Rasheed Wallace Vs DeMarcus Cousins
Duel de génération compare une star actuelle avec son alter-ego du passé. Cette semaine, on s'attaque à deux des plus grandes gueules de la NBA, DeMarcus Cousins et Rasheed Wallace.
En ce début de saison, DeMarcus Cousins explose déjà le compteur de fautes techniques. Il y a quelques années, un autre grand gaillard faisait de même ; ce cher Rasheed Wallace. Aujourd'hui, duel de génération confronte les deux grandes gueules, tous les deux pétris de talents et virtuoses du trashtalk.
- Round 1 : Apport Offensif
Sylvain : Un fou génial, un mec impulsif et caractériel mais du talent plein les mains. Voilà comment on peut résumer la carrière de Rasheed Wallace. Cette notoriété commence dès ses années lycée où son potentiel lui permet de participer au McDonald's All-American Game, un match rassemblant le gratin de sa génération. Surpassé par Darnell Robinson, il s'énerve et réussit l'exploit de se faire expulser... Tout un symbole. North Carolina et Dean Smith lui ouvrent les portes de la prestigieuse fac. Le coach devient un mentor pour Wallace et malgré quelques frasques extra-sportives y compris avec les pompom girls adverses, le jeune intérieur se fait remarquer lors de son année sophomore : 16.6 points et 8.2 rebonds. Il est temps pour lui de passer aux choses sérieuses et il se présente à la draft 1995.
Il est choisi en 4ème position par les Bullets où il réalise une première saison encourageante (10.1 points et 4.7 rebonds en 27 minutes). Mais barré dans la raquette par le tandem Chris Webber-Juwan Howard, il est transféré l'année suivante à Portland contre Rod Strickland. Le grand air de l'Oregon lui fait du bien et les stats du Sheed décollent. Titularisé au côté d'Arvydas Sabonis, il permet à Portland d'atteindre la finale de la Conférence Ouest en 1999 et 2000, pour deux défaites contre les Spurs et les Lakers. Suite à ces échecs, le front office étoffe le roster avec des joueurs de talent mais aux caractères bien trempés : Zach Randolph, Bonzi Wells, Ruben Patterson, Damon Stoudamire... L'ère des Jail Blazers peut, alors, commencer. Dans cette cour des miracles où virées nocturnes au poste et bastons à mains nues s'enchaînent, Rasheed est le roi. Il explose tous les records de fautes techniques. Il faut dire que Wallace se démène pour qualifier péniblement les siens en playoffs : leader offensif (plus de 19 points en 2001 et 2002) et au rebond (8 prises de moyenne). Mais, l'expérience sado-maso de Portland s'arrête en 2003, les dirigeants décidant de trouver d'autres foyers d'accueil pour leurs cas soc'.
Après une cure d'une semaine chez les Hawks, le Sheed replonge dans le grand bain à Detroit. L'équipe vient de perdre en Finale de Conférence la saison précédente et cherche le facteur X qui lui permettra de gravir une marche. Entre Rasheed et les Pistons, le courant passe immédiatement. Le style de jeu hyper défensif de Motor City lui sied à ravir. Le tandem formé avec son homonyme, Ben Wallace, devient le plus craint de toute la NBA. Après une lutte âpre contre les Nets et les Pacers à l'Est, Detroit se hisse en Finale et contre toute attente triomphe facilement des Lakers, emmenés par Shaquille O'Neal, Kobe Bryant, Gary Payton et Karl Malone... rien que ça. Re-belote en 2005, où les Pistons arrivent la bave au lèvre face aux Spurs pour le back-to-back. Mais, San Antonio arrache le Game 7 de la série la plus défensive de l'Histoire (les 100 points ne sont atteints qu'à une reprise). Si, Wallace score moins qu'à Portland (13,4 points en moyenne à Detroit), son influence sur le jeu est omniprésente, tant par la parole que par ses coups d'éclat à 3 points. Car, au fil des années, Rasheed s'est forgé un tir de loin. En 2006, il est le Piston qui dégaine le plus derrière l'arc (5,4 tentatives) devant Chauncey Billups ou Rip Hamilton. Mais son heure de gloire dans le Michigan est passée et en 2009, le Sheed signe aux Celtics dans l'espoir d'une dernière bague. Mené par le Big Three, Boston atteint la finale mais s'incline contre les Lakers. Wallace prend, alors, sa retraite avant de revenir pour quelques matchs aux Knicks en 2012.
