Anderson Varejao ne s'attendait sans doute pas à vivre une saison pareille. Pilier du vestiaire des Cavs, adulé par les supporters, il semblait faire partie des meubles à Cleveland pour sa douzième saison. Il y avait tout connu, de la joie d'atteindre les Finals à la détresse de l'après-LeBron. De toute façon, étant donné son contrat de 20 millions sur 2 ans et ses performances sportives insuffisantes, un départ semblait difficilement envisageable. Régulièrement blessé, ne jouant plus que 10 minutes par match, on s'attendait à le voir finir sa carrière tranquillement dans l'Ohio.
Et pourtant, la NBA n'est qu'un business: Le soir du 19 février dernier, les Cavs trouvent un moyen d'améliorer leur effectif et envoient Varejao à Portland lors d'un échange à 3 équipes avec le Magic, afin de récupérer Channing Frye. Un échange payant pour la franchise puisque l'ailier-fort s'avère être d'une efficacité redoutable derrière l'arc. Cependant, pour Tahiti Bob, c'est un véritable crève-coeur. Lui qui rêvait de remporter un titre avec sa franchise de toujours se retrouve coupé, et libre de signer où il le désire. Après une émouvante lettre d'adieu, il décide d'aller de l'avant. Même si les jambes faiblissent, la passion et l'expérience restent intacts et le pivot brésilien signe avec les Warriors pour rejoindre son coéquipier Leandro Barbosa.
Tant bien que mal, Golden State se qualifie pour la dernière série de playoffs de l'année et rejoint les Cavs, pour qui ce ne fut qu'une balade de santé. Tous les regards se tournent donc vers l'ancien coéquipier de LeBron James. Le pivot de 33 ans ne joue plus que 8 minutes par match, et n'est utilisé par Steve Kerr qu'en cas de dernier recours. Pourtant, il est bien l'une des clés de cette confrontation. Ironiquement, qu'il gagne ou qu'il perde, Anderson Varejao recevra sa bague de champion. Mais pour être du côté des gagnants, il devra prolonger l'agonie de sa ville adoptive, Cleveland, qui n'a jamais gagné de titre sportif majeur. Ce sera, en fait, la première fois qu'il les rencontre.
Ce seront des moments très émouvants, parce que vous savez tous à quel point Cleveland est importante pour moi, ce que Cleveland a fait pour moi. J'aime la franchise, les fans, la ville. J'aime tout le monde. Mais pour l'instant, je suis un Warrior et je vais tout faire pour les aider à gagner le titre.
Même si l'arrivée de Channing Frye a tout changé au niveau du spacing pour les coéquipiers de Kyrie Irving, le pivot à la chevelure luxuriante reste un espion redoutable au service des Warriors. On sait tous ce que peut apporter la connaissance du playbook d'une équipe, et les Warriors n'en sont pas à leur coup d'essai. En 2007, lors de la fameuse série du 1er tour contre Dallas, Don Nelson pouvait ainsi se permettre de crier le nom de n'importe quel système pris par Dallas, et les joueurs se mettaient en configuration tactique idéale pour la contrer. Résultat, une défaite 4-2 pour la meilleure équipe de la Conférence Ouest. Et puis, au moment d'affronter LeBron James, il est toujours utile d'avoir à ses côtés un homme qui l'a côtoyé pendant huit longues années...
Une crainte légitime pour le coach des Cavaliers, Tyronn Lue :
C'était dur de perdre Andy. Il est une pièce importante de ce qu'on a pu faire ces dernières années, et nous avons beaucoup de respect pour lui. Ce sera sûrement différent pour nos gars d'avoir à l'affronter. Bien sûr, il sait des choses sur ce qu'on aime faire, qu'il peut nous enlever. Il est très intelligent, et il sait ce qui peut nous atteindre et nous faire mal. Mais nous sommes une équipe différente de ce qu'elle était, donc on ne peut qu'espérer qu'il n'en sait pas trop.
En tout cas, cela ajoute du piment à une série qui s'annonce déjà fantastique. Des éléments de réponse demain soir, pour le premier match des Finals.