San Antonio Spurs 2023-2024 : le début d'une nouvelle ère glorieuse ?
Vainqueurs de la lottery au cours de laquelle la sélection d'un talent générationnel était en jeu, les Spurs ont récupéré la pièce maîtresse de leur reconstruction afin de retrouver le sommet.
- la saison 2022-23
Bilan : 22 victoires - 60 défaites
Après deux décennies de domination grâce à un trio légendaire sous les ordres de Gregg Popovich, San Antonio a connu quelques années de transition. LaMarcus Aldridge, DeMar DeRozan puis Dejounte Murray furent les leaders de Spurs qui tentent de rester compétitifs malgré une concurrence toujours plus forte. Sans succès, la franchise ne connaissant plus les Playoffs depuis quatre saisons. Par ailleurs, c'est la première fois que cela arrive, les texans n'ayant jamais manqué deux campagnes consécutives de postseason auparavant. Après le départ de Murray, les Spurs ont réalisé quelque chose que de nombreux fans de la franchise n'avaient jamais connu avec leur équipe : un bon gros tanking. Depuis la saison 1996-97, qui a permis de sélectionner Tim Duncan, jamais San Antonio n'a été aussi mauvais comptablement : 60 défaites (seulement la troisième saison conclut par minimum 60 défaites dans l'histoire de la franchise). Dernier de la conférence Ouest, les texans possèdaient le 29e offensive rating et la pire défense de la ligue. La faute à des blessures, qui ont coupé les jeunes dans leur élan, notamment Devin Vassell (38 matchs), Jeremy Sochan (56 matchs) et Keldon Johnson (63 matchs). Quelques promesses, des progrès, mais leurs absences, combinées à leurs défauts et erreurs de jeunesse, ont contribué à ce bilan. Sous l'impulsion de Gregg Popovich, les Spurs ont joué vite, avec le pace la plus rapide de la ligue. L'adresse n'était pas au rendez-vous, beaucoup d'approximations (dans les cinq équipes qui ont perdu le plus de ballon par match) et vous obtenez ces résultats. Malgré quelques moments Spurs Basket-Ball avec un ballon qui essaye de circuler (parmi les équipes avec le plus de passes décisives) et des joueurs volontaires. Avec 22 victoires et cet apprentissage, le job est fait. La plus belle des victoires fut le soir de la lottery, lorsque les Spurs sont repartis avec le First Pick, et donc le droit de sélectionner Victor Wembanyama. Un nouveau talent générationnel, jouant à l'intérieur, et français qui plus est, rejoint la franchise texane. Tout un symbole...
- mouvements de l'intersaison
Draft : Victor Wembanyama, Sidy Cissoko
Arrivées : Cedi Osman, Reggie Bullock, Dominic Barlow, Sir Jabari-Rice
Départs : Keita Bates-Diop
Une fois l'obtention du premier choix de Draft, le monde entier comprenait que le move le plus important des Spurs se ferait le soir de la Draft. Aucun doute possible : Victor Wembanyama deviendra un joueur de San Antonio. Donc aucune surprise le soir venu, l'intérieur devenant le premier français choisi en numéro un. Le même jour, des rumeurs circulaient sur la volonté des texans de monter dans la hiérarchie dans l'optique de sélectionner Bilal Coulibaly. S'il s'avère que cela ne s'est pas réalisé, Wemby a tout de même vu un compatriote le rejoindre, puisqu'au second tour, les Spurs ont drafté Sidy Cissoko, avant de lui garantir son contrat au cours de l'été ! La suite de l'intersaison fut calme : une petite insertion dans le deal de Grant Williams, dans lequel Reggie Bullock quitte Dallas pour San Antonio avec un pick de Draft. Puis une deuxième dans un échange en triangle pour que Max Strus rejoingne les Cavs depuis Miami. Cedi Osman et un second tour de Draft sont arrivés dans le Texas. Lamar Stevens, également inclus dans l'échange fut coupé. Tout comme Cameron Payne, acquis lors d'un transfert avec les Suns. Tre Jones, Sandro Mamukelashvili et Dominic Barlow furent prolongés par la franchise. Par ailleurs, Gregg Popovich a reconduit son bail pour cinq saisons avec les Spurs, en tant que coach/président des opérations basket. Avec le seul Keita Bates-Diop qui s'en va, pas grand chose à signaler au rayon des départs. Le 3 and D tentera de s'imposer dans la rotation des Suns
- l'effectif
Point Guard : Tre Jones, Devonte Graham
