34ème position par Oklahoma City, pendant la pub… Un clair désaveu qui a tout de suite annoncé la couleur, la grande ligue américaine est un univers impitoyable. Néanmoins, on a vite compris que cette sélection du Thunder était finalement un mal pour un bien ! Certes, le français aurait aimé figurer bien plus haut dans cette Draft 2020, mais il a eu le bonheur de tomber dans le filet d’une équipe au flair très Européen sur cette cuvée, qui l’a récupéré en même temps que le charismatique Aleksej Pokusevski. Maledon arrivait alors dans un Thunder au début d’une immense reconstruction, idéal pour obtenir des minutes et montrer à quel point les scouts NBA l’ont mésestimé cet Automne.
- L’ANNEE DU FRANÇAIS : LE STEAL DE LA DRAFT 2020
Vous pouvez chercher, vous ne trouverez pas mieux dans le second tour de cette cuvée ! Xavier Tillman a beau être satisfaisant à Memphis, c’est bien Théo Maledon qui impressionne et qui, après une saison, peut être considéré comme le steal anticipé de cette Draft 2020 ! Il a d’abord débuté comme remplaçant, plafonné à une vingtaine de minutes par match, avant de littéralement exploser. En toute logique, l’expérimenté George Hill, présent en début de saison prenait ses minutes et a dû en profiter pour enseigner au rookie de précieux conseils. Puis il est parti, laissant le champ libre à Maledon. Sans aucune concurrence, Maledon a alors su pleinement profiter de l’opportunité offerte à lui pour exploser. Pas timide pour un sou, il n’a jamais donné l’impression de douter ou d’hésiter dans une situation on ne peut plus exigeante, à savoir celle d’être le meneur titulaire d’une franchise NBA à 19 ans seulement.
Ceux qui voyaient en Théo Maledon le nouveau Frank Ntilikina se sont trompés, les scouts en premier. En effet, son parcours en France pouvait laisser des doutes sur son adaptation en NBA. Maledon est un peu produit de la formation fédérale à la française, passé par l’INSEP et son Centre Fédéral en Nationale 1 avant d’être utilisé en sortie de banc chez les Pro. Mais contrairement à Ntilikina, Maledon a su bonifier cette expérience pour apprendre de la concurrence permanente que demande le poste de meneur. Il a aussi engrangé de vraies qualités de meneur gestionnaire, comme de spot-up shooteur, pour arriver en NBA avec un bagage technique déjà très complet. Alors une fois débarqué sur le tarmac d’Oklahoma City, il était prêt. Ce garçon tout timide en interview a su prouver à tout le monde qu’il était un loup une fois le maillot sur le dos, prêt à tout pour se frayer un chemin et vivre pleinement le rêve américain. Le contexte d’Oklahoma City, ville on ne peut plus calme des USA, l’a sans doute aussi aidé à s’intégrer contrairement à un Ntilikina perdu dans la folie New-Yorkaise.
Sa première saison NBA a été disputée dans le contexte idéal, et Théo Maledon a prouvé qu’il faudra compter sur lui dans les années à venir. Auteur d’une moyenne de 10.2 points, 3.3 rebonds, 3.5 passes et presque 1 interception par match, sa polyvalence a impressionné le Thunder. Il en a également profité pour devenir le premier français de l’histoire à passer le cap des 10 points par match. Cependant, il faut aussi savoir mesurer ses exploits avant de penser qu’on tient en lui un Français prêt à crever l’écran autant que Tony Parker ou Rudy Gobert. Maledon a réellement bénéficié d’un environnement de travail idéal, où tous les ballons lui étaient donnés, avec une liberté d’agir maximale. Ses pourcentages au tir en attestent, à 36% dont 33% à trois points. En attendant, Maledon a surpris tout le monde cette saison, et il vient renforcer encore un peu plus ce contingent français blindé de talent Outre-Atlantique.
