Rick Barry Vs Jon Barry Vs Brent Barry

Le talent est bien souvent une histoire héréditaire. En ce mois de septembre, Duel de Génération propose une série spéciale de confrontations familiales. Des premiers shoots sur le panier au fond du jardin aux highlights des parquets NBA, Inside Basket retrace le parcours des grandes lignées de basketteurs.

​On termine le mois de septembre avec un dernier "duel à trois" familial. Rick Barry a marqué la NBA et aujourd'hui, il est confronté à deux de ses fils. Il sera défendu par David contre Sylvain avec Jon Barry et Colin avec Brent Barry

 

 

Rick Barry, ailier de légende, a laissé des bons souvenirs partout où il  a joué. Star des Hurricanes de Miami, il s'inscrit à la draft NBA en 1965 (avec Jerry Sloan entre autres). Les Warriors de San Francisco le sélectionnent avec le deuxième choix et Rick va déjà époustoufler la Ligue dès sa saison rookie. Il forme un énorme duo avec Nate Thurmond et enchaîne 80 matchs pour des moyennes de 25pts et 10rbds. Le voici rookie de l'année, Une légende est née !

 

Rick explose lors de sa deuxième saison où sa moyenne monte à 35,58pts. Seuls deux joueurs ont fait mieux ; Michael Jordan et ses 37pts de moyennes en 1989 et bien entendu Wilt Chamberlain et ses stats d'un autre temps (une saison à 50pts de moyennes entres autres). Il faudra attendre Kobe Bryant en 2006 pour qu'un autre joueur atteigne les 35pts de moyennes sur une saison. Kobe en était à 35,4 cette année là. 
Thurmond et Barry atteignent les finales NBA cette saison. Mais six matchs plus tard, ce sont les Sixers et Chamberlain qui soulèvent le titre. Rick quitte alors la NBA, déçu par les Warriors qui ne lui offrent pas un nouveau contrat à la hauteur de ses espérances. Il rejoint les Oaks d'Oakland en ABA. 

 

Le père Barry passe alors quatre ans an ABA pendant lesquelles il enchaîne les saisons à 30pts de moyenne entre Oakland, New York et Washington. Il obtient un titre ABA en 1969 avec les Oaks mais en 1972, il veut retrouver le haut niveau de la NBA et retourne chez les Warriors, désormais à Golden State. 

Il réalisera presque l'exploit de réussir un quadruple-double en 1974. Contre les Braves, il rend une ligne de stats dingue avec 30 points, 11 passes, 10 rebonds et 9 interceptions. Il est donc à un steal de l'exploit mais le meilleur reste à venir. En 1975, après une saison à 30pts, 6pds et 5rbds, il emmène Golden State en finale contre les Washington Bullets. Victorieux en quatre manches, Barry est élu MVP des finales et empoche enfin le titre NBA. 

 

En 1978, le rendement de Rick Barry a bien baissé. Après huit saisons en tant que Warrior, coupées par son passage en ABA, Barry est transféré à Houston. Sa moyenne chute de 23 à 13,5pts par matchs puis à 12 l'année suivante. Barry raccroche alors les sneakers et devient commentateur TV. 

Désigné parmi les 50 meilleurs joueurs de l'Histoire de la NBA, Rick Barry était l'un des plus impressionnants ailiers à avoir évoluer en NBA et en ABA. Attaquant hors pair, il est 15ème All-Time de la NBA en terme de points marqués par matchs. Avec 24,78pts de moyennes, il est certes derrière Chamberlain, Kobe, LeBron James et autres Jordan ou Allen Iverson... mais devant Larry Bird et Kareem Abdul-Jabbar par exemple, ça vous classe un joueur !

Ailier jouant tout en grâce, il est aussi resté célèbre pour ses lancers-francs tirés à la cuillère. Il détient d'ailleurs le record de réussite sur une saison avec 94% de réussite à Houston. Même Steve Nash et Stephen Curry n'ont pas battu ce record. 

Rick Barry a eu quatre fils, tous basketteurs. Drew n'a joué qu'une soixantaine de match en NBA de 1997 à 2000 entre Atlanta, Seattle et Golden State. Scooter quant à lui, n'a porté le maillot des Celtics qu'à l'entraînement avant de s'exiler en CBA puis en Europe et en Australie, ce qui en fait le seul des cinq Barry a ne pas avoir joué un match officiel dans la grande Ligue. Je laisse à mes collègues le soin de vous présenter Jon et Brent. 