Shooting Guard : Devin Vassell, Malaki Branham, Blake Wesley, Sidy Cissoko
Small Forward : Keldon Johnson, Doug McDermott, Reggie Bullock, Cedi Osman, Julian Champagnie
Power Forward : Victor Wembanyama, Jeremy Sochan, Dominic Barlow (Two-Way)
Center : Zach Collins, Charles Bassey, Sandro Mamukelashvili, Khem Birch
Avec 17 joueurs sous contrat, les Spurs devront faire un choix et se séparer de deux éléments. Il est fort probable que Khem Birch en fasse les frais étant donné que le secteur intérieur est bien rempli. Charles Bassey et Mamu (on va finir par écorcher son nom au pauvre) auront des minutes en tant que pivot en fonction de l'adversité qui se présentera. Sur les postes 3 et 4, Wembanyama, Sochan et Johnson auront des grosses minutes, avec les expérimentés McDermott, Osman et Bullock pour les suppléer sur ces deux positions. D'ici la reprise, ce ne serait pas surprenant que quelqu'un quitte le groupe parmi ces vétérans. Dominic Barlow, resigné comme Two-Way player, tentera de gratter quelques minutes. Avec les seuls Tre Jones et Devonte Graham comme meneurs, Malaki Branham et Blake Wesley devraient occuper ce poste lorsque les deux seront sur le banc, quand bien même ils sont plus des arrières à la base. Cependant, Devin Vassell risque d'occuper pas mal de temps ce spot. Et souvent avoir le ballon dans les mains, alors que son usage rate a bien augmenté la saison dernière. Enfin, Sidy Cissoko pourrait profiter de l'occasion pour grapiller du temps de jeu sur les ailes, lorsqu'il ne sera pas en G-League.
- le cinq majeur
PG : Tre Jones
SG : Devin Vassell
SF : Jeremy Sochan
PF : Victor Wembanyama
C : Zach Collins
Deux grosses questions étaient de mise chez les observateurs et les fans des Spurs cet été : quelle position dans le cinq majeur pour Wembanyama et quelle organisation autour de lui ? Licorne de 2m24 mais assez fin, allait-il se farcir les gros pivots de la ligue dès son arrivée ? Selon The Athletic, le staff de San Antonio a tranché et Wemby débutera poste 4, avec Zach Collins pour l'accompagner. Sur le backcourt, peu de doutes : Tre Jones, dont le profil de meneur gestionnaire est intéressant, et Devin Vassell, incontournable lorsqu'il est en possession de ses moyens, seront titulaires. Reste le poste 3 à combler avec deux options : Jeremy Sochan et Keldon Johnson. Au vu des éléments alignés sur le parquet, nous partons sur une titularisation du pick 9 de la cuvée 2022. Excellent défenseur, polyvalent et dont la doublette avec le français, voire même la triplette défensive avec Vassell, fait fantasmer. Il semble être la meilleure option, d'autant que malgré ses progrès en attaque, il n'a pas besoin du ballon et peut être le meilleur complément à ce cinq. Wemby et Vassell seront les principaux joueurs offensifs des Spurs, l'arrière étant excellent pour écarter le terrain en plus de cela. Tre Jones avec sa propreté et qualité de passe pourra nourrir ses coéquipiers, tandis que Collins est un bon pivot passeur, et capable de sanctionner de loin par moments.
- le banc
Une des pièces fondamentales dans la reconstruction des Spurs, Keldon Johnson, sera le Sixth Man de cette équipe. Rôle autrefois occupé par Manu Ginobili. Encore jeune, il sera un superbe energizer en sortie de banc, agressif pour aller chercher des points dans la raquette. En espérant que la réussite lointaine sera de retour pour être encore plus dangereux. Arrivé lors de la dernière trade deadline, Graham semble de nouveau destiné à être le relai de Tre Jones sur le backcourt, tout comme Malaki Branham, dont les progrès et la fin de saison furent des plus intéressants. Pour encadrer ces jeunes, McDermott, Osman et/ou Bullock auront des minutes, pouvant jouer des postes 2 à 4 en fonction des besoins et de l'adversaire. Dans la raquette, Bassey et Mamu ont des profils différents mais pourront tous les deux être dans la rotation sur le poste 5 principalement. Et se retrouver alignés avec Zach Collins, décalé sur le poste 4. Cependant, cela sera sur des périodes courtes, Sochan et Johnson ayant la majorité des minutes à cette position lorsque Wemby n'occupera pas le poste.
