Bilan des frenchies : Sekou Doumbouya habite dans une rue sans nom

Bilan des frenchies : Sekou Doumbouya habite dans une rue sans nom

FFBB - Sekou Doumbouya - Detroit Pistons - Killian Hayes - Vincent Collet - Jeux Olympiques

La saison régulière 2020/2021 touche à son terme. Cet exercice, plus court, nous a de nouveau offert une place de choix à certains de nos compatriotes basketteurs. En cette année Olympique, les performances de nos frenchies étaient plus scrutées que jamais. Qui a brillé ? Qui a déçu ? C’est l’heure du bilan. Notre troisième épisode est consacré à Sékou Doumbouya.

  • LE CONTEXTE : UNE SAISON ROOKIE à OUBLIER

 

Ce n’est pas dans les meilleures dispositions possibles que Sékou Doumbouya abordait cette saison 2020/2021. Si on ne peut pas non plus considérer qu’il était inquiété à Detroit, sa saison rookie s’est avérée être un échec cuisant, sur le terrain comme en dehors. Il faut bien avouer que son nom est plus souvent sorti dans les médias locaux pour parler de son attitude désinvolte, plutôt que de ses performances sportives. Ces mêmes insiders ont d’ailleurs décrit sa relation avec son entraineur, Dwane Casey, comme glaciale. C’est donc avec un statut de jeune espoir plein de potentiel, avec beaucoup de choses à prouver, que Doumbouya débutait cette saison 2020/2021. Il y avait aussi un certain rythme à retrouver pour lui et ses Pistons, privés de compétition depuis Mars 2020 et le début de la pandémie. En août, ils étaient bien trop éloignés de la course aux playoffs pour être invités dans la bulle d’Orlando. Enfin, Doumbouya a aussi pu bénéficier cette saison d’un soutien important, lorsque les Pistons ont choisi de drafter Killian Hayes à la 7ème place de la Draft 2020. Certains voyaient alors en novembre l’avènement à venir d’une nouvelle French Connection !

 

  • L’ANNéE DU FRANÇAIS : BIS REPETITA ?

 

Dans les faits, le français a de nouveau livré une saison plutôt décevante dans sa globalité. Il marque les Pistons de son irrégularité, et il faut bien avouer que c’est un joueur difficile à jauger pour les fans, les médias et même son propre staff ! Lorsqu’il entre en jeu, Doumbouya est capable du pire comme du meilleur, bref, c’est un joueur imprévisible ! Si on regarde le verre à moitié vide, on peut conclure que cette saison est ratée, avec des statistiques médiocres (5.1 points et 2.6 rebonds par match, à 37% au tir) et une adresse introuvable. Ce chantier du tir est le plus gros problème dans l’arsenal du français. Ses pourcentages sont catastrophiques, avec également un 22% de réussite à 3 points, et il n’a pour l’instant toujours pas trouvé la clé mentalement pour débloquer la situation. Des progrès seront attendus, et vite, et ce secteur sera un élément déterminant de son avenir dans la grande ligue.

 

En revanche, si on considère ce verre à moitié plein, il y a des motifs de satisfaction. D’abord car, contrairement à l’an passé, Sékou Doumbouya est entré régulièrement dans la rotation des Pistons. Là où il n’avait joué que la moitié des matchs en tant que rookie, il est désormais pleinement investi dans la rotation (56 matchs joués) et ce, même si son temps de jeu moyen a légèrement chuté à 15 minutes par match. Si son apport offensif pose toujours question, Doumbouya a également effectué de beaux progrès en défense, où il s’est montré de plus en plus solide et sérieux, se servant de mieux en mieux de son physique très athlétique. Enfin, il semble aussi avoir réchauffé ses rapports avec son coach. Ce dernier a récemment déclaré en conférence de presse qu’il était très satisfait de l’attitude du français en dehors du terrain, qui se serait montré très impliqué dans l’intégration de son compatriote, Killian Hayes !

