San Antonio Spurs 2021-2022 : La jeunesse prend le pouvoir

Déjà en partie entamée après le trade de Kawhi Leonard, la reconstruction de San Antonio prend un nouveau tournant suite au départ de DeMar Derozan. Désormais, la jeunesse est en première ligne. Alors, on sort le tank ?

 

Pour la deuxième saison consécutive, les Spurs n'ont pas disputé les play-offs. Après 22 ans à goûter aux joies de la post season, les Texans viennent d'enchaîner 2 saisons moyennes. Trop fort pour prétendre à un haut pick de draft, trop faible pour espérer une bonne place au classement. San Antonio squatte le ventre mou. Une 11ème place à l'Ouest en 2019/2020 et donc une 10ème position la saison dernière après une défaite au play-in tournament face a Memphis. Une place logique au regard des chiffres. Avec la 21ème attaque et la 18eme défense de la ligue, les Spurs sont moyens dans tous les secteurs de jeu. 

 

Lorsqu'on regarde le déroulé de cette saison, tout avait bien débuté. Malgré l'absence de Derrick White en janvier, les deux premiers mois sont plutôt bons. Le 2 mars, les Spurs pointent à la 5ème place avec un bilan de 18-13, mais après avoir été privés de basket pendant 10 jours au coeur du mois de février à cause de cas de Covid 19 au sein de l'effectif. Conséquence, le calendrier de la deuxième partie de saison est infernal avec 40 matchs à jouer en 68 jours. Le printemps arrive, et il est l'heure pour LaMarcus Aldridge et les Spurs de se séparer d'un accord commun, 6 ans après l'arrivé de l'ailier fort dans le Texas. Pendant ce temps, San Antonio ne tient pas le rythme du calendrier. Si DeRozan crucifie les Mavs au buzzer, les succès se font rares et les Éperons terminent avec 2 victoires et 10 défaites pour arracher une place en play-in avec un bilan de 33 succès et 39 défaites. Trop juste pour accrocher les playoffs, les Spurs ont été actifs cet été et une nouvelle page s'ouvre pour la franchise aux 5 titres NBA. 

 

 

Arrivées : Joshua Primo, Doug McDermott, Zach Collins, Al-Farouq Aminu, Thaddeus Young, Jock Landale, Bryn Forbes, Joe Wieskamp.  

 

Départs : DeMar DeRozan, Patty Mills, Rudy Gay, Trey Lyles, Quinndary Weatherspoon, Gorgui Dieng. 

 

 

Meneurs : Dejounte Murray, Tre Jones, Joshua Primo

Arrières : Derrick White, Lonnie Walker, Bryn Forbes

Ailiers : Keldon Johnson, Devin Vassel, Joe Wieskamp*, Keita Bates-Diop

Ailiers-Forts : Doug Mcdermott, Thaddeus Young, Luka Samanic, Al-Farouq Aminu 

Pivots : Jakob Poeltl, Zach Collins, Drew Eubanks, Jock Landale

 

*Two Way Contract

 

 

PG : Dejounte Murray, SG : Derrick White, SF :  Keldon Johnson, PF : Doug Mcdermott, C : Jakob Poeltl. 

 

DeMar DeRozan partit à Chicago, une place se libère dans le cinq de départ des Spurs. Durant la saison 2020/2021, les quatre joueurs alignés le plus souvent avec DeRozan étaient Dejounte Murray à la mène, Derrick White au poste 2, Keldon Johnson au poste 4 ou 3 et Jakob Poeltl en pivot. Ensemble, les 5 hommes ont disputé seulement 24 matchs, la faute aux blessures de White. Pour la saison à venir, il ne devrait pas y avoir de grands bouleversements malgré les nombreux départs et arrivées. Murray et White ont donné des garanties sur le backcourt et Keldon Johnson sort d'une saison sophomore très intéressante et d'un été au côté des stars de Team USA, ce qui ne peut faire que du bien. La principale interrogation concerne le poste d'ailier fort avec un choix à faire pour Popovich, entre Thaddeus Young et Doug Mcdermott, deux joueurs aux profils assez différents. L'ancien des Bulls viendrait former un cinq très solide et intéressant défensivement, tandis que l'ex d'Indiana apporterait du shoot et du spacing dans une formation de départ qui en manque cruellement (voir plus bas). Sans DeRozan meilleur marqueur et passeur de l'équipe, un nouveau leader devra émerger et il sera intéressant de voir le style de jeu des Spurs cette saison. 