 

 

 

Pas facile de se faire une place dans la famille, quand son père est Hall Famer et que l'on a toute une tripotée de frangins, tous adeptes de la balle orange. Pour ses débuts, Jon choisit le lycée de La Salle High School, juste à côté de chez papa et maman dans la Baie d'Oakland. Le nom de Barry ouvre bien des portes mais son niveau de jeu encore assez faible ne lui permet pas d'intégrer une fac prestigieuse. Il reste donc en Californie et s'engage à la Pacific University qui n'a de prestigieux que le nom. Avec seulement 9.5 points et un piteux 37,2% aux tirs, Jon peine à convaincre. Il est temps de changer d'air, direction Paris... au Texas. Ses stats s'améliorent enfin. La saison suivante, la fac renommée de Georgia Tech daigne lui offrir une place. Ce précieux sésame, Jon va en profiter. Ses 16.0 points, 3.7 rebonds et 3.7 assists aident les Yellow Jackets dans le tournoi final NCAA. L'équipe atteint pour la seconde fois de son Histoire, le Final Four, mais bute sur UNLV. Qu'importe, Jon s'est fait remarquer par les scouts et la NBA lui tend les bras, 27 ans après les premiers pas de son père. Les Celtics le draftent à la 21ème position.

 

Oui mais voilà, les Celtics, Jon ne veut pas en entendre parler. Boston possède déjà trois meneurs (Dee Brown, Sherman Douglas et John Bagley) et le rookie est assuré de cirer le banc et d'agiter les serviettes. Les C's prennent la décision de l'échanger contre l'Egyptien Alaa Abdelnaby des Bucks. A Milwaukee, Jon a certes un peu de temps de jeu (14 minutes) mais la franchise squatte les bas-fonds de la Conférence Est. Barré par Lee Mayberry et Todd Day, il passe trois saisons d'apprentissage dans le Wisconsin avant de rentrer au bercail chez les Warriors, bien décidé à y faire son trou. Le Run TMC est fini dans la Baie mais Jon assiste à l'éclosion d'un certain Latrell Sprewell.

Une fois de plus, il fait ses bagages. Les Hawks, à la recherche d'un combo guard, pour peaufiner leur effectif, le signent. Jon découvre les playoffs et ne les quittera plus jusqu'à la fin de sa carrière. Mais, son rôle est restreint chez les Hawks (4.9 points et 2.0 passes) et il profite de la free agency pour retourner en Californie, chez les Lakers puis chez les Kings.

 

Il tombe dans la grande équipe de Sacramento, celle des Chris Webber, Jason Williams et Peja Stojakovic. Dans un style de jeu hyper-offensif où le showtime est de rigueur, Jon s'éclate, les contre-attaques fusent et il devient une mobylette servant de rampe de lancement pour les Doug Christie, Hedo Turkoglu et consorts. En 2000, avec 20 minutes de temps de jeu, Jon réalise sa plus belle saison : 8.0 points, 2.6 rebonds et 2.4 assists. Ce spot idyllique va prendre fin avec l'avénement sur la scène NBA de Bobby Jackson. Le rookie est talentueux et fait de l'ombre à Jon. Les Kings décident finalement de le transférer à Detroit en échange de Mateen Cleaves.

Nouveau déménagement et surtout nouveau style. Finie l'attaque à outrance et bonjour la défense rugueuse. Les Pistons version Ben Wallace et Chauncey Billups ne font pas dans la dentelle. Pourtant, Jon s'acclimate vite et réalise encore une saison de bonne facture : 9.0 points, 2.9 rebonds et 3.3 passes. Detroit devient ambitieux et après deux saisons dans le Michigan, le contrat de Jon n'est pas reconduit. Il quitte les Pistons l'année de leur titre. Sa chance de bague est passée. Par la suite, il continue sa carrière de journeyman aux Nuggets et aux Rockets et prend sa retraite en 2006, à 36 ans.

A l'image d'un parcours NBA chaotique, sa reconversion comme analyste sur ESPN reste un bide monumental. Il est considéré comme l'un des pires commentateurs de la chaîne accumulant les prédictions bidons et les déclarations tapageuses sur les joueurs.

