Phoenix Suns 2023-2024 : Une ultime révolution pour faire mieux que 2021 ?
Après une saison frustrante et une intersaison des plus sexy et actives, les Phoenix Suns entament l’exercice 2023-2024 avec un appétit féroce et des armes aiguisées. De nouveaux coach et proprio avec une super team, la recette du bonheur dans l’Arizona ?
- Saison 2022 - 2023
On avait quitté les Suns hagards, méconnaissables même à la fin du Game 6 au deuxième tour des playoffs face à Denver en mai dernier. Des attitudes discutables et une impression de profonde lassitude, comme si ce groupe, poussé par Monty Williams depuis 2019, était arrivé au bout de son histoire. Pourtant, en remontant 7 mois dans le passé, l’Arizona devait bel et bien rayonner dans les hautes sphères de la balle orange, avec un groupe revanchard de s’être fait rouler dessus par les Mavericks en 2022. Et malgré la mise au frigo de Jae Crowder et l’humeur discutable de DeAndre Ayton, les Suns débutent la saison de la meilleure façon. Devin Booker s’éclate, ses coéquipiers le suivent et le soleil rayonne tout en haut de la Conférence Ouest. Oui mais voilà, depuis de nombreuses années, il y a toujours de l’ombre qui arrive sur les cactus de l’Arizona. Et cette ombre sera celle des blessures. C’est Cam Johnson qui va ouvrir les portes de l’infirmerie, avant d’offrir des pass privilèges à Chris Paul et même Devin Booker alors que Noël approche. Les résultats sont bien évidemment impactés dans une ligue toujours plus féroce, où la moindre défaite peut faire perdre plusieurs places au classement. Arrive alors 2023 et un changement salutaire en coulisses : Bye bye Robert Sarver et ses casseroles, place à Mat Ishbia et sa vision très humaine de la situation. La trade deadline en approche, ce dernier veut frapper fort. Kevin Durant, déjà pressenti du côté de Phoenix l’an passé, débarque bel et bien sous le maillot violet. Première étape de la révolution instaurée par Ishbia, qui tarde à montrer son efficacité à cause… des blessures, encore. KD ne dispute qu’un tiers des matchs dans la dernière partie de la saison mais l’équipe gagne quand il est là et l’entente avec D-Book est très encourageante. Mais les assets laissés par le front-office aux Nets, Mikal Bridges, Cam Johnson (et des tours de drafts), ont déséquilibré l’équipe au point de limiter drastiquement les options de Monty Williams. Si l’on ajoute à ça la blessure de Chris Paul, comme d’habitude, lors des matchs les plus chauds des playoffs, le comportement de DeAndre Ayton à la limite du supportable et une opposition face aux futurs champions NBA, le miracle ne suffirait même pas à faire pencher la balance.
Les Suns concluent ainsi cette saison 2022 - 2023 avec une énième déception mais surtout des perspectives nouvelles et une révolution à compléter pour repartir sur des bases solides.
- Mouvements de l’intersaison
Arrivées : Bradley Beal (Wizards), Frank Vogel, Jusuf Nurkic, Grayson Allen, Nassir Little, Bol Bol, Keita Bates-Diop, Drew Eubanks, Chimezie Metu, Yuta Watanabe, Eric Gordon
Prolongations : Damion Lee, Josh Okogie
Départs : Chris Paul, Cameron Payne, Torrey Craig, DeAndre Ayton
- L’effectif
Meneurs : Jordan Goodwin, le laveur de carreau, la mascotte
Arrières : Bradley Beal, Devin Booker, Yuta Watanabe, Grayson Allen, Eric Gordon, Josh Okogie, Keon Johnson, Damion Lee
Ailiers : Nassir Little, Keita Bates-Diop, Yuta Watanabe, Ishmail Wainwright
Ailiers-forts : Kevin Durant, Bol Bol
Pivots : Jusuf Nurkic, Drew Eubanks, Chimizie Metu
- Le cinq majeur
PG : Bradley Beal - SG : Devin Booker - SF : Josh Okogie - PF : Kevin Durant - C : Jusuf Turkic
Cet été, la mission du front-office des Suns était claire : renforcer l’effectif autour de ses deux stars. L’idée était donc de densifier au maximum le banc. Mais voilà les opportunités peuvent aller très vite en NBA et le mercure s’est envolé un soir de juin quand le Woj a balancé une bombe monumentale : Bradley Beal débarque dans l’Arizona. On se projette alors calmement vers une quatuor Beal-Booker-Durant-Ayton ultra vendeur sur le papier. Mais les dirigeants voulaient faire table rase du passé et avec quatre très gros contrats dans la besace, l’opportunité d’envoyer Ayton loin des cactus était trop tentante. Direction donc l’Oregon pour l’ancien n°1 de Draft quand Jusuf Nurkic fait le chemin inverse avec Grayson Allen, Nassir Little et Keon Johnson dans ses valises. On se retrouve avec quatre joueurs qui se retrouveront à coup sûr sur le plancher au moment de l’entre-deux initial. Et c’est là que les ajouts de la Free agency peuvent apporter différentes options à Frank Vogel et son staff. Les trois superstars se partageront très certainement les remontées de balle et la mise en place tactique sur le terrain, Nurkic servira de parfait point d’ancrage dans la peinture et sur les écrans quand le 5ème élément aura lui à charge de donner de l’espace au jeu de transition, cher à Vogel avec cet effectif, et amener une certaine dureté défensive pour favoriser le jeu rapide. Josh Okogie semble le meilleur compromis pour cela, d’autant qu’il connaît la maison et qu’il briguait déjà ce poste la saison passée.