- LA PERFORMANCE DE LA SAISON : MALEDON BRILLE SOUS LE SOLEIL
Parmi les surprenants exploits de Théo Maledon cette saison, on doit également citer sa capacité à prendre feu à n’importe quel moment, loin des prévisions avant sa Draft qui annonçaient plutôt un meneur fiable sur ses fondamentaux, plutôt distributeur du jeu, avec un plafond de scoreur assez fiable. Le français a fait mentir ces prévisions toute la saison, avec de nombreuses pointes au scoring. Au total, Maledon a terminé sa saison hier soir avec 5 matchs à 20 points ou plus cette saison, faisant de lui assez largement le troisième meilleur scoreur français en NBA cette saison. Parmi ces moments euphoriques dans la vie d’un rookie, Maledon a réalisé sa meilleure performance de la saison le 3 avril dernier en déplacement à Phoenix. Dans un match à sens unique où les Suns ont logiquement humilié OKC par 37 points d’écart, Maledon a surnagé, se révélant comme la rare éclaircie d’un Thunder décidemment bien orageux. Il a réalisé sa propre anaphore au scoring, en marquant ce soir-là 33 points, 5 rebonds et 3 passes, la meilleure performance d’un français en NBA cette saison ! Il est aussi entré dans les livres d’histoire à Oklahoma City, rejoignant Russell Westbrook comme le seul rookie à avoir marqué 30 points ou plus dans l’histoire de la franchise. On espère qu’il avait bien profité de sa soirée, cette défaite était la première d’une série de 22 défaites en 23 matchs.
- QUEL FUTUR POUR LE FRANÇAIS : SINON ON GAGNE DES MATCHS ?
C’est l’autre face d’une même pièce dans la saison de Théo Maledon. On admire bien évidemment ses performances individuelles et l’insouciance avec laquelle il a profité de ce Thunder en reconstruction, mais on ne peut pas fermer les yeux sur un bilan collectif qui fait peine à voir, à l’image de ce dernier quart de saison catastrophique. Bien sûr, c’était aussi la conséquence d’un tanking agressif voulu par le Thunder en vue de la prochaine Draft, mais ça ne doit pas faire oublier que pour l’instant, Théo Maledon est simplement un gros poisson dans une petite mare. Il faudra donc surveiller ses performances lorsque dans son effectif, il disposera d’une concurrence plus sérieuse que Ty Jerome, avec des coéquipiers plus habilités à être servis par le formidable passeur qu’il peut devenir. Son futur sera bien sûr à OKC pour les quelques saisons à venir au moins, et il sera déjà conditionné par les nouveaux rookies du Thunder en 2021, contre qui il devra prouver sa valeur.
- JEUX OLYMPIQUES : LA SURPRISE DU CHEF ?
Personne en début de saison n’aurait parié sur la présence de Théo Maledon dans le groupe France aux prochains Jeux Olympiques, et pourtant, le rêve du Normand pourrait bien devenir réalité dès cet été ! Il faut bien avouer qu’avec Vincent Collet, l’ex-espoir de l’ASVEL a toujours eu la côte. Pour rappel, Théo Maledon a obtenu sa première sélection en équipe de France à 17 ans seulement, et n’a même pas pu s’offrir une bière pour fêter ça, rendez-vous compte. Il avait intégré le groupe à l’occasion des qualifications pour le Mondial 2019. Pour cette échéance, il faisait également partie du groupe élargi de Collet, avant de logiquement être écarté en fin de stage préparatoire.
Les faits sont là, Maledon a depuis plusieurs saisons inscrit son nom dans la tête du sélectionneur. Alors, à l’heure de choix déterminants pour une échéance internationale aussi importante, Maledon a tout fait de la bonne manière pour se donner des raisons d’y croire ! Il profite aussi d’une concurrence défaillante, à savoir Frank Ntilikina qui sort d’une saison toujours plus cauchemardesque avec les Knicks. Contrairement à lui, Maledon a aussi la ‘’chance’’ d’être déjà en vacances à l’heure actuelle, et donc disponible pour disputer la préparation complète avec les bleus. Attention toutefois à ne pas sous-estimer la concurrence en Europe de Thomas Heurtel et Andrew Albicy, pour ne citer qu’eux, qui pourraient tenir la corde dans le cœur de Collet. En revanche, s’il choisit d’emmener avec lui un troisième meneur, Maledon pourrait prendre cette place aisément, et sa capacité à jouer sur le poste 2 pourrait aussi l’aider dans ce sens. On estime que Théo Maledon a 45 % de chances de participer aux Jeux Olympiques de Tokyo.