WNBA draft 2020 : Tout d'une draft à part

Nous sommes maintenant à deux semaines de la draft WNBA 2020. Dans une période où le monde du sport est à l’arrêt, cette draft est bien la seule chose qu’il nous reste pour parler de balle orange. Alors faisons le point.

 

Dire que l’on aurait aimé un tout autre contexte pour cette draft est un euphémisme. A l’heure où nous écrivons ces lignes, l’épidémie de coronavirus a officiellement dépassé le million de cas testés positifs au virus. Le quart de ces cas provient des Etats-Unis, qui a compté plus de 1500 décès hier. Dans un pays où les mesures de confinement ont semble-t-il été appliquées tardivement et de manière moins stricte qu’en Europe, où l’assurance maladie n’est pas pour tous, nous espérons nous tromper mais il semble inévitable que les Etats-Unis vont vivre l’un des moments les plus sombres de leur jeune histoire. Tous les sports sont mis en standby et, pour être honnête, de moins en moins de personne n’a la tête à ça dans le monde.

 

C’est donc dans cette atmosphère spéciale que va se dérouler le draft WNBA 2020. Mesures de confinement oblige, la WNBA n’avait pas le choix que de s’adapter pour sa cérémonie. Avec une saison commençant officiellement en mai, même s’il est difficile de s’imaginer voir une reprise si tôt, la WNBA ne pouvait pas se permettre de la reporter ni de la faire devant un public. De ce fait, tout se fera en visio et sera diffusé en direct sur ESPN. Pas de poignée de main, pas de maillot donné aux joueuses, et un contexte pareil ne va certainement pas aider les dirigeants à monter des trades. Maintenant que ce triste cadre est planté, il est temps de parler de ce qui nous anime : le basket. Et là, il y a de belles choses à voir et nous allons vous faire une présentation.

 

 

En véritable galère depuis quelques saisons, le New York Liberty n’avait pas plus de quoi ravir les fans de la Big Apple que les Knicks. Mais on sentait déjà la saison dernière que le vent allait peut-être tourner, et un coup de pouce du destin va confirmer ça. New York avait le plus grand nombre de chances d’obtenir le premier choix de draft, ils l’ont eu. Mais surtout, ils l’ont eu l’année où il le fallait.

 

Sabrina Ionescu a 22 ans, et elle est de la trempe des Sue Bird et Diana Taurasi au niveau universitaire. Pas en terme de titre collectif, certes, puisque sa dernière tentative d’en obtenir un avec l’université d’Oregon s’est malheureusement terminée sur une march madness annulée qui aura un éternel goût de what if ? dans la bouche des fans de cette fac. Mais en terme statistique, de beauté dans le jeu, de popularité on rivalise sévèrement avec les meilleures.

 

L’impact d’Ionescu va très loin alors que sa carrière professionnelle n’a même pas encore commencé. Nike ne commercialise pas de maillot d’Oregon ? En un tweet, Ionescu poussera Nike à commercialiser son maillot et les stocks seront dévalisés ensuite en quelques heures. Qui viendra représenter le basket féminin à l’enterrement de Kobe Bryant ? Ni plus ni moins que Diana Taurasi et Sabrina Ionescu. Qui a dépassé le record de passes décisives de Gary Payton à Oregon ? Vous connaissez la réponse.

 

Nous avons ici une perle rare, et il semble inconcevable que le Liberty fasse l’impasse sur un joyau pareil. Ionescu est une joueuse qui sort de l’ordinaire. Le basket féminin, contrairement au masculin, ne connait pas une transition dans son style de jeu vers les lignes extérieures. Le jeu est encore très équilibré, old school diraient certains, avec des intérieures dominantes dans la raquette, et des joueuses autour de qualité mais qui ont souvent leur spécialité. Ionescu n’est pas comme ça. Elle est all around, enfilant les triple-double comme on enfile des perles. Elle en a déjà réalisé 26, et elle est devenue la première joueuse de la NCAA à cumuler 2000 points, 1000 rebonds et 1000 passes décisives. Quand on vous dit que cette joueuse est spéciale, on ne vous ment pas.

 

 

 

Contrainte de reprendre à 0 avec le départ en 2 ans de Liz Cambage et de Skylar Diggins-Smith, la franchise de Dallas a profité d’une free agency complètement folle pour accumuler les tours de draft. Avec pas moins de quatre choix au premier tour (picks 2, 5, 7 et 9), les Wings auront de quoi se faire plaisir. D’après certaines mock draft, les Wings sont d’ailleurs pressentis pour récupérer les deux coéquipières d’Ionescu à Oregon, Satou Sabally et Ruthy Hebard.

 

Sabally est le profil idéal pour intégrer une équipe en reconstruction. Elle a décidé de ne pas terminer son cursus universitaire pour intégrer la draft un an plus tôt, chose qui se fait encore peu en WNBA. On peut donc prévoir un retard à l’allumage pour elle au plus haut niveau mais l’ailière des Ducks a laissé entrevoir une partie de son potentiel offensif cette saison à Oregon. Elle sera en confrontation pour la deuxième place de cette draft avec Lauren Cox. De la même taille que Sabally, Cox joue quant à elle à l’intérieur. Elle domine les débats dans la peinture, est meilleure défensivement et semble plus compatible avec l’avaleuse de ballons Arike Ogunbowale, mais elle s’est déjà blessée et pour une joueuse de son physique cela peut faire peur à certains GM.

 

 

 

Dallas a dévalisé les picks du premier tour, mais tout ceci n’en reste pas moins intéressant pour les autres équipes en vue de la saison à venir (si elle se tient). Minnesota avec le 6ème pick, et Chicago avec le 8ème, sont les deux premières équipes de haut de classement qui pourront choisir lors de cette draft. D’apparence un cran en dessous du quintette d’équipes favorites (Las Vegas, Los Angeles, Washington, Seattle, Phoenix), ces deux équipes ont l’opportunité d’ajouter une pièce de qualité dans leur effectif pour combler ce retard et pouvoir rivaliser à la course au titre. Dans ce rang entre le 6ème et le 12ème pick, on voit revenir les noms suivants: Crystal Dangerfield, Beatrice Mompremier, Tyasha Harris, Te'a Cooper, Kia Gillepsie, Mikayla Pivec, Bella Alarie...