David : DeMarcus Cousins excelle déjà à l'époque de la High School. Pendant l'année 2009, il s'affiche en participant au tournoi McDonald's, au Nike Hoop Summit et au Jordan Brand Classic. Pour ces trois matchs, le pivot casse la baraque et devient la cible de beaucoup d'universités.
Le caractère de Cousins est déjà difficile à l'époque, il n'écoute que lui ! La preuve avec son recrutement en NCAA. Il promet aux UAB Blazers de les rejoindre mais ceux-ci refusent de lui accorder une clause libératoire si le coach Mike Davis venait à partir. Cela ne fait pas les affaires de DMC qui rejoint alors les Memphis Tigers... avant que le coach John Calipari ne décide de quitter les Tigers. DeMarcus suivra alors l'entraîneur dans le Kentucky pour devenir un Wildcat.
Avec 15pts et 10rbds de moyennes, Iil effectue une très belle saison avec les Wildcats en NCAA aux côtés de John Wall. Kentucky s'incline en 8ème de final mais le meneur est élu joueur de l'année tandis que le pivot est meilleur rookie. Il n'e faudra pas plus pour que Cousins décide de rejoindre la NBA après une seule saison en NCAA.
DeMarcus Cousins débarque alors dans une NBA en manque de bon pivot et s'impose très vite avec ses 2m11 et 120kgs. Sélectionné par les Kings en 5ème pendant que son pote Wall occupe le first pick, DMC est titulaire durant 62 des 81 matchs où il joue cette année. 14pts et 8rbds de moyennes, on a vu bien plus dégueulasse pour un pivot rookie.
Cousins développe encore son jeu par la suite. Il passe à 18pts et 11rbds de moyennes lors de sa saison sophomore, il explose depuis 2013 et en est à sa 4ème saison à plus de 20pts par matchs (26 l'an dernier). Très mobile pour sa taille, il est aussi bon dribbleur et passeur. Ses talents de finisseurs son indéniables, il est également très doué en contre-attaque et en jeu rapide. Pour couronner le tout, DMC a un très bon shoot à mi-distance... et a même développé un tir à 3pts correct !
Résultats : 1-0 pour Cousins. Sur le plan offensif, le King est tout simplement un monstre : 5ème meilleur scoreur de la Ligue en 2015, 4ème en 2016. Boulimique de points, DeMarcus est parti sur les mêmes bases cette saison. Esseulé dans l'effectif de Sacto, son appétit semble sans limite.
- Round 2 : Polyvalence et Leadership
Sylvain : Rasheed Wallace est le genre de poste 4 à tout faire. Rebondeur et passeur plus que correct, il peut tout aussi bien s'imposer au poste bas que shooter beaucoup plus au large. Précurseur des intérieurs capables d'artiller à 3 points, le Sheed peut prendre feu à tout moment pour débloquer un match. En défense, c'est le genre de poison qui intimide l'adversaire. Son trashtalking déstabilise les plus grands et son engagement physique étouffe son vis à vis. Wallace c'est le genre de mec qui met la tête où la plupart ne mettent pas les mains, préférant faire don de son corps plutôt que d'encaisser un panier. Son volume de jeu est tellement impressionnant qu'il ne peut se quantifier par les seules statistiques.
Par son abnégation et son envie de gagner, Rasheed est un leader naturel, le gars qu'il vaut mieux avoir dans son équipe que contre soi. Un guide charismatique qui peut transcender un collectif. Dès son arrivée aux Pistons, le Sheed transforme une bande de sans grades volontaires en champions NBA. Durant trois saisons, Detroit sera la franchise la plus pénible à jouer. Il n'y a qu'à voir Wallace se dandiner au centre des joueurs des Pistons, lors de la présentation des équipes, pour comprendre son rôle de catalyseur du groupe.