 

  • LA PERFORMANCE DE LA SAISON : DOUMBOUYA SORT DE SA RUCHE

 

Si Sékou Doumbouya a gagné une place fixe dans la rotation des Pistons cette saison, c’est aussi car il a profité d’une équipe toujours plus médiocre qui ne cherchait pas vraiment à gagner, avec un mode tanking activé ! Conséquence, Casey a fait la part belle à sa jeunesse prometteuse, et le français a saisi l’opportunité pour monter en puissance au fil de la saison. D’abord très timide, il a chassé ces doutes lors des dernières semaines, passant le cap des 10 points lors de 4 des 5 derniers matchs. C’est d’ailleurs sur ce mois de mai qu’on peut retrouver sa meilleure performance de la saison.

 

Lors de la réception des Hornets, le 5 Mai dernier, Doumbouya a profité du bicentenaire de la mort de Napoléon pour tuer encore un peu plus l’idéologie nauséabonde de l’homme qui avait rétabli l’esclavage en France. Ce soir-là, il termine la soirée avec 20 points (9/15), 8 rebonds et 2 passes décisives. S’il n’a pas autant crevé l’écran que son coéquipier et concurrent sur les ailes, Hamidou Diallo (35 points), il doit tout de même s’inspirer de ce genre de performances pour la suite de sa carrière, avec une efficacité au tir vitale. Sur ce match, son agressivité offensive et sa capacité à se lancer vers le cercle, sur pick and roll ou balle en main, laisse rêveur. Ces flashs montrent aussi tout son potentiel, immense pour un joueur de son gabarit physique.

 

 

  • QUEL FUTUR POUR LE FRANÇAIS : EXPLOSION IMMINENTE ?

 

En toute objectivité, les perspectives de Sékou Doumbouya à la fin de cette saison sophomore sont bien plus prometteuses qu’après l’exercice précédent. Toujours empêtré dans une irrégularité tenace, le français semble monter en puissance au fil des matchs joués. Comme tout prospect de 20 ans, il a besoin de temps de jeu pour s’intégrer au rythme exigeant de la NBA, et on sent bien qu’il prend confiance à vitesse grand V ! Encore une fois, tout n’est pas parfait. Le chantier du tir reste problématique, et il n’est sans doute pas prêt de devenir un shooteur fiable. Cependant, il peut s’améliorer dans son approche mentale du jeu offensif, en se concentrant notamment sur ses capacités physiques qui font de lui un freak puissant et mobile très difficile à défendre dans la raquette. S’il bénéficie d’une saison complète en compagnie de Killian Hayes, on a aussi toutes les raisons du monde de penser que leur entente peut être bénéfique pour leurs cas individuels, comme pour le collectif des Pistons.

 

  • JEUX OLYMPIQUES : CE NE SERA PAS POUR TOUT DE SUITE

 

Vraisemblablement, Sékou Doumbouya n’entre pas encore dans les plans de Vincent Collet pour ces Jeux Olympiques 2021. Bien que promis à un avenir brillant, et donc logiquement à porter le maillot bleu sur le moyen, voir le long terme, une sélection dès cet été en équipe de France semble aujourd’hui prématurée. Certes, il a réalisé quelques performances intéressantes avec Détroit, mais il n’a encore jamais été sélectionné chez les A. Or, on sait que le sélectionneur des bleus ne devrait pas prendre le risque d’intégrer dans son groupe un joueur inexpérimenté à l’heure d’une échéance internationale aussi importante. De plus, la situation sur les ailes en Equipe de France est on ne peut plus bouchée. Du côté des joueurs NBA français, c’est plutôt Timothé Luwawu-Cabarrot qui pourrait tenir la corde en vue des JO de Tokyo. En revanche, Sekou Doumbouya pourrait éventuellement être sélectionné en tant que partenaire d’entraînement durant les stages de préparation au début de l’été. Surtout quand on sait que Luwawu-Cabarrot, ou encore Nicolas Batum devraient être retenus jusqu’en Juillet par leurs franchises NBA, qui viseront le titre NBA en playoffs. Ce n’est pas le cas de Doumbouya, déjà en vacances dès ce Dimanche. On estime que Sékou Doumbouya a 20% de chances de participer aux Jeux Olympiques de Tokyo.