Phoenix Suns 2020-2021 : Ouvrir les portes du paradis, 10 ans plus tard
Véritable révélation de la Bulle d’Orlando en Août dernier (8-0), les Suns sont restés actifs lors de l’intersaison pour introduire le All-Star Chris Paul dans une équipe déjà très compétitive. Alors ces Suns sont-ils enfin de taille pour enfin retrouver les playoffs ?
- LA SAISON 2019/2020
En cet Automne 2020 nous pouvons l’affirmer sans trembler : Les Phoenix Suns sont de retour sur le devant de la scène ! Un nouveau statut pour cette ‘’équipe de la lose’’ de la décennie 2010, qui a pointé le bout de son nez lors de cette saison 2019/2020. Contrairement aux mauvaises habitudes du passé, aucune ‘’révolution’’ n’a été entamée dans un effectif qui n’avait pourtant remporté que 19 matchs lors de la saison précédente. Au lieu de ça, on s’est appuyé sur les éléments forts à Phoenix en remplaçant leurs lieutenants risibles par des hommes de devoir. Dans ce sens, Ricky Rubio, Dario Saric et Aron Baynes ont fait un bien fou à ce groupe qui était désespérément en manque d’expérience. Une liste à laquelle on pourrait presque ajouter le nom de Cam Johnson, tant le rookie issu de North Carolina a joué comme un vétéran, conséquence de son cursus universitaire complet et de son âge (23 ans), inhabituel pour un rookie dans la lottery. Ainsi, Rubio a fludifié l’attaque et libéré le potentiel off-ball de Devin Booker et Deandre Ayton, là où Saric et Baynes, sans être géniaux, ont apporté une assurance offensive et défensive essentielle à l’intérieur.
Après un Hiver en dents de scie, et une saison étrange perturbée par la longue absence initiale de Deandre Ayton (suspendu 25 matchs puis blessé à la cheville), l’arrêt net de la saison en Mars a stoppé les derniers espoirs des Valley Boyz en retard dans la course aux playoffs. Pourtant quelques mois plus tard, ce sont bien eux qui ont mis le feu à la bulle d’Orlando ! Invités surprise, ces Suns ont déjoué tous les pronostics en relevant leur défi de l’impossible : Rester invaincus et prier pour des résultats favorables. La première part du contrat a été un franc succès, là où l’autre condition sinéquanone s’est cruellement défilée lors d’un buzzer-beater manqué de Caris LeVert. Qu’à cela ne tienne, l’essentiel était ailleurs. Lors de ces 8 matchs, les Suns ont prouvé à la terre entière qu’ils étaient capable de renverser des montagnes, emmenés par une jeune génération brillante des deux côtés du terrain. Devin Booker est un guide fantastique, comme son buzzer-beater iconique sur les Clippers en a témoigné, mais il est accompagné par de jeunes lieutenants de très grand calibre. Des joueurs comme Mikal Bridges, Deandre Ayton ou encore Cam Johnson qui ont tout compris à la NBA moderne des deux côtés du terrain.
- LES MOUVEMENTS DE L’INTERSAISON
Arrivées : Chris Paul, Jae Crowder, Abdel Nader, Jalen Smith (rookie), Ty-Shon Alexander (rookie), Langston Galloway, Damian Jones, E’Twaun Moore, Johnathan Motley
Départs : Ricky Rubio, Kelly Oubre Jr, Aron Baynes, Frank Kaminsky, Elie Okobo, Ty Jerome, Jalen Lecque, Cheick Dilalo
- L’EFFECTIF
Meneurs : Chris Paul, Cameron Payne, Langston Galloway
Arrières : Devin Booker, Jevon Carter, E’Twaun Moore, Ty-Shon Alexander (two-way contract)
Ailiers : Mikal Bridges, Jae Crowder, Abdel Nader
Ailiers-Forts : Dario Saric, Cameron Johnson, Johnathan Motley
Pivots : DeAndre Ayton, Jalen Smith, Damian Jones
- LE CINQ MAJEUR
PG : Chris Paul, SG : Devin Booker, SF : Mikal Bridges, PF : Jae Crowder, C : DeAndre Ayton
Le plus beau 5 majeur que Phoenix n’a jamais connu depuis plus de 10 ans, tout simplement, ça vous va ? Chez les Suns, on expérimente cette saison une confiance qu’on pensait perdue à tout jamais dans le désert de l’Arizona. L’effectif est armé en qualité et en quantité, le 5 majeur fait rêver, de jeunes stars en devenir sont alliés à l’élite des vétérans. Le backcourt symbolise bien ce rêve éveillé. Pour la première fois depuis l’époque Steve Nash / Amar’e Stoudemire, les Suns vont aligner sur cette ligne arrière deux All-Stars avec Chris Paul et Devin Booker. Au-delà de ce simple titre honorifique, c’est tous les espoirs d’une franchise qui repose sur leurs épaules. Dans les médias, les Suns ont très clairement exprimé qu’ils étaient les deux leaders attitrés, bien que Booker reste le franchise player dans l’esprit de tous. Chris Paul va organiser le jeu aussi bien que Rubio, en améliorant cet apport par son scoring toujours aussi léthal et son expérience inimitable. Tel le ying et le yang, leur association semble on ne peut plus complémentaire et les élève parmi les meilleurs backcourt de la NBA. Devin Booker sera lui attendu toujours plus fort, et pourrait bien viser le cap des 30 points par match cette saison.