 

 

En plus de DeRozan, les Spurs ont aussi vu Rudy Gay et Patty Mills quitter le Texas, soit leurs deux principales armes offensives en sortie de banc, qui pesaient 21 points par match en moyenne. Sans ces vétérans, là encore les jeunes vont gagner en responsabilité et devoir augmenter leur production. Lonnie Walker et Devin Vassel viendront apporter du physique et du shoot et bénéficieront du plus gros temps de jeu en sortie de banc au côté de Thaddeus Young, si celui-ci n'est pas titulaire. Auteur d'une bonne Summer League, le sophomore Tre Jones pourrait prendre la place de Patty Mills en temps que second meneur. Toujours sur les lignes extérieures, le rookie Joshua Primo, plus jeune joueur de la ligue avec ses 18 ans, devrait passer la plupart de sa saison en G League comme c'est de coutume avec les rookies des Spurs. Quant au revenant Bryn Forbes, malgré ses grosses difficultés en défense,  il pourrait gratter quelques minutes grâce à sa capacité à dégainer de loin. A l'intérieur, Gregg Popovich aura du choix, même si à part Young , personne ne semble se détacher, notamment en tant que backup de Poeltl au poste de pivot où Eubanks, Landale et Zach Collins vont se disputer la place. Enfin un mot sur Luka Samanić. Drafté en 19e position en 2019, le Croate a peu joué depuis, (36 matchs pour 9 minutes de jeu et 3,8 points de moyenne) et il sera intéressant de voir son utilisation cette année. Si le banc manque un peu de qualité intrinsèque, Popovich aura le choix et c'est déjà ça.  

 

 

Et si c'était enfin l'année de l'explosion pour Lonnie Walker ? Drafté en 2018, l'ancien de l'université de Miami est probablement le joueur dans cet effectif avec le plus de potentiel offensif. Capable d'attaquer le panier grâce à son physique impressionnant, il peut aussi et surtout shooter de loin, efficacement, en catch and shoot ou en sortie de dribble, un profil trop rare pour les Spurs. Avec 38% à trois points depuis son arrivée à San Antonio, Lonnie Walker doit gagner en régularité et en efficacité au shoot et au scoring et cette saison peut le lui permettre. Avec le départ de DeRozan, il y aura du temps de jeu à gagner sur les lignes arrières. Malgré 26 minutes de jeu en moyenne l'an passé (11 points à 42% aux tirs dont 35% à trois points), l'arrière de 22 ans devrait obtenir plus de ballons en attaque, surtout en sortie de banc et ainsi prendre le relais de Patty Mills pour devenir le 6ème homme des Spurs. Agent libre restreint à l'été 2022, c'est donc bien le moment oo jamais pour lui pour se révéler. 

 

 

Des jeunes habitués à jouer ensemble : Le cinq majeur va finalement peu changer et les Murray, White, Walker ou Poeltl ont plusieurs saisons côte à côte, se connaissent et ont vécu la bulle d'Orlando ensemble. Même Keldon Johnson entame sa 3ème année au côté de ses coéquipiers. De nouvelles responsabilités individuelles vont leur être données et toute expérience collective passée est bonne à prendre.

 

Un potentiel défensif : Avec Dejounte Murray et ses 1,5 interceptions de moyenne en fer de lance, la défense des Spurs peut vite devenir très performante, surtout avec l'ajout de Young. Au côté de Murray, Derrick White a prouvé par le passé sa capacité à bien défendre en un contre un. À l'intérieur, Jakob Poeltl est à la 6ème place des meilleurs contrer de la saison passée avec 1.8 contres par matchs. Avec le temps, des joueurs comme Johnson ou Vassel peuvent aussi progresser dans ce domaine.

 

Pas de pression : Les Spurs ne peuvent plus viser une belle place en playoffs, la pression du résultat n'est plus là, de quoi jouer de façon libérée et pourquoi pas surprendre. 