- le joueur à suivre : devin vassell
Bien évidemment, tous les regards seront sur Victor Wembanyama à partir du moment où il posera un orteil sur le parquet. Mais le choix est tellement évident qu'on va se concentrer sur quelqu'un d'autre. En l'occurrence, Devin Vassell. Drafté avec le 11e choix de la cuvée 2020, l'ailier va démarrer sa quatrième campagne en NBA. Malheureusement pour les Spurs et lui-même, le joueur fut longuement blessé l'année dernière et joua seulement 38 matchs, le coupant dans sa progression. Le numéro 24 de San Antonio tourna à 18 points, 4 rebonds et presque 4 passes de moyenne. Des statistiques qui augmentent, et un bout de playmaking qui se développe petit à petit. Sans oublier qu'il est un défenseur solide, lui qui fut drafté avec la casquette de 3 and D. Eligible à une extension, à l'image de certains compères de la cuvée 2020 qui ont reçu un beau contrat, les deux parties n'ont rien signé au moment où cette preview est rédigée. Et si Vassell réalise "seulement" la même saison statistique que la précendente, avec de nouveaux progrès à la création, mais en 70 matchs, il sera prolongé sans aucun souci. Hypothétiquement, l'ailier pourrait devenir le complément idéal à Wemby. Le français mis à part, il est certainement le joueur avec le plus haut potentiel de l'effectif. Désolé Keldon Johnson, et en attente de voir ce que va devenir Jeremy Sochan. Selon nous, l'ancien de Florida State est déjà plus que le simple 3 and D annoncé au moment de sa Draft : primordial des deux côtés du terrain, efficace aux shoots, notamment de loin et à mi-distance. La saison à venir sera déterminante. Cependant, totale confiance en lui pour faire mieux et continuer sa progression, prouvant ainsi qu'il est un élément central dans la reconstruction et le futur des Spurs.
- les plus
Un Young Core qui prend forme : Attendu pour jouer les derniers rôles lors de la saison 2022-23, San Antonio a répondu aux attentes. Sur le papier, l'équipe se présentait avec peut-être l'effectif le plus faible et des jeunes très bruts. D'autant que de l'avis de la majorité, les Spurs ne possédaient pas de superstar ou potentiel franchise player. Cette affirmation est obsolète depuis l'acquisition du first pick et de Victor Wembanyama. Les texans sont repartis avec le gros lot l'année où un talent générationnel, unique, est disponible. Ce qui est pas mal lors d'une reconstruction. L'équipe est désormais en possession d'un joueur prêt à assumer ce rôle et devenir le leader de la bande, avec des lieutenants qui se développeront dans son sillage. D'autres vont se battre pour s'inscrire dans le futur de la franchise. Tre Jones montre des choses intéressantes en tant que meneur gestionnaire tandis que Malaki Branham a réalisé une fin de saison rookie convaincante. Malheureusement pour lui, Blake Wesley ne fut pas épargné par les blessures, ne lui permettant pas de montrer l'entièreté de son talent. Quant à Sidy Cissoko, il devrait avoir l'occasion de montrer son talent en NBA et ce sera à lui de saisir cette chance. Charles Bassey, Mamu et Dominic Barlow tenteront de confirmer certaines choses entrevues lors du précédent exercice.
Un coach All-Time : Le plus important lorsqu'une équipe possède des jeunes joueurs à développer, c'est de bien les encadrer. Et les Spurs sont très bien lotis à ce niveau. Qu'est qu'il y a de mieux qu'un coach mentionné dans la discussion du meilleur de l'histoire ? Certes, Popovich est plus proche de la retraite que du début, mais il est toujours aussi passionné, avec cette volonté de transmettre. Et il a prolongé pour cinq saisons cet été ! San Antonio n'aura pas des ambitions très élevées pour la saison à venir. L'objectif sera de créer un collectif et continuer le développement. Tout au long de sa carrière, Pop a prouvé qu'il excellait pour cela. Et sans la pression du résultat sur ses épaules, le coach portera une casquette qui lui va à merveille : celle d'un formateur, présent tous les jours pour distiller ses précieux conseils et transmettre son savoir à des jeunes qui ont faim et la volonté de progresser. Un cadre idéal pour ce roster, qui aura envie de gagner évidemment, mais en manque de talent pour avoir des objectifs de Playoffs.
Du temps pour construire : Dans la lignée du point précédent, San Antonio n'est pas pressé et peut avoir le luxe de prendre du temps pour développer ses talents, faire des tests afin de voir qui pourra avoir sa place dans le projet à long-terme. On pense aux postes 2/3 où pas mal de joueurs du même âge ou pas loin sont en concurrence. Après plusieurs saisons dans le ventre mou de la ligue, le Spurs ont appuyé sur le bouton rouge pour repartir de tout en bas. Bien leur en a pris puisque l'année où un prospect, parmi les plus attendus de l'histoire, est disponible, il rejoint le Texas. On verra ce que réserve la prochaine cuvée, mais San Antonio sera attendu dans la course pour décrocher un nouveau first pick. Par ailleurs, le choix des Raptors sera envoyé aux texans si celui-ci est au-delà de la sixième place. En fonction des progrès et du (des) choix que les Spurs auront à la future Draft, la franchise mettra un coup d'accélérateur, ou non, à son projet.
