Lors de la dernière décennie sur le point de s’écouler, un schéma classique s’était installé pour la majorité des meilleurs joueurs de basket au monde. Le haut du panier se retrouvait en NBA, pendant que la NCAA formait les jeunes américains qui faisaient tout pour intégrer à leur tour la grande ligue. La Draft a toujours fait office de porte d’entrée pour les 50 meilleurs universitaires en moyenne (les 10 autres tickets étant offerts aux Européens). Or 50, ce n’est pas un nombre immense tant les joueurs talentueux débordent dans ce pays. Ainsi, la coutume voulait que ces joueurs snobés par la NBA aillent chercher leur bonheur ailleurs. C’est ainsi que le nombre d’Américains jouant en Europe a explosé comme on peut le vérifier en EuroLeague ou encore en Jeep Elite. L’Europe figurait jusque-là comme la seule issue de secours avec un niveau compétitif. Est-ce sur le point de changer ?
En tout cas, un pays entend bien se faire une place sur le globe du basket avec l’émergence de l’Australie. Ces derniers mois, on a de plus en plus entendu parler de ce gigantesque pays pour une autre raison que les kangourous, le surf ou le rugby. Cette fois, c’est dans le basket que ce pays entend bien faire son trou. Cette révolution a été enclenchée par un homme il y a maintenant 3 ans : Ben Simmons. En 2016, le rookie était certes sorti de LSU, mais il est surtout né en Australie. Forcément, lorsqu’il a été sélectionné en première position de sa Draft par les Philadelphia Sixers, l’onde de choc s’est propagée jusque dans son pays natal. Il est devenu le premier Australien drafté en première position dans l’histoire de la NBA.
Pourtant, ce serait une erreur de croire que Ben Simmons a été le premier basketteur Australien à sortir du lot. Tout le monde ne le sait pas, mais certains des vétérans les plus respectés en NBA sont eux aussi originaires de cet immense pays d’Océanie. Avant la saison 2018/2019, l’Australie a ainsi réussi à placer 9 de ses représentants en NBA soit un record historique pour ce pays. Ce chiffre les plaçait en troisième position des pays avec le plus de représentants dans la grande ligue derrière les USA (surprise), le Canada et à égalité avec la France. Depuis, l’hexagone est repassé devant avec les arrivées de Sekou Doumbouya (Detroit Pistons), Jaylen Hoard (Portland Trail Blazers), Adam Mokoka (Chicago Bulls), Vincent Poirier (Boston Celtics) et William Howard (Utah Jazz) mais l’essentiel est ailleurs, l’Australie s’installe sur la planète basket.
En tout cas ce genre de chiffres devraient leur permettre de bien figurer lors de la prochaine coupe du monde qui approche à grand pas, dont le début des festivités est programmé au 31 Août prochain. Aron Baynes (Phoenix Suns), Jonah Bolden (Philadelphia Sixers), Ryan Broekhoff (Dallas Mavericks), Matthew Dellavedova (Cleveland Cavaliers), Dante Exum (Utah Jazz), Joe Ingles (Utah Jazz), Thon Maker (Detroit Pistons), Andrew Bogut (Golden State Warriors) et Patty Mills (San Antonio Spurs) seront tous au rendez-vous pour tenter d’aller décrocher une médaille. Ce serait un exploit puisque le pays n’a jamais remporté une seule médaille internationale dans son histoire. La concurrence sera rude (France, Espagne, Serbie, Canada pour ne citer qu’eux), mais le jeu en vaut la chandelle.
Cependant, vous avez probablement remarqué qu’un grand nom manque à l’appel dans la liste ci-dessus. En effet, Ben Simmons a annoncé il y a quelques jours qu’il ne participerait pas à la compétition pour se concentrer sur son futur et la préparation de la saison 2019/2020 à Philadelphie. Un comportement qui questionne l’attachement de Simmons à son pays, tout comme la moralité de son agent Rich Paul. L’homme sulfureux à la tête de Klutch Sports a convaincu tous ses clients de zapper ce tournoi, de quoi en rajouter sur son comportement plus que douteux en coulisses. La même attitude immorale qui a poussé Marcus Morris et Nerlens Noel à se séparer de lui il y a deux semaines.
Mais pour en revenir à notre sujet principal, l’Australie ne compte pas s’arrêter en si bon chemin dans son expansion. Cela va passer par une nouvelle étape, l’amélioration de son championnat. Bien que les talents australiens s’épanouissent à l’international, son championnat n’a jamais été côté, passant parfois même derrière des ligues comme la CBA (Chinese Basketball Association) souvent considérée comme une blague d’un point de vue compétitif (mais très lucrative). Avec moins d’argent qu’en Chine, l’Australie va donc chercher à se développer sur le modèle de l’Euroleague dans une compétition fermée.
La NBL (nom du championnat) est actuellement composée de 9 équipes basées à Adélaïde, Brisbane, Cairns, Wollongong, Melbourne (2 équipes), Auckland, Perth et Sydney. Comme en Europe, elle s’ouvre aux autres pays avec l’équipe des New Zealand Breakers à Perth. Chaque année, on peut aussi apercevoir certaines équipes de ce championnat opposées à des équipes NBA lors de la pré-saison en Octobre. Des duels souvent déséquilibrés mais révélateurs des ambitions australiennes. Dans les années 2000, une équipe était également basée à Singapour, preuve que le championnat veut s’imposer en référence dans la zone Asie-Océanie (deux zones souvent regroupées dans les compétitions sportives continentales).
Dans l’objectif de devenir l’un des championnats les plus réputés au monde, la NBL a signé de nouveaux joueurs lors des derniers mois qui devraient augmenter la visibilité de ce championnat et l’installer sur la carte. Nous découvrirons leur identité demain et lundi, dans la suite de notre gros dossier sur l'évolution du basket en Australie !