 

 

Un leader de jeu à trouver : Avoir des jeunes prometteurs c'est bien mais avoir un leader, un patron de jeu qui porte l'équipe c'est aussi utile. DeRozan parti, le rôle est à pourvoir et pour la première fois depuis plus de 20 ans, San Antonio se retrouve sans un joueur de calibre All Star capable de faire la différence en fin de match. Les Spurs doivent trouver un nouveau leader de jeu et de vestiaire. Derrick White (27 ans) ou Dejounte Murray (25 ans) pourraient être l'un d'eux. Drafté en 2016, Murray est le joueur présent dans l'effectif depuis le plus longtemps.

 

Le tir à trois points : La saison dernière San Antonio était la formation qui prenait le moins de tirs à trois points dans la ligue, avec seulement 28 tentatives par match, pour 35% de réussite soit le 6ème pire pourcentage de la NBA. Aucun joueur ne dépassait les 38%. L'arrivé de Doug McDermott, spécialiste dans ce domaine (38,8% la saison passée et 40% en carrière) va apporter un danger derrière l'arc qui était quasi inexistant. Dans une NBA toujours plus portée vers le tir de loin, les Spurs doivent progresser dans ce secteur.

 

Le poste de pivot : Si Jakob Poeltl fait le travail au rebond et en protection de cercle, offensivement, l'Autrichien est plus limité et San Antonio manque clairement de talent à ce poste. L'arrivé de Zach Collins capable de s'écarter du panier, peut faire du bien, mais encore faut-il que l'ancien des Blazers sortent de l'infirmerie. Après avoir manqué l'intégralité de la saison dernière, doit encore être absent jusqu'en décembre, après une nouvelle opération à la cheville. En ayant choisi un énième meneur-arrière à la draft en lieu et place d'un intérieur, il faut espérer pour les fans des Spurs un retour fulgurant de Collins ou bien que Jock Landale se révèle. 

 

 

A l'aube de cette nouvelle saison, les Spurs entrent de plein pied dans une nouvelle période de reconstruction suite au départ de plusieurs cadres (DeRozan, Mills, Gay, Aldridge..). Habitué à jouer le titre depuis plus de 20 ans, San Antonio s'était résolu à revoir ses ambitions à la baisse et viser une place en playoffs ces dernières années. Pour cette saison, il paraît difficile de voir les Texans lutter pour autre chose qu'un haut pick de draft. Les arrivées de Mcdermott et Thaddeus Young sont intéressantes mais ce dernier pourrait servir de monnaie d'échange à la trade deadline pour obtenir des tours de draft. L'effectif est assez jeune (seuls deux joueurs au dessus de 30 ans et 25 ans de moyenne d'âge) et ne dispose pour le moment d'aucune star capable de porter l'équipe ou même d'un joueur capable de l'être dans un futur moyen-proche. Il y a du talent à développer et c'est la saison ou jamais pour voir la vraie valeur des Johnson, Vassel, Wallker et autres, dont ont ne sait pas quel peut être le véritable plafond. Dans une conférence ouest toujours plus dense, se frayer une place en playoffs relève du parcours du combattant et les Spurs ne disposent pas (plus), des armes pour se mêler à la bataille. Pourquoi pas espérer disputer le play in, mais cela paraît très compliqué et après 3 ans à naviguer entre deux eaux, décrocher une bonne place à la prochaine draft ne serait pas une mauvaise nouvelle pour la franchise, 27 ans après avoir drafté pour la dernière fois en première position. 

 

 

26 victoires-56 défaites

 

7 victoires de moins que l'an passé, avec 10 rencontres en plus à jouer. La perte de DeRozan n'est pas à négliger tant il portait l'équipe sur ses épaules ces deux dernières saisons. Toutefois, San Antonio n'allait nulle part avec lui et son départ était nécessaire pour entamer un nouveau cycle, sortir de ce ventre mou au classement et enfin donner les clé de l'équipe à des joueurs plus jeunes. De plus, excepté Houston et Oklahoma City, toutes les autres équipes de l'ouest peuvent prétendre légitimement aux playoffs et au play in. Enfin, 26 pour la symbolique, car avec 26 victoires, Gregg Popovich deviendrait le coach le plus victorieux de l'histoire de la NBA en saison régulière et dépasserai Don Nelson pour atteindre 1340 matchs gagnés. De quoi terminer sur une note historique ? Réponse au mois de mai.