Le frontcourt n’en est pas moins à son avantage. S’il ne possède pas de All-Star, il est composé de deux joueurs voués à le devenir sur le long terme. Deandre Ayton et Mikal Bridges ont le futur de la franchise entre leurs mains. Parfois frustrant, parfois génial, le pivot bahaméen entre dans sa troisième saison comme (déjà) l’un des meilleurs pivots NBA. Auteur d’un dernier exercice à 20 points et 12 rebonds de moyenne, il a su contribuer avec régularité à l’attaque des Suns et ce, même malgré ses trous d’airs encore trop présents. Désormais accompagné de Chris Paul, il devrait grandement bénéficier du mentorat exercé par le meneur de 35 ans. Le bien nommé CP3 a rendu meilleurs tous les pivots qu’il a cotoyé durant sa carrière (Tyson Chandler, Deandre Jordan, Clint Capela). En la personne d’Ayton, Chris Paul n’a jamais eu la chance d’évoluer avec un pivot au potentiel aussi immense. Le bahaméen a donc toutes les cartes en mains pour exploser cette saison. S’il trouve de la régularité dans sa domination offensive et défensive des arceaux, les Suns pourraient bien tutoyer les sommets à l’Ouest.
Lui, il n’a besoin que de lever le bras pour toucher le sommet de l’ex-Talking Stick Resort Arena de Phoenix. Avec le départ de Kelly Oubre Jr, Mikal Bridges devrait assez facilement régner en maître comme le chouchou des fans si ce n’était pas déjà le cas. Cette pieuvre humaine a déjà verrouillé tous les meilleurs joueurs NBA sur les ailes et le backcourt la saison passée, et il n’était que sophomore ! Il entre désormais dans sa troisième saison, celle de la maturité où son génie défensif devra être accompagné de régularité offensive, parmi les flashs d’excellente création pour lui-même balle en main qu’il a montré dans la bulle. Le potentiel des Suns pourrait aussi exploser avec un grand Bridges. Enfin sur le poste 4, l’incertitude règne. Cam Johnson, Dario Saric et Jae Crowder semblent tous les trois candidats à cette place dans le 5 majeur. Il n’y a pas de mauvais choix pour Monty Williams. On a appris que Jae Crowder avait refusé un meilleur salaire à Dallas pour signer à Phoenix, peut-être qu’une garantie sur son temps de jeu a fait pencher la balance. Mais tout est possible entre les trois hommes.
- LE BANC
C’est l’autre grande satisfaction de l’intersaison. Avec peu de salary cap disponible, James Jones a réussi à construire un banc très cohérent. Sur les extérieurs, Cameron Payne aura à cœur de prouver que ses exploits dans la bulle (11 points par match, 61% au tir réel !) n’étaient pas sans lendemain. Il sera accompagné du bulldog Jevon Carter tout aussi brillant à Orlando, et du vétéran E’Twaun Moore qui devrait devenir un back-up naturel solide pour Booker. Sur les ailes, la présence de Jae Crowder, Cam Johnson, Dario Saric et Abdel Nader assure quoi qu’il arrive une rotation toujours plus solide remplie de soldats qui feront (au minimum) le café défensivement. Enfin à l’intérieur, une certaine concurrence est à prévoir. L’intriguant rookie Jalen Smith est attendu comme un intérieur polyvalent autant capable de joueur en stretch four qu’en pivot dans une séquence small-ball. Derrière lui, l’éboueur Damian Jones devrait gratter quelques minutes pour prouver qu’il peut faire mieux dans ce rôle que Cheick Diallo, décevant la saison dernière.