David : Ni Rajon Rondo, ni Rudy Gay n'ont pu enlever le rôle de leader de Sacramento à DeMarcus Cousins. Le pivot s'est imposé dès sa première année et confirme qu'il est le Boss de la ville depuis. Niveau polyvalence, Boogie n'a pas vraiment de faiblesse dans son jeu. Bon passeur, adroit avec le ballon, athlète hors-normes, seul ses choix de shoots sont parfois discutables. DMC est un attaquant hors pair.
En défense, Cousins n'est pas aussi efficace. C'est un grand rebondeur et un défenseur plus que correct bien sûr mais il présente plusieurs lacunes. Les fondamentaux défensifs de Cousins n'ont jamais été assimilés et, s'il excelle à défendre sur le pivot adverse, il vient rarement en aide à ses coéquipiers pour une défense collective. De plus, les fautes techniques ne sont pas le seul problème de Cousins qui effectue aussi beaucoup de fautes sur ses adversaires... ce qui les envoie souvent sur la ligne en plus de le mettre en foul trouble.
Résultats : 1-1. Grâce à son impact défensif et son shoot longue distance, le Sheed revient au score. Battant des deux côtés du parquet, le Piston a également une aura communicative sur le reste de l'effectif. DMC ne donne pas sa part au chien en terme de charisme et leadership, sans toutefois faire décoller les Kings jusqu'à présent.
- Round 3 : Distinctions personnelles
Sylvain : Sur le plan individuel, Rasheed ne croule pas forcément sous les récompenses. Un palmarès qui ne représente pas réellement son statut et son empreinte sur la Ligue. Après une sélection dans la NBA All-Rookie Second Team en 1996, il compte quatre étoiles de All Star, deux avec Portland et deux avec Detroit. Le hic c'est que lors de sa dernière sélection en 2008, Sheed doit remplacer à la dernière minute Kevin Garnett blessé. Le Piston a déjà organisé ses vacances. Boudeur, il participe quant même aux réjouissances, mais prend tous ses tirs main gauche.
Sur la plan collectif, son plus beau titre reste sa bague acquise contre l'armada des Lakers en 2004. Oui mais voilà, le Sheed n'aime pas les bijoux. En guise de bagues, il fait faire des répliques de la ceinture de champion catch à tous ses coéquipiers, comme un pied de nez aux normes d'une ligue trop propre depuis sa retraite.
David : En NBA, DeMarcus Cousins a un palmarès encore très pauvre. Une sélection dans la All-Rookie Team et deux au All-Star Game, c'est tout pour l'instant. Mais attention, le N°15 des Kings n'a que 26 ans et devrait ajouter quelques lignes à son tableau de chasse.
Avec Team USA, les choses sont différentes. Boogie fait partie de l'équipe championne du monde en 2014 et de celle médaille d'or des Jeux Olympiques l'été dernier.
Résultats : 2-1 pour le Sheed. Pas photo pour le moment en terme de palmarès. A âge égal, les deux grandes gueules ont autant d'étoiles de All Star, mais en signant à Detroit, Rasheed va écrire un chapitre dans l'Histoire de la Ligue. Un tournant qui pourrait donner des idées à Cousins, si d'aventure il changeait d'air.
- Round 4 : La technique
Sylvain : En début de carrière, Wallace s'impose grâce à un turnaround jumper maîtrisé à la perfection. Dans son période Blazers, le Sheed est un monstre au poste bas. Puis, il travaille par la suite son adresse dans le périmètre pour finir derrière l'arc à son sommet chez les Pistons. Mais son arme favorite, c'est le trashtalking, une langue bien pendue qui fanfaronne à longueur de match. The ball don't lie éructe-t-il lorsque son adversaire rate un lancer après une faute qu'il juge injuste. Une vraie marque de fabrique. A chaque coup de sifflet, Wallace ne peut s'empêcher de tailler le bout de gras avec les arbitres. Une réputation qui lui colle à la peau et qui lui vaut des techniques en pagaille. LE RECORD de l'histoire de la ligue. A son apogée en 2001 à Portland, le Sheed en cumule 41... sur 82 matchs le compte est vite fait. Le patron de la NBA, David Stern livre une guerre personnelle contre la grande gueule et va même créer une règle anti-Wallace qui implique des matchs de suspensions après 15 fautes techniques. Mais, il en faudra plus pour arrêter la verve du Sheed, lequel s'est même permis le luxe de se faire exclure sans même parler au referee.