 

 

 

Brent est le troisième des quatre fils du célèbre Hall of Famer.  
Gosse, il est marqué par l'absence durant de longues années de son paternel... Il joue dans son lycée, en Californie, puis décide d'entamer une carrière universitaire chez les Beavers d'Oregon State en 1990. Il réalise un cursus universitaire complet, prenant la relève d'un certain Gary Payton, ancien pensionnaire de la faculté. 
Avec son physique longiligne, il ne possède pas une élégance marquante... Mais, avec ses 2,01 mètres, il a toutes les qualités nécessaires pour évoluer au plus haut niveau. Joueur complet, capable de tirer derrière l'arc, mener le jeu de son équipe ou pénétrer dans la raquette, il effectue une dernière saison impressionnante sous les couleurs de son université, en compilant plus de 20 points, 3 rebonds et 3 passes par rencontre.


Les scouts sont intrigués par ce blanc au profil frêle mais athlétique. Rares sont les caucasiens à posséder de telles qualités physiques. Drafté en quinzième position par les Nuggets, il est envoyé dans la foulée dans une des pires franchises de la ligue de cette époque : les Clippers de Los Angeles. Il obtient très rapidement sa chance. L'arrière titulaire des Clippers se blesse lors du camp d'entraînement. Son entraîneur de l'époque décide de lui donner sa chance en tant que meneur, lui qui est habitué au poste d'ailier. Le joueur n'a pas le profil habituel du poste 1. Pourtant, avec sa polyvalence, il prouve qu'il est capable de l'occuper au haut niveau. C'est le début d'une carrière de véritable couteau-suisse qui débute pour Brent Barry. Il réalise une première saison des plus honorables. Il termine avec plus de 10 points et près de trois passes par match ainsi qu'avec une sélection dans la All Rookie Second Team, accompagné par les monstres de sa génération comme Rasheed Wallace ou Kevin Garnett


C'est durant cette première saison qu'il réalise l'exploit majuscule de sa carrière. Retenu pour le concours de dunk du All Star Game, il le remporte grâce à un dunk à une main en partant de la ligne des lancer-francs resté dans la légende. Qu'un joueur blanc réussisse une telle performance lors du fameux concours, après Julius Erving ou Michael Jordan, reste une des images les plus marquantes du basket nord-américain. Il remporte le titre devant Michael Finley. L'arrière est applaudi et reconnu par ses pairs, non plus comme étant le fils du légendaire Rick Barry, mais comme le premier blanc (et dernier, Zach LaVine et Blake Griffin étant métisses) vainqueur d'un concours de dunk. Brent est dès lors devenu légendaire malgré son style apathique : cheveux trop longs, short trop court... Anecdote marquante, il a eu la décence de ne jamais enlever sa veste de jogging durant le concours. En effet, dessous était inscrit le message : « White man can jump», en réponse à un film réalisé en 1992 par Ron Shelton, « White man can't jump ». 
Malgré son exploit, sa carrière n'est pas linéaire au sein de la Grande Ligue. Blessé lors de sa saison sophomore, il ne voit que très peu les parquets. Ses statistiques ainsi que son influence chute. Il perd confiance en son tir et ses capacités. Résultat ? Il se voit transféré, contre Isaac Austin, au Miami Heat durant la saison 1997/1998 à cause de statistiques trop moyennes dans l'équipe de Los Angeles (à peine 11 points par match en 32 minutes).


A Miami, sa carrière en prend un nouveau coup. Toujours limité par des problèmes physiques, son profil polyvalent ne plaît pas forcément à son coach. Il foule les parquets qu'une dizaine de minutes par soir pour une influence mineure. Il ne reste en Floride que 17 matchs.
Convoité lors de la free agency 1998, il décide de signer un contrat avec les Bulls. Il touche 27 millions de $ sur six ans. Une nouvelle fois, le joueur, plutôt fragile psychologiquement, n'est pas en confiance avec son shoot, son arme favorite. Cela se ressent sur le terrain. Il ne joue que 37 des 50 matchs de la saison régulière. 
Une seule et puis s'en va, les Bulls décident de le transférer chez les Sonics contre Hersey Hawkins et James Cotton
C'est dans la franchise mythique, avec en leader un ancien d'Oregon State, le meneur de jeu Gary Payton, que Brent Barry va réaliser ses meilleures saisons. Responsabilisé sur les postes d'arrière et ailier, il est utilisé pour son profil de joueur moderne, capable d'être à l'aise sur plusieurs positions. Moins souvent blessé, à nouveau en confiance avec son tir longue-distance, il réalise cinq saisons excellentes avec les Sonics, avec en point d'orgue la saison 2001/2002 qu'il termine avec 14,4 points, 5,4 rebonds et 5,3 passes de moyenne. Durant cette période, il s'affiche comme un véritable chez d'orchestre, avec trois saisons consécutives avec plus de cinq offrandes par rencontre. Il participe également au concours de tirs à 3-points qu'il termine à la troisième place en 2003. Malgré des résultats collectifs mitigés (seulement deux campagnes de playoffs), il est dans la meilleure période de sa carrière. 
Pourtant, il décide de ne pas re-signer là-bas alors que la franchise de Seattle veut le conserver. Il préfère signer pour les San Antonio Spurs, afin d'aller y remporter un titre. 