- LE JOUEUR à SUIVRE : CAM JOHNSON
‘’Cam ?! Eleven ?! Wooow !’’. C’était la punchline de Coby White le soir de la Draft 2019, tant son coéquipier de North Carolina n’était pas attendu en choix 11. Pourtant, il a passé la saison passée à donner raison à James Jones d’avoir tenté ce pari très osé. Plus encore, il a été l’une des sensations de la bulle d’Orlando à Phoenix. En l’absence de Kelly Oubre Jr, il a trouvé sa place dans le 5 majeur pour exploiter brillamment l’opportunité offerte. Il a non seulement prouvé qu’il était un sniper parmi l’élite de la NBA, mais également un défenseur très intelligent on-ball comme off-ball. Enfin, ses qualités athlétiques mésestimées se sont révélées aux yeux de tous, faisant de lui un calvaire à défendre pour n’importe quel secteur intérieur, finissant à plus de 13 points par match dans la bulle. Ailier-fort des temps modernes, il sera lui aussi un élément déterminant de la réussite des Suns cette saison.
- LES PLUS
- Deux All-Stars ! Deux ! Alors oui on sait, on force avec ça. Mais c’est une donnée tellement importante à avoir en tête. Phoenix ne possède pas seulement l’un des meilleurs backcourt de la ligue, elle possède le plus propre sans contestation possible. C’est le seul duo d’arrières qui était au-dessus des 60% au tir réel, tout en marquant au minimum plus de 15 points par match tout simplement.
- Une équipe de snipers. Le potentiel des Suns derrière la ligne à trois points a rarement été aussi effrayant. Dans cet effectif, 13 joueurs étaient à plus de 35% à trois points la saison passée. 7 d’entre eux ont tutoyé les 40% et plus. Quiconque laissera à Phoenix trop d’espace pour bombarder derrière l’arc cette saison en payera le prix fort.
- Devin Booker. Il est un point fort à lui tout seul. Devenu All-Star la saison passée, il a progressé dans toutes les statistiqes d’efficacité au tir. Il sait s’effacer sans perdre son impact au scoring. Il s’est élevé parmi les 3 meilleurs arrières de la ligue, et c’est à lui de prouver qu’il est un vrai leader né, maintenant qu’il n’a jamais été aussi bien entouré.
- LES MOINS
- Toujours des lacunes aux rebonds. Malgré une très bonne intersaison, James Jones n’a pas vraiment répondu à la problématique des rebonds qu’a connu Phoenix la saison passée. Le rookie Jalen Smith n’est pas vraiment un expert dans ce domaine, et Damian Jones n’est sans-doute pas la solution idéale non plus. Deandre Ayton va devoir s’élever parmi les meilleurs rebondeurs de la ligue, et obtenir un peu plus d’aide.
- Problèmes de riches. Monty Williams va cette saison devoir satisfaire tout le monde. Chris Paul aura également cette responsabilité, celle que chacun se sente bien à sa place. Devin Booker est le leader, mais ses compères Ayton, Bridges et Paul lui-même vont demander un minimum de ballons dans les mains. Il y a un nouvel équilibre à trouver.
- Un feu de paille estival ? Et si ce qu’on avait aperçu dans la bulle n’était qu’une envolée éphémère. Les Suns vont devoir prouver que le 8-0 obtenu en Août dernier leur a permis de construire un succès sur le long terme. Que les belles promesses affichées par ce groupe ne vont pas s’estomper face à la routine de la saison régulière, sans la mission de rester invaincu à tout prix pour survivre.
- L’AVIS DE LA REDACTION
On respire (beaucoup) mieux à Phoenix ! Une bulle prometteuse et une intersaison agressive sont venues rallumer une flamme éteinte depuis trop longtemps. Ce groupe emmené par l’insolence de Devin Booker et l’expérience de Chris Paul a tout pour viser haut, très haut cette saison. Rien ne sera simple dans la jungle de la conférence Ouest mais ce cocktail explosif de talent, d’expérience, de défense et de profondeur de banc devrait permettre à Phoenix d’atteindre le Graal. L’objectif est clair, net et précis : On veut retrouver les playoffs coûte que coûte ! Oublier les frustrations passées pour construire un futur où tous les rêves seront permis derrière cette jeune génération aux mains d’argent.
- bilan prévisionnel
La rédaction d’Inside Basket voit Phoenix (enfin) obtenir son billet pour les playoffs cette saison. Une fois que ce premier objectif sera atteint, il faudra surveiller de près la bande à Booker, qui a prouvé lors de l’été dernier qu’elle n’était jamais aussi solide que dos au mur face à des défis impossibles en apparence. Inside Basket attribue aux Suns un bilan de 44 victoires et 28 défaites, et la sixième place de la Conférence Ouest.