- Le banc
C’était la grande interrogation estivale pour Phoenix. Que faire pour seconder la terrible armada du starting five ? La Free agency n’a duré que quelques minutes pour Mat Ishbia et ses collaborateurs, mais ils sont réussi à densifier tous les postes, avec certes un petit déficit d’expérience et de dureté pour viser le titre mais avec des profils tout de même intéressants et incisifs. Le seul point d’interrogation demeure à la mène. Jordan Goodwin, seul réel meneur de l’effectif, arrivé dans le porte-bagage de Bradley Beal en provenance de Washington, aura une certaine pression avant qu’un autre profil n’arrive, un vétéran par exemple, qui manque cruellement sur ce banc malgré la présence d’Eric Gordon. Il y aura toutefois dans cette second unit une audace, un énorme sentiment de devoir faire ses preuves et une faim insatiable d’apporter à un très sérieux contender.
- Le joueur à suivre : Bradley Beal
Avec les quelques matchs où Devin Booker et Kevin Durant ont évolué ensemble, il fait peu de doutes que l’alchimie prendra entre les deux. Mais quid du dernier membre du trident ? Bradley Beal, un joueur très dominant mais qui n’a jamais connu autre chose que le marasme des Wizards en NBA. Son talent, son caractère et sa force en font sans nul doute un joueur à part mais il faudra qu’il prouve qu’il peut partager les responsabilités et s’adapter aux autres. Il devrait partager la mène avec Devin Booker et favoriser le jeu rapide, comme le souhaite Frank Vogel. Cela ne devrait pas lui poser trop de soucis mais la prudence reste de mise d’autant qu’il a été fragilisé par des blessures. Le n°3 de la Draft 2012 n’a pas réalisé une saison complète depuis 4 ans en ne jouant que 90 matchs sur les deux dernières saisons.
- Les plus
- Mat Ishbia. Les Suns étaient entre deux eaux avant son arrivée. Depuis le début d’année 2023, de grosses décisions ont été prises. Les effets commenceront à se voir cette saison, il sera alors temps de juger du rôle de Mat Ishbia. Un point non négligeable jouant en sa faveur, il implique plus que jamais les habitants de Phoenix en proposant tous les matchs des Suns et des Mercury (WNBA) qui ne seront pas en antenne nationale, gratuitement sur une chaine locale. Une décision qui pourrait avoir un impact global sur l’image de la franchise.
- Un trio monumental. À l’heure où les superteams et les one-shot pour remporter le Graal n’ont plus trop la côte, les Suns regroupent trois grosses superstars. Le trio Beal-Booker-Durant fait très peur sur le papier, l’intelligence de chacun et le fait que Booker et KD aient déjà joué ensemble vont faciliter les choses. La seule réelle crainte résidera autour des blessures.
- Table rase, environnement sain ? Le renouveau des Suns était nécessaire pour partir dans une direction claire. Nouveau proprio, nouveau coach, nouveaux joueurs. Même si la vision n’est pas à long terme, tous les voyants sont au vert que cette saison soit annonciatrice de belles choses, loin des polémiques et autres histoires hors-basket qui pourraient gâcher la vie de vestiaire.
- Les moins
- Pas de meneurs de métier. On l’a vu lors de la blessure de Chris Paul, un joueur capable de cadrer le rythme du match et de distribuer dans les moments les plus chauds est indispensable pour gravir toutes les marches jusqu’au Larry O’Brien. Avec le départ de Chris Paul, aucun joueur ne semble en mesure d’assumer ce rôle. Le talent des superstars sera-t-il suffisant ?
- Les blessures et les compensations. Attention à ne pas tomber dans l’engrenage de la saison dernière. Du fait de blessures trop fréquentes, les joueurs valides ont dû tirer sur la corde et sont donc arrivés fragilisés pour les matchs qui comptent. La préparation sera primordiale.
- Les Suns en retard ? La Conférence Ouest, comme à l’Est, est hyper concurrentielle. Les Nuggets semblent encore une fois intouchables alors que les Grizzlies (à voir avec le dossier Ja Morant), les Kings et les deux franchises de Los Angeles, ont trouvé une ossature depuis plusieurs saisons assez solide. Les Suns, avec ce nouveau virage à 90°, accuseront peut-être un retard à l’allumage face à leurs concurrents.
- Bilan prévisionnel
Top 4 l’an dernier avec 45 victoires. Les Suns ne devraient pas faire moins bien avec leur effectif. Les fans sont d’ailleurs en droit de réclamer une lutte acharnée pour le trône de l’Ouest avec leur ennemi serbe des Rocheuses. Une place entre 2 et 4 et une cinquantaine de victoires attendent donc les joueurs de Frank Vogel. Le jeu sera concentré sur la transition, la rapidité et l’impact physique, le spectacle ne devrait pas donc manqué dans l’Arizona. S’il ne fait que peu de doute que l’efficacité du trio Booker-Beal-Durant, le renforcement notable du banc pose tout de même quelques questions. L’absence de meneur expérimenté dans l’effectif devrait contraindre Vogel et son staff à certaines phases de jeu que les adverses auront moins de difficultés à contrer, surtout lors des rotations. Mais dans l’ensemble, la présence de trois joueurs de cette envergure apportera une excitation pas vue depuis longtemps à Phoenix, peut-être encore plus intense que lors de l’épopée entre 2020, débutée dans la Bulle et 2021, après l’échec en Finales NBA.