Sous le joug de Greg Popovich, avec des équipiers comme Tim Duncan, Tony Parker et Manu Ginobili, il pose sa pierre à l'édifice du titre de 2005, au terme d'une guerre de tranchées contre les Detroit Pistons. 
Il devient ainsi le deuxième à former un duo père/fils à remporter un titre NBA après la famille Guokas (Matt Sr et Matt Jr), puis en 2009, les Walton (Bill et Luke). 
En fin de parcours, il est surtout utilisé pour écarter le jeu et planter des tirs primés, tâche qu'il réalise à merveille. Il est également de l'équipe qui remporte le titre de 2007. Moins en vu, malgré quelques cartons, Brent Barry décline doucement après avoir vu filé ses meilleures années, sous le maillot vert des Sonics. Il le reporte durant un jour, en 2008 après un transfert pour récupérer Kurt Thomas, mais il est coupé, puis revient terminer sa saison avec la franchise des Spurs. 
Sa carrière en NBA prend fin, en 2009, avec les Houston Rockets, comme son père Rick et son frère Jon. Il est coupé après un an de bon service avec la franchise.  
Il est aujourd'hui consultant pour NBA TV et reste comme l'un des hommes à tout (bien) faire de la fin des années 1990 et début des années 2000. C'est avant tout un shooteur hors pair, qui totalise plus de 1300 tirs primés (27ème All Time) avec une réussite impressionnante. (40,5%) 
Il réalise une belle et longue carrière NBA terminée de la meilleure des manières avec deux titres. 

 

 

 

Chez les Barry, les goûters devaient être mouvementés avec quatre grands gaillards à table en plus du père. Champion ABA, puis MVP des finales NBA et champion NBA avant de fevenir Hall of Famer, Rick Barry se devait d'insuffler la passion du basket à ses fils. C'est chose faite puisqu'ils ont tous joué à haut niveau. Bien entendu, atteindre le niveau d'un père légendaire n'est pas évident. Si Drew et Scooter  n'ont pas réussi à se faire une place dans la ligue, Brent et Jon n'ont pas été de simples figurants.

 

La médiocrité de Scooter et Drew permet à Jon de ne pas être le vilain petit canard de la famille. Barré par la concurrence partout où il est allé, Jon s'est battu pour mettre sa poignée de points par matchs dans toutes ses équipes. S'il n'a pas eu la chance d'obtenir une bague, il a cumulé une belle collection de maillots. Bucks, Kings, Pistons, Hawks, Rockets, Warriors, Nuggets et Lakers, Jon a joué 821 matchs parmi ces équipes pour des moyennes de 5.7pts, 2.2pds et 1.8rbds. 

 

Brent rehausse le niveau des fils Barry. Il est le seul de la fratrie à décrocher le Graal et il le fait même deux fois avec les Spurs. Ses 9.3pts de moyenne en carrière en 912 matchs en font un scoreur moins anecdotique que Jon. Mais Brent a aussi une belle collection de maillots entre les Sonics, Spurs, Clippers, Rockets, Bulls et le Heat. En tout cas, on se rappellera de lui comme étant le meilleur dunkeur blanc de l'histoire.

 

Vous l'aurez compris, face à la légende Rick Barry, il est difficile d'y avoir match dans cette confrontation. Brent bat pourtant son père sur le plan collectif avec deux titres NBA. Rick est double champion également mais son premier titre date de la défunte ABA. C'est sur le plan individuel que les fistons n'arrivent pas à la cheville de Rick, définitivement l'un des meilleurs attaquants de l'histoire. 

 

Article co-rédigé par Colin Haurat, Sylvain Hermer et David Kalmes

 

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