- les moins
Le manque de talent : Malgré les blessures la saison dernière puis l'arrivée de Wembanyama, les Spurs ne sont qu'au début du processus de reconstruction. Et s'ils ont du temps, cela signifie qu'il y a un manque de talent au global. Quel plafond pour les éléments présents dans le roster ? Devin Vassell, dont on a parlé plus tôt, est très intéressant et peut devenir un All Star au sein d'une équipe compétitive. Jeremy Sochan est intriguant : son potentiel défensif est évident et la triplette avec Wemby et l'arrière excitante. Cependant, le niveau qu'il atteindra de l'autre côté du terrain reste à déterminer. Sera-t-il un joueur majeur, par qui l'attaque passe, ou un role player dont on attendra quelques points ? Enfin, quelle suite pour Keldon Johnson ? Intéressant dans une équipe faible, où il a fait ses stats, malgré une adresse lointaine fluctuante, il pourrait suivre le chemin de Manu Ginobili et s'installer dans un rôle de Sixth Man, apportant son énergie et des points en sortie de banc. Ces trois éléments sont les plus importants derrière Wemby et pourtant des interrogations subsistent quant au potentiel réel ainsi que leur importance future.
Qui pour prendre la mène ? : A la lecture de l'effectif, le poste de meneur de jeu semble être le point faible de San Antonio avec les seuls Tre Jones et Devonte Graham. Et aucun des deux ne possède le calibre d'un titulaire en NBA. Le premier possède le même profil que son frère Tyus : meneur gestionnaire, excellent pour tenir le ballon et mettre en place les systèmes, avec peu de pertes de balle. Le second est un élément à sortir du banc pour scorer, avec une réussite aléatoire. Au cours de la saison, on a assisté à des choses intéressantes avec plusieurs joueurs qui ont monté la balle et installé les systèmes. Parmi eux, Devin Vassell, Johnson, Sochan en fin de saison, ou Malaki Branham, régulièrement utilisé comme point guard. Face à ce postulat, c'est évident que San Antonio manque de talent à cette position. Les Spurs auront la possibilité de récupérer un poste 1 lors de la prochaine Draft, où plusieurs joueurs sont attendus, selon les premières mock draft précoces. A moins que les texans jettent leur dévolu sur un vétéran disponible sur le marché pour apporter de la sérénité et encadrer les jeunes. Avec des finances propres, ils possèderont l'argument financier pour attirer ce joueur s'il se présente à eux.
Popovich proche de la fin : Toutes les bonnes choses ont une fin et Pop ne fait pas exception à la règle. Bien qu'il ait prolongé pour cinq saisons, le coach possède une double casquette. Ce qui signifie qu'il peut laisser sa place sur le banc à tout moment, tout en continuant à opérer au sein de la franchise. Bientôt âgé de 75 ans, le technicien n'a plus rien à prouver : quintuple champion NBA, triple Coach of the Year, détenteur du record de victoires en saison régulière, il se retrouve désormais formateur dans une équipe de jeunes. Un rôle qu'il remplit à merveille et qu'il affectionne. Contrairement à Tim Duncan, Wembanyama ne sera pas accompagné par le coach sur l'intégralité de sa carrière mais profitera de lui sur quelques saisons afin de réussir son intégration dans la grande ligue. La fin approche, apprécions donc la présence de Gregg Popovich aussi longtemps que nous en avons le privilège.
- bilan prévisionnel
Après une saison à 22 victoires et des joueurs importants absents lors de nombreuses rencontres, les fans des Spurs peuvent être optimistes. Cependant, il ne faut pas s'enflammer. La concurrence sera rude et les dirigeants ne s'attendent pas à monts et merveilles, quand bien même Wembanyama rejoint leurs rangs. Les priorités seront de développer les jeunes, voir qui pourra rester et partir, ainsi que construire un collectif, poser les bases d'un jeu huilé avec des circuits préférentiels pour en améliorer la fluidité tout au long de la saison. La conférence Ouest est une immense jungle et San Antonio sera une équipe cochée par toutes les autres franchises afin d'amasser des victoires. L'état d'esprit sera présent, le talent un peu moins, conduisant les texans à se battre de nouveau pour un haut pick de Draft.