David : Grand et mobile, Cousins est déjà difficile à défendre en raison de son physique et de ses talents athlétiques. Mais DeMarcus ne se contente pas de ça et a développé un bel arsenal de mouvement en attaque. Bon dunkeur, bon shooteur, il peut aussi placer des hooks et feinter ses défenseurs. Son shoot à mi-distance est très bon et Cousins ne cesse de travailler son tir... de plus en plus loin. Il a tellement bossé le shoot extérieur durant l'été 2015 qu'il a pu marquer 4 tirs à 3pts lors de l'opening game... soit plus que sur ses 167 matchs précédents. L'an dernier, il tentait 3.2 tirs à 3pts par matchs pour une réussite de 33%. Très bon pour un intérieur !
Résultats : 2-2. Avantage DeMarcus sur ce round. A 26 ans, il a déjà étoffé sa palette de moves en attaque et semble décidé à travailler son adresse mi distance. Boogie se sert de son avantage physique mieux que quiconque dans la ligue à l'heure actuelle.
- Round 5 : Impact sur le basket et vie extra-sportive
Sylvain : Malgré toutes ces facéties et ces frasques, la cote de sympathie de Rasheed Wallace est énorme chez les fans. Des joueurs entiers qui vivent leur passion à 200% c'est rare. Mis à part son adversaire du jour et Draymond Green, la ligue est désormais très aseptisée. Le Sheed renvoie à une époque où engagement verbal et physique sont liés. Car, Wallace a ce besoin d'être en guerre contre son vis à vis pour exprimer toute sa classe, une adrénaline nécessaire qui décuple son talent.
Arrogant sur le parquet, Wallace n'en a pas moins un grand cœur en dehors. Très actif pour la communauté, il crée sa propre fondation pour venir en aide aux plus démunis. Récemment, il a même pris sa plume pour tirer la sonnette d'alarme après la Flint Water Crisis de Detroit, l'un des plus gros scandale d'eau contaminée aux USA.
David : S'il est un King depuis ses débuts, DeMarcus Cousins a un vrai mental de Warrior. S'il n'est pas toujours le meilleur défenseur, il y met du sien et sa hargne sent bon les années 90. En 2010-2011 et en 2011-2012, il était le joueur qui faisait le plus de fautes en NBA. A ça, on ajoute ses fautes techniques qui tombent très vite suite à ses coups de colères. Trashtalker dans l'âme, Boogie s'énerve aussi avec les arbitres... au point de se prendre un match de suspension et 20 000$ d'amende en 2014 après s'être pris le bec avec un officiel. Cette même année, il ratait le dernier match après une autre suspension pour avoir pris 16 techniques. Dans ce domaine, il est régulièrement le leader de la ligue !
Cette saison, il commence d'ailleurs très bien avec 25 000$ d'amende pour lancer de protège-dents et déjà 2 fautes techniques en 5 matchs.
DMC est également un bon vivant, comme lorsqu'il trolle les interviews de Seth Curry ou lorsqu'il se déguise en arbitre pour distribuer à son tour des fautes techniques !
Résultats : 3-3 prolongation ! Difficile de départager les deux intérieurs en terme d'impact. Avec un caractère à fleur de peau, limite nervous breakdown, le Sheed et Boogie sont des cocottes-minute prêtes à exploser pour le meilleur ou pour le pire. Pour désigner le vainqueur, puisqu'il s'agit de la grande thématique du jour, départageons-les sur les fautes techniques. A droite, Cousins : 92 techniques (dont 10 expulsions) en 420 matchs, soit 1 technique tous les 4 matchs et demi. A gauche, Wallace : 317 techniques (dont 26 expulsions) en 1109 rencontres, soit 1 technique tous les 3 matchs et demi. Le Sheed l'emporte, donc, aux poings, au terme d'un mano à mano épuisant !
Article rédigé par Sylvain Hermer et David Kalmes
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