Preview : Atlanta, un chantier pas encore achevé

A partir du 19 avril, certaines franchises seront en mission. Les playoffs démarreront et ce sera le début de saison pour de nombreuses équipes. Car si les Bobcats et les Mavs sont heureux de retrouver les phases finales, d’autres franchises attendent ce jour depuis un an avec une seule idée en tête : le titre de champion. En effet, malgré 16 équipes participant aux playoffs et donc potentiellement 16 vainqueurs différents, toutes n’ont pas le même statut. Et nous ne parlons pas de favoris. Mais de concurrents et de prétendants. Le premier décrit une franchise dont l’objectif sera d’aller le plus loin possible dans la compétition, tandis que l’autre représente celles dont un autre résultat que la victoire finale serait synonyme d’échec. Profitant des duels du premier tour des playoffs, la rédaction d’ISB débat de ces statuts et délivre son verdict. Alors, Atlanta… Concurrent ou prétendant ?


Bilan : 38-44

Classement : 8e à l’Est

Joueurs clés : Paul Millsap, Jeff Teague, Kyle Korver, DeMarre Carroll

Chiffres clés : 25,8 tirs à trois points tentés par match (2e de la ligue) pour 36,3 % de réussite (13e), 24,9 passes décisives par match (2e).
 

Antoine Abela : Un peu avant la mi-saison, Atlanta m’a laissé sur le cul ! Bah oui… La franchise était troisième à l’Est avec un bilan bien positif, une salle vide et un effectif très moyen. Je vantais déjà les qualités du coach Mike Budenholzer qui était parvenu à créer une bonne dynamique chez les Hawks. La preuve que son travail est de qualité, même après la blessure de Al Horford, son équipe s’est maintenue dans les huit meilleures équipes de l’Est sans jamais s’effondrer dramatiquement. Car au-delà de l’absence du All-Star, c’est l’ensemble du roster qui a squatté l’infirmerie. Lou Williams a manqué 22 matches, Pero Antic 32, Gustavo Ayon est out après 26 rencontres, sans compter les dizaines de matches sans Paul Millsap et Kyle Korver.

Au final, Atlanta est à la fois 10e meilleure défense et attaque de la NBA sans avoir le moindre réel talent dans son équipe, ni de joueurs clés aux postes d’arrière, ailier et pivot. Il faut dire que DeMarre Carroll joue 32 minutes par rencontre, soit autant que Jeff Teague… Les Hawks sont en playoffs pour prendre du plaisir et tester leurs limites et puis qui sait, pourquoi pas une nouvelle fois embêter le numéro 1 de sa conférence, Indiana, comme ils l’avaient fait en 2007 en prenant trois matches aux Celtics. Voici deux petites stats qui risquent de vous surprendre mais qui montrent la dangerosité d’Atlanta si on la sous-estime : la franchise a effectué le 2e total de passes décisives de la NBA et se classe également 2e au nombre de trois points tentés, 5e au nombre d’inscrits.

Robin Foucault : En foulant le parquet de la Bankers Life Fieldhouse ce soir, à l’occasion de leur première confrontation face à Indiana, les Hawks fêteront leur septième participation consécutive aux phases finales. L’an dernier, Atlanta était déjà tombé sur les troupes de Frank Vogel au premier tour, avec une élimination à la clé (2-4). Mais peu importe le parcours que réaliseront les partenaires de Paul Millsap en playoffs, leur saison est déjà une réussite si l’on se fie aux propos de Danny Ferry, general manager de la franchise :

« Nous avons fait une bonne saison. Nous avions même une très bonne équipe quand nous étions au complet. J’aime nos joueurs et j’aime notre système. »

En effet, Atlanta a terminé la saison régulière devant des équipes comme New York ou encore Detroit, bien plus attractives sur le papier. Mais ce sont bel et bien les Hawks qui sont parvenus à décrocher l’ultime spot qualificatif pour la postseason, au détriment des Knicks, des Pistons et autres Cavaliers. La performance est d’autant plus singulière lorsque nous prenons en considération les pépins physiques qu’ont dû affronter Mike Budenholzer et l’ensemble de son staff : Horford, Ayon, Antic, Williams, Korver, Millsap… A eux tous, ces six joueurs ont manqué l’équivalent de plus de deux saisons entières. Les deux premiers manqueront également l’intégralité des phases finales, ce qui handicape sérieusement le secteur intérieur des Hawks.

Cette année, Atlanta pratique un jeu très attractif et tourné vers l’offensive. En se basant sur une circulation de balle importante, un grand nombre de passes décisives ainsi qu’une multitude de tirs extérieurs tentés pour un pourcentage de réussite honnête, les joueurs de Budenholzer sont parvenus à rendre leur saison un peu plus intéressante que les spécialistes ne le pensaient. Et ce sans la moindre superstar au sein de l’effectif. La particularité des Hawks réside dans le fait que chaque joueur du cinq de départ aura su tirer son épingle du jeu cette année. De par son agressivité constante et son adresse longue distance parfois insolente, Jeff Teague a littéralement explosé. Les extérieurs Kyle Korver et DeMarre Carroll auront accompli un travail sérieux. Tandis que le premier apporte offensivement (au moins un panier à 3 points inscrit sur 128 matches d’affilée), le second sait se sacrifier quand il le faut pour défendre sur les menaces adverses, à l’instar d’un Kawhi Leonard à San Antonio. Dans la raquette, Pero Antic et surtout Millsap compensent avec un certain brio les absences de leurs coéquipiers. Le rookie Macédonien est susceptible d’écarter le jeu et de causer des soucis aux défenses adverses pendant que le néo All-Star réalise sa meilleure saison au plus haut niveau. Sur le banc de touche, les solutions sont très limitées avec le seul Lou Williams comme véritable danger offensif. Pour le moment donc, les Hawks sont probablement le petit poucet de cette campagne de playoffs. Mais à terme, le travail de Ferry devrait porter ses fruits :

Vu la qualité de notre effectif et l’espace dont nous disposons sous le salary cap, nous avons de quoi poursuivre notre ascension.

Car participer aux phases finales le temps d’une série, voire deux, puis effectuer un parcours similaire comme c’est le cas depuis 2008 n’intéresse plus les dirigeants d’Atlanta. A ce sujet, la reconstruction est en marche depuis déjà deux ans. A son arrivée, Ferry s’est séparé des contrats handicapants de Joe Johnson et de Marvin Williams, avant d’en faire de même l’été dernier avec Josh Smith ou encore Zaza Pachulia. En contrepartie, il aura entre autres récupéré Millsap, Korver et Williams, ainsi que quelques tours de draft. Mais la principale valeur ajoutée des Hawks sur ces dernières années, c’est véritablement coach Budenholzer. Avec un homme ayant côtoyé Gregg Popovich durant dix-huit saisons à San Antonio, les dirigeants peuvent espérer un net regain d’intérêt des fans pour la franchise dès le prochain exercice.

Robin Foucault (rejoint par Antoine) :  Une telle comparaison peut paraître osée, mais elle n’est pas totalement erronée. Tout d’abord, les Hawks ont embauché Danny Ferry à l’intersaison 2012, ancien vice-président des opérations sportives à San Antonio. L’été dernier, c’est Mike Budenholzer, ancien assistant de Popovich sur le banc des Spurs, qui a rejoint le navire géorgien. En l’espace de deux ans, le travail effectué par ces deux hommes force le respect. Exit les gros contrats et les noms ronflants type Joe Johnson, Josh Smith ou encore Marvin Williams. Les dirigeants souhaitent reconstruire sur le modèle texan afin de tutoyer les sommets au sein d’un petit marché qui n’aura jamais su attirer de superstar. Pas même Dwight Howard, pourtant originaire de la ville d’Atlanta.

Sur un plan purement sportif, les similitudes avec le jeu pratiqué par la bande à Tim Duncan sont multiples. Cette année, Atlanta est avec San Antonio l’équipe qui s’appuie sur la meilleure circulation de balle de la ligue, avec près de 25 passes décisives enregistrées par match, soit le deuxième meilleur total en NBA, derrière… les Spurs. De plus, les Hawks prennent énormément d’initiatives derrière l’arc, avec quasiment 26 tirs primés tentés par rencontre. L’absence de véritable star au sein de l’effectif géré par Budenholzer n’est également pas sans rappeler le roster de San Antonio, qui a formé de bout en bout les joueurs que sont aujourd’hui Duncan, Tony Parker ou encore Manu Ginobili. Actuellement, le banc de touche d’Atlanta ne peut en aucun cas rivaliser avec celui des Spurs. Mais avec un noyau solide de bons éléments ainsi que beaucoup d’espace disponible sous le salary cap, nul doute que l’objectif premier du front office lors de la prochaine intersaison sera de créer une seconde unité à la hauteur de leurs ambitions.

 

Article rédigé par Robin Foucault et